08 avril Sainte Julie BILLIART

Julie billiart 45 01Religieuse, Fondatrice; 1751-1815

 UN PEU D'HISTOIRE
SAINTE JULIE BILLIART (fondatrice)
et FRANCOISE BLIN de BOURDON (cofondatrice des Sœurs  de Notre-Dame de NAMUR)

Marie-Rose, Julie Billiart naquit le 12 juillet 1751 à Cuvilly, petit village de Picardie  (actuellement département de l'Oise). Elle fut baptisée le jour même dans l'église paroissiale Saint-Éloi. Les parents de Julie tenaient un petit commerce d’épicerie, lingerie et dentelles dont le produit, joint à celui d'une parcelle de terre, leur permettait de vivre dans une modeste aisance. Ils eurent neuf enfants dont quatre moururent en bas âge et deux à l’adolescence ; Julie, la septième, grandit entre Marie-Madeleine, plus âgée de sept ans et Louis, né trois ans après elle. Elle avait une douzaine d’années lors du décès de Marie-Louise et Jean-Baptiste.

Tout enfant, elle aimait déjà prier et se retirait dans sa chambrette pour parler à Dieu. Douée d'un esprit vif, elle apprit rapidement à lire et à écrire à l'école du village dirigée par son oncle, Thibaut Guilbert. L'étude du catéchisme surtout la ravissait et, dès l'âge de huit ans, elle se faisait répétitrice de ses compagnons, leur commentant naïvement le texte avec une merveilleuse intelligence ; elle préludait ainsi à sa future mission de catéchiste. Ce sera la grande œuvre de sa vie et le principal but donné à la congrégation qu'elle fondera plus tard.

Le 4 juin 1764, Julie, âgée de treize ans, fut confirmée par l'évêque de Beauvais et, dès l'âge de quatorze ans, désireuse de se donner tout entière à Dieu, elle fit, avec l'approbation de M. Dangicourt, le vœu de chasteté perpétuelle. À l'âge de vingt ans, elle obtiendra la faveur de la communion quotidienne, fait très rare à cette époque encore fort teintée de jansénisme.

Elle avait seize ans lorsque des revers de fortune réduisirent sa famille à une gêne extrême, revers causés par des calomnies qui éloignèrent la clientèle et par un vol de la presque totalité des marchandises.

Julie, dont la sœur était presque aveugle et le jeune frère, boiteux, était seule capable de venir en aide à ses parents en louant ses services chez les fermiers des environs. Aux heures de pause, elle parlait de Dieu à ses compagnons et leur apprenait des cantiques.

Un soir d'hiver de 1774, Julie conversait avec son père, quand une grosse pierre fut lancée à travers la vitre et un coup de feu se fit entendre. Ni Julie ni son père ne furent atteints, mais cet attentat causa à la jeune fille une frayeur extrême ; dans cet organisme surmené par le travail, ce fut la cause d'une grave maladie qu’elle supporta sans une plainte.

M. Dangicourt, impressionné par tant de vertu, parla de sa jeune paroissienne à son évêque, Mgr de la Rochefoucauld. Celui-ci l’interrogea à Beauvais en présence de plusieurs prêtres. À la suite de cette entrevue, l'évêque déclara: «Cette personne me paraît vraiment inspirée de Dieu et je ne serais pas étonné qu'un jour on parlât d'elle».

En 1782 survint une épidémie que les médecins peu clairvoyants de l'époque croyaient guérir par une saignée aux pieds. Le chirurgien du village soumit Julie à d'abondantes saignées qui, peu à peu, lui enlevèrent l’usage des deux jambes ; elle dut s'étendre sur un lit qu'elle ne quitta plus pendant vingt-deux ans.

Julie, toujours soumise et sereine, accepta cette situation qui lui permettait de s'adonner à l'oraison quatre à cinq heures par jour. Le père Sellier, sj écrira plus tard : «Ce qui m'a le plus frappé dans la Mère Julie, c'est un don d'oraison tout à fait extraordinaire et je crois qu'elle était parvenue à un très haut degré de contemplation». Clouée sur son lit par la paralysie, elle continuait son œuvre de catéchiste, préparant les enfants à la première communion. Des châtelaines des environs, notamment la comtesse Baudoin, aimaient aussi à se rendre à son chevet. Pour subvenir à ses besoins, elle confectionnait du linge d'église et de la dentelle.

Quand éclata la révolution de 1789, M. Dangicourt fut bientôt contraint à se cacher, ayant refusé le serment de fidélité à la constitution civile du clergé. Recherché, il dut fuir et se réfugia à Paris.

Julie souffrait d’être privée des secours de la religion. Comme elle menait la résistance du village au curé "jureur", les révolutionnaires la menacèrent. Madame de Pont-l'Abbé, une châtelaine de Gournay-sur-Aronde, vint la chercher avec sa nièce Félicité qui la soignait, et les conduisit à son château avant de fuir elle-même à l'étranger. Elles ne furent pas longtemps tranquilles, les révolutionnaires ayant retrouvé la "dévote" dont ils voulaient la mort.

Les serviteurs du château, effrayés, la cachèrent sous un monceau de paille dans un chariot et l'emmenèrent à Compiègne où ils l'abandonnèrent avec sa nièce dans une cour d'auberge. Elles furent bientôt recueillies par les demoiselles de Chambon. Mais, toujours poursuivies et indésirables, elles durent changer cinq fois de refuge en deux ou trois ans. C'est à Compiègne que Julie eut une vision : au pied du calvaire, se tenait un groupe de femmes portant un costume religieux qu'elle ne connaissait pas. Puis elle entendit ces paroles: «Ce sont les filles que je vous donne dans l'Institut qui sera marqué de ma croix». Plus tard, elle a pu dire à l'une ou l'autre : «Je vous ai vue parmi les nôtres à Compiègne».

FRANÇOISE BLIN DE BOURDON

Marie Louise Françoise Blin de Bourdon est née le 8 mars 1756 au château de Gézaincourt chez ses grands-parents maternels, le baron et la baronne de Fouquesolles qui souhaitèrent la garder chez eux.

À part quelques séjours momentanés à Bourdon, Françoise vivra à Gézaincourt jusqu'à l'âge de huit ans. En 1762, elle entra comme pensionnaire chez les Dames Bénédictines à Doullens ; puis, en 1768, elle partit pour Amiens afin d'y compléter son éducation chez les Ursulines.

Durant l'été de 1775, Françoise, âgée de dix-neuf ans, revint à Bourdon, ses parents ayant jugé qu'il était temps qu'elle se mêlât à la vie du monde. Les relations du vicomte offrirent à Françoise l'occasion de rencontrer la brillante société de cette époque et d'assister aux féeries de Versailles. Un frère et une sœur plus âgés qu'elle se marièrent cette même année et son frère acheta à Amiens une grande maison de maître, appelée "hôtel" à l’époque.

L’été 1783, sa mère subit un accident de voiture et dut s’aliter ; Françoise la soigna jusqu’à son décès dix mois plus tard. «Demi-conversion. Lumière imparfaite», notera-t-elle dans le relevé des dates mémorables de sa vie. En février 1784, son grand-père mourut à Gézaincourt.

Après le décès de sa mère, Françoise retourna auprès de sa grand-mère, tandis que sa sœur venait s'installer à Bourdon auprès du vicomte.

A Gézaincourt, Françoise dut administrer le domaine et ses vastes dépendances, ce qu’elle fit avec compétence et justice. De plus, elle visitait les malades et les soignait au moyen des plantes médicinales qu’elle cultivait ; les villageois demandaient volontiers conseil à la « bonne demoiselle ». Le curé de la paroisse affirma plus tard que Françoise allait chaque jour à la messe, priait longuement et communiait souvent. Elle-même notera : «1786. Conversion entière. Résolution invariable d’écarter tout ce qui m’éloignerait de ma fin».

Au début de 1793 le "citoyen Blin-Bourdon" fut porté à tort sur la liste des émigrés ; en conséquence, les biens qu'il possédait furent exposés en vente publique. Son fils adressa vainement une requête certifiant la présence à Bourdon du vicomte, alors âgé de quatre-vingt-huit ans. La réponse à cette courageuse demande fut l'emprisonnement à Amiens du père et du fils, le 17 décembre 1793, bientôt suivi de celui de madame Blin et de son fils âgé de douze ans. 
En février 1794, la rafale révolutionnaire s'abattit sur le village de Gézaincourt épargné jusque-là. Françoise fut enlevée par une bande de "patriotes" et incarcérée à Amiens. La baronne de Fouquesolles ne résista pas au choc de cette brusque séparation et, le 18 mars, elle s'éteignit, réclamant sans cesse sa petite-fille.

La mort de Robespierre amena la réaction du 27 juillet 1794. Le vieux vicomte et son petit-fils Alexandre furent les premiers à être libérés ; puis, le 4 août, Françoise rejoignit les siens. Elle alla loger dans l’hôtel de son frère à Amiens afin d'y préparer son entrée au Carmel, qu'elle désirait depuis longtemps.

LA RENCONTRE

Au moment où Françoise s'installait chez son frère, la comtesse Baudoin, dont le père et le mari avaient été guillotinés, vint de Paris avec ses trois filles solliciter une retraite chez le vicomte Blin.

En octobre 1794, cette dame envoya chercher sa consolatrice, Julie Billiart, à Compiègne, et loua pour elle un appartement (non chauffé) dans le "petit quartier" de l’hôtel Blin.

Françoise rendit visite à l'infirme. Elle se souvient : «Ne pouvant pas entendre le langage de l’infirme, il semble que ces visites ne devaient pas avoir beaucoup de charme pour elle. Elle y prit goût cependant et les rendit fréquentes. Cette demoiselle finit, contre toute apparence de raison naturelle, à s’attacher à Julie». Madame Baudoin amena aussi dans ce refuge l'abbé Thomas, docteur en Sorbonne, qui, toujours recherché, devait se cacher.

La chambre de Julie devint un oratoire où, chaque matin, l'abbé Thomas offrait le saint sacrifice clandestinement. Les demoiselles Baudoin firent connaître la sainte infirme à leurs amies, les demoiselles Fos de Méry et Doria.

Bientôt se forma une association pieuse : on priait ensemble, on récitait l'office divin, on écoutait les exhortations de Julie et on travaillait pour l'autel et pour les pauvres que l'on visitait assidûment. En juillet 1795, Françoise alla à Gézaincourt. Attirée par la pauvreté évangélique, elle renonça à son titre de "demoiselle de Gézaincourt" et céda la terre à son frère et des biens équivalents à sa sœur. Vers la fin de l’année, son père malade la demanda à Bourdon. Voltairien endurci jusque-là, il revint peu à peu à la religion au contact de la foi vivante de sa fille et mourut, pleinement réconcilié avec Dieu, le 1er février 1797.

Pendant ces deux années de séparation, Françoise demeura en relation épistolaire avec Julie qu'elle appelait sa mère spirituelle et qu'elle consultait sur toutes choses. Julie l’encourageait beaucoup dans son apostolat discret auprès des membres de sa famille et des villageois. En 1796, Françoise avait commencé une retraite de trente jours sous la direction de l'abbé Thomas, mais avait dû l’interrompre à cause d’une rechute de son père. Depuis longtemps, la sainte malade, éclairée de lumières particulières, savait l'intime union que Françoise allait contracter avec elle en vue d'une œuvre commune. Après le décès de M.Blin, elle lui écrit : «Il faut, ma chère enfant, vous unir à moi de votre mieux pour que nous entrions dans les vues de la Providence sur nous. Je ne doute nullement que le bon Dieu n’ait sur vous quelque vue particulière ; nous n’irons que pas à pas, toujours en consultant la sainte volonté de Dieu». (février 1797)

Que pouvait Julie, âgée de 46 ans, infirme, pauvre ? Le groupe des jeunes filles qui se réunissaient à l'Hôtel Blin était-il l'esquisse d’une nouvelle congrégation religieuse ? Mais cette société naissante n'eut qu'une existence éphémère.

De son côté, Françoise, pendant une retraite de dix jours, entrevit une voie nouvelle : «J’ai vu que les biens temporels que j’ai dans les mains y sont restés pour l’usage d’autres membres de Jésus Christ plus précieux». (retraite de 1797).

Désormais, aux côtés de Julie, elle consacrerait sa vie et sa fortune personnelle à la réalisation du projet naissant.

C'est au château de Bettencourt où l'abbé Thomas, pour échapper aux perquisitions fréquentes, s'était retiré avec Julie et Françoise, que le Seigneur leur montra la voie. Le père Varin, supérieur des Pères de la Foi et infatigable animateur d'une restauration chrétienne, en fut le promoteur. Lors de visites à Bettencourt, il n’hésita pas à prononcer que Julie était appelée à se dévouer à l’éducation de la jeunesse. Il avait été frappé par l'aptitude extraordinaire de l'infirme pour la catéchèse, ainsi que par sa grande confiance en Dieu. Quant à Françoise, sollicitée par lui de s'occuper des jeunes filles de la classe dirigeante, elle déclara «que la pauvreté du Christ était son partage et qu'elle en voulait vivre pour mériter d'être la servante et la mère des pauvres».

L'ŒUVRE

Au mois de février 1803, Julie, Françoise et le père Thomas, revenus de Bettencourt, s'établirent à Amiens pour commencer l'œuvre entrevue par le père Varin. En août 1803 les deux amies s’installèrent dans une petite maison de la rue Neuve, où elles reçurent bientôt de petites orphelines.

Le 2 février 1804, les trois premières sœurs firent vœu de chasteté et promirent à Dieu d’instruire des orphelines et de former des maîtresses d’école pour les campagnes. Elles prirent le nom de Sœurs de Notre-Dame. En mai-juin de la même année, les Pères de la foi prêchèrent une grande mission à Amiens, et les sœurs les secondèrent. Le 1er juin, Julie fut guérie miraculeusement pendant une neuvaine au Sacré-Cœur. Elle accompagna les Pères de la Foi dans les missions qu’ils prêchèrent à Saint-Valery sur Somme et à Abbeville. Mais les Pères, sommés par les autorités civiles de quitter le département, s’en allèrent ou se cachèrent.

Le 15 octobre 1805, Julie Billiart, Françoise Blin, Victoire Leleu et Justine Garson prononcèrent leurs vœux et, le lendemain, Julie fut élue supérieure générale. Le 2 février 1806, Mère Julie eut une nouvelle vision de l'apostolat futur de la congrégation qui répandrait dans le monde entier la «lumière pour éclairer les nations»
Au cours d'un voyage en Flandre, Mère Julie fut invitée par Monseigneur Fallot de Beaumont, évêque de Gand, à fonder une maison dans son diocèse. Ce fut le point de départ d'une série de fondations en Belgique et en France dont les premières furent St-Nicolas (1806), Montdidier (1807), Namur (1807).

Dès juin 1806, la congrégation naissante fut approuvée par décret impérial, autorisant l’ouverture d’écoles gratuites. Pendant l’été de 1806, les Sœurs de Notre-Dame prirent gîte dans une maison plus vaste, au Faubourg-Noyon, où les accompagna une amie de Françoise, Madame de Franssu.

En juillet 1807, le premier supérieur de la communauté d'Amiens fut remplacé par l’abbé de Sambucy, déjà confesseur. Celui-ci, jeune et entreprenant, se crut appelé à rédiger un code de vie pour les sœurs, en contradiction avec les vues du père Varin qui leur avait soumis une première règle à expérimenter. Il voulait ramener l'Institut aux formes des anciens monastères: pas de supérieure générale et pas de liens entre les maisons. Il réussit à éloigner Mère Julie par un voyage à Bordeaux, où elle était souhaitée, et fit nommer Françoise Blin, désormais appelée Soeur Saint-Joseph, supérieure de la nouvelle maison de Namur.

Dès qu'il eut le champ libre, il gouverna la communauté et s'efforça de réaliser ses projets. Il intercepta toute la correspondance des sœurs avec Mère Julie et plaça, comme supérieure, une jeune sœur qui n'avait pas la compétence exigée par la fonction. S’étant fait donner par Soeur St-Joseph une procuration générale pour la gestion de ses biens, il en affecta tous les revenus à la maison d’Amiens. Il influença habilement Monseigneur Demandolx, accusant la fondatrice de dureté envers les sœurs et de désobéissance à ses supérieurs. Finalement, il voulut imposer la règle qu'il avait conçue et exigea de la Mère Blin qu'elle léguât toute sa fortune à la seule maison d'Amiens. Les deux fondatrices, qui avaient souffert et patienté dix-huit mois, crurent dès lors qu'il était de leur devoir de refuser ces propositions. Et ce fut l'expulsion !

NAMUR 1809-1838

Monseigneur Pisani de la Gaude, évêque de Namur, mis au courant, accueillit les exilées. Le 24 février 1809, Mère Julie écrit : «Monseigneur veut que la maison de Namur soit la maison mère. Il est très content d’avoir la communauté d’Amiens».

En 1812, libéré de l’influence de l’abbé de Sambucy, Monseigneur Demandolx invita Mère Julie à revenir à Amiens comme supérieure générale, reconnaissant qu'il avait été trompé. Elle essaya en vain d’y restaurer l’ordre et l’esprit religieux : il était trop tard. Il fallut fermer toutes les maisons établies en France. En 1813, Mère Julie eut l'insigne privilège de rendre visite au Pape Pie VII, prisonnier de Napoléon à Fontainebleau.

De nouvelles épreuves se profilèrent bientôt à l'horizon. Après la bataille de Leipzig, en octobre 1813, les débris de la Grande Armée de Napoléon passèrent par Namur ; puis les armées coalisées de Russie et de Prusse envahirent la Belgique: Andenne, Namur, Fleurus subirent leur passage marqué par des exactions, le pillage et les menaces. Plus tard, en 1815, le couvent de Fleurus fut assailli par les fuyards vaincus de Waterloo ; les sœurs durent fuir. Les deux Mères partagèrent douloureusement toutes ces épreuves.

Une dernière croix, la plus lourde, atteignit encore Mère Julie. Certaines de ses filles doutèrent erronément de sa fidélité à l'Eglise à propos du Catéchisme impérial ; elles s’inquiétèrent aussi de sa fidélité à la règle, parce que, comme fondatrice, elle interprétait certains articles dans un sens plus apostolique ; or, cette règle était toujours expérimentale. Plus tard, toutes reconnurent leur erreur.

Pendant toutes ces années, Mère Julie fonda plusieurs institutions: Jumet et Rubempré (1808), Saint-Hubert (1809), Gand (1810), Zele (1811), Raineville (1812), Andenne et Gembloux (1813), Fleurus (1814) et amorça les fondations de Liège et Dinant. La fondatrice sillonnait la France et la Belgique, tantôt en diligence, tantôt montée sur un âne ou même souvent à pied, ne redoutant pas de faire de cette façon le trajet de Saint-Hubert à Namur.

Elle visitait les communautés établies, s’intéressant à tous les détails de la vie des sœurs, les stimulant et les encourageant. Des lettres très nombreuses poursuivaient le dialogue ; elle y communiquait sa foi, sa confiance, sa charité, son zèle, son courage et sa sérénité, même dans les plus violents orages, car elle était sûre de son Dieu. De ses lèvres ou de sa plume s'échappaient, en toute circonstance, ces mots sans cesse répétés: «Ah! qu'il est bon le Bon Dieu !»

Le 7 décembre 1815, Mère Julie fit une lourde chute qui lui occasionna de violents maux de tête et un malaise général. Elle s’alita le 14 janvier 1816 et, le 8 avril, elle mourut paisiblement. Ce fut une grande peine pour Mère Saint-Joseph, sa fidèle compagne de toujours, elle-même gravement malade au moment du décès de Mère Julie.

Mère Saint-Joseph était supérieure de la maison mère de Namur, elle fut élue supérieure générale le 2 juin 1816, et continua, jusqu'à sa mort, l'œuvre entreprise avec Mère Julie.

Elle rédigea les règles et obtint leur approbation par Mgr Dehesselle en 1818 et par le Pape Grégoire XVI en 1844.

Elle aussi dut faire face à de nombreux obstacles: les multiples tracasseries du roi des Pays-Bas, Guillaume 1er, envers les écoles et les couvents, des problèmes de santé chez les sœurs et, en 1835, une dissidence de quelques-unes de ses propres filles qui avaient essayé d'abuser de son grand âge pour lui imposer des réformes diamétralement opposées à l'esprit primitif.

Peu à peu, la vieillesse faisait son œuvre et la vénérée cofondatrice s'éteignit le 9 février 1838, après des jours de grandes souffrances: elle avait quatre-vingt-deux ans.

Intelligente et énergique, douée d'une exquise sensibilité qui l'inclina toujours vers les faibles et les pauvres, elle avait donné sa vie et sa fortune à l'œuvre que Dieu lui avait indiquée.

Cofondatrice d'un Institut voué à l'éducation de la jeunesse, Mère Saint-Joseph veilla toujours avec beaucoup de sagacité à la formation des maîtresses et l'on peut dire que le renom que l'Institut s'est acquis fut son œuvre. Mère Julie alluma le zèle, mais peu d'années lui furent laissées pour en activer la flamme, tandis que Mère Saint-Joseph en étendit le foyer et lui donna plus d'éclat.

Monseigneur Dehesselle, dans son message aux Sœurs, après la mort de leur seconde Supérieure générale, leur dit : «N'oubliez jamais la part qu'elle a eue dans la fondation de votre Institut. Sans elle, votre congrégation n'aurait pu exister ; elle a été la digne coopératrice de Mère Julie. En vous souvenant de l'une, vous ne pouvez oublier l'autre, car elles ne furent jamais séparées. Elles sont unies pour l'éternité».

Peu après la mort des deux fondatrices, la vision de Mère Julie se réalisa : ses filles passèrent les mers pour se rendre aux USA en 1840, en Grande-Bretagne en 1845, au Guatémala en 1859, au Congo en 1894, en Rhodésie en 1895. Au cours du XXème siècle, l'expansion continua: en Belgique, en Italie, en France, au Japon, en Chine, au Brésil, au Pérou, au Nigéria, au Kenya, aux îles Hawaï.

Partout les Sœurs de Notre-Dame portent le message de l'Evangile, s'adressant à tous, avec une préférence marquée pour les pauvres, et leur confirmant combien Dieu est bon.

L'APPROBATION SUPRÊME

Le 13 mai 1906, Rome célébra la béatification de l'humble servante de Dieu, Julie Billiart, sous le pontificat de saint Pie X. Le 22 juin 1969, elle fut canonisée par le Pape Paul VI qui déclara dans son panégyrique:«Nous apercevons, en Julie Billiart, cette conformité à l'image du Fils de Dieu, Jésus Christ, laquelle nous dévoile une prescience et une prédestination de la part de Dieu à l'égard de cette âme….Sa biographie laisse transparaître une splendeur de grâce et un exemple de vertu chrétienne : l'humilité, la pureté, la patience, la douceur, l'intériorité dans l'agir et toujours, d'une manière quasi connaturelle, l'aspiration à l'apostolat, l'amour de l'Eglise au milieu de tant d'épreuves et d'amertumes, l'assiduité dans la prière, la dévotion à la Vierge, l'art de se faire aimer et obéir, le talent d'organisatrice etc... Son histoire nous découvre cette lumière évangélique qui la rend si proche de notre sympathie, et nous fait écouter avec tant de joie son affable conversation aussi modeste que sage, avec pour conclusion, cette exclamation qui la caractérise tout entière : Comme le Seigneur est bon !...»

http://users.skynet.be/fa772331/julie.htm

http://nouvl.evangelisation.free.fr/julie_billiart.htm