SUICIDE MEDICALEMENT ASSISTE

Mgr CottanceauAlors que revient sur le devant de la scène à l’Assemblée Nationale un texte débattu le 8 avril 2021 issu d’une proposition de loi donnant et garantissant le droit à une fin de vie libre et choisie, (https://www.assembleenationale.fr/dyn/15/textes/115b4042 texte-adopte-commission.pdf), il est bon de rappeler la déclaration faite par les évêques de France concernant cette question du « suicide médicalement assisté » ou « euthanasie » et publiée le 22 Mars 2018, déclaration intitulée « Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ! ». Les évêques de France nous rappellent d’abord que « quelles que soient nos convictions, la fin de vie est un temps que nous vivrons tous et une inquiétude que nous partageons. Chacun doit donc pouvoir y réfléchir le plus sereinement possible, en évitant les écueils des passions et des pressions. » Ils soulignent ensuite le manque de développement des soins palliatifs et notent que les possibilités de soulagement de la souffrance sous toutes ses formes ne sont pas assez connues. Dès lors, poursuivent-ils, « en raison de ces carences et de la médiatisation de certains cas, plusieurs réclament un changement de la loi par la légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie ». S’opposant fermement à cette légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie, les évêques justifient leur position : « Si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou  d’euthanasie, des personnels soignants seraient entraînés, malgré eux, à penser qu’une vie ne  serait plus digne d’être vécue, ce qui serait contraire au Code de déontologie médicale : « Le  médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de  la vie humaine, de la personne et de sa dignité. »... Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine ». Ils poursuivent plus loin : « Les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin ». Ils prétendent que « l’exercice de ce droit n’enlève rien à personne. C’est le type même de la liberté personnelle qui ne déborde pas sur la liberté d’autrui ». Mais qu’est-ce qu’une liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision ?... Si certains font le choix désespéré du suicide, la société a avant tout le devoir de prévenir ce geste traumatisant.». Enfin, les évêques concluent : « Face aux troubles et aux doutes de notre société…  nous offrons le récit du «bon Samaritain» qui prend en charge « l’homme à demi-mort », le  conduit dans une « auberge » hospitalière et exerce la solidarité face à la « dépense »  qu’occasionnent ses « soins ». À la lumière de ce récit, nous appelons…à un sursaut de conscience pour que s’édifie toujours plus une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres. Cette fraternité inspira l’ambition de notre système solidaire de santé…. Que ferons-nous de cette ambition ? La fraternité relève d’une décision et d’une urgence politiques que nous appelons de nos vœux ! »    

Dans un article publié le 5 Avril 2021 (Blog des facultés Jésuites de Paris, département Ethique biomédicale) et intitulé « Loi pour l’euthanasie : désolé, ça ne passe pas ! », le P. Bruno SAINTÔT sj nous rappelle avec force : « … l’euthanasie n’est pas un soin… cela ne fait pas partie de la mission du médecin. C’est devenu difficile à comprendre. L’Association médicale mondiale (AMM) « …renouvelle son attachement profond aux principes de l’éthique médicale et au plus grand respect de la vie humaine. En conséquence, l’AMM est fermement opposée à l’euthanasie et au suicide médicalement assisté[…] Aucun médecin ne saurait être forcé à participer à une euthanasie ou à aider une personne à mettre fin à ses jours » C’est clair. Le Conseil national de l’Ordre des médecins français est aussi ferme : « Le devoir du médecin est de soigner, soulager, accompagner. Le Conseil national de l’Ordre réitère donc sa position selon laquelle la décision d’euthanasie ou de suicide assisté sont des actes qui ne concernent ni les médecins, ni les soignants. Ce n’est pas le rôle du médecin de provoquer délibérément la mort ».           

    † Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU