LA REPONSE DES PRETRES ‘FIDEI DONUM’ AUX APPELS DE LA MISSION

eveche15w.jpgNous connaissons bien l’Histoire de la Mission en Polynésie. Elle ne fut jamais un long fleuve tranquille que ce soit pour nos frères protestants qui débarquèrent du Duff en mars 1797, ou pour les premiers missionnaires catholiques parvenus à Mangareva en août 1834. Tous étaient animés du même zèle : faire connaître Jésus-Christ et son enseignement salvifique. Mais le caractère particulier de la Mission en Océanie n’a pas toujours été bien perçu par les autorités religieuses aussi bien à Londres qu’à Paris. Mgr Tepano Jaussen l’expliquait ainsi : « Nulle localité dans le monde ne présente au missionnaire plus d’obstacles et de difficultés naturelles et invincibles que le Vicariat apostolique de Tahiti (étendue, communications, manque d’hommes, isolement …) ».

Qu’à cela ne tienne ! Des hommes, des femmes ont entendu l’appel du Seigneur ; comme Isaïe ils ont répondu à la question « Qui enverrai-je ? » en se portant volontaires. « Me voici, envoie-moi » c’est le thème développé par le Pape François dans son message à l’occasion de la Journée Mondiale des Missions, dimanche 18 octobre.

Ainsi des religieux des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie (les picpuciens), de jeunes Sœurs de Saint Joseph de Cluny (les filles d’Anne-Marie Javouhey), de jeunes Frères de Ploërmel (disciples de JeanMarie de La Mennais), et bien d’autres ont franchi les océans, affronté des tempêtes, des maladies, la solitude, l’isolement… pour servir leurs frères et sœurs polynésiens.

Tous n’étaient pas nécessairement préparés et formés pour affronter les obstacles de toutes natures. On a pu taxer certains de « colonisateurs » [hors du contexte culturel, religieux et politique de l’époque, la critique est aisée !]. Mais toutes et tous ont donné le meilleur d’eux-mêmes, avec abnégation, sans attendre d’autre récompense que celle de faire la Sainte Volonté de Dieu (Prière de Saint Ignace). Un courrier de Mgr Verdier, après sa première tournée pastorale aux Tuamotu, résume bien l’action du missionnaire : « Vu les distances si considérables, vu la grande difficulté des communications… dans les îles les plus reculées… seul , une fois par an, le missionnaire y fait une apparition au prix de grandes dépenses et fatigues, pour baptiser, instruire, confesser … marier, distribuer des vêtements aux plus nécessiteux, faire les réparations urgentes aux églises, écoles, presbytères, importer les arbres fruitiers et les bestiaux utiles afin de faire parvenir ces pauvres insulaires à avoir leur suffisant pour leur nourriture et leur entretien. » [Lettre de 1985 au Supérieur Général des missionnaires des Sacrés-Cœurs]

Un autre souci majeur a toujours été la formation de missionnaires Polynésiens : pasteurs, prêtres, diacres. Une « école apostolique » fonctionnera à Aukena (Gambier) de 1839 à 1851, qui deviendra « petit séminaire » à Tahiti de 1869 à 1874 ; une « école apostolique » fonctionnera à Varari (Moorea) de 1890 à 1897. Mgr Mazé ouvrira le « petit séminaire Sainte-Thérèse » à Miti Rapa en novembre 1951. Les résultats sont maigres : entre 1834 et 1975 on compte six prêtres autochtones ! Il faudra attendre la fondation de l’école des diacres en juillet 1970 et celle du Grand Séminaire en janvier 1983 pour voir – enfin – éclore des vocations sacerdotales et diaconales.

Actuellement le diocèse de Papeete compte : 20 prêtres diocésains (12 en pleine activité et 2 en France) ; 9 prêtres religieux (4 en pleine activité) et 45 diacres (36 sont en pleine activité). A cela il faut ajouter 3 prêtres Fidei donum. Le 21 avril 1957 Paul VI publiait une Encyclique intitulée Fidei donum (Don de la Foi) dans laquelle il demandait aux évêques d'autoriser leurs prêtres diocésains à répondre aux appels de la Mission, notamment en Afrique. Ces prêtres volontaires se mettent au service d’un évêque dans un diocèse en pays de Mission. Les Fidei donum restent attachés à leur diocèse ou à leur congrégation d'origine, pour y revenir après plusieurs années de service en Mission.

En France métropolitaine, avec le vieillissement du clergé et la baisse du nombre de vocations, de nombreux prêtres servent en tant que Fidei donum ; ils sont originaires, d’Afrique, de Pologne ou même d’Asie. Nul doute que les diocèses de Papeete et Tefenuaenata auront besoin davantage de tels prêtres Fidei donum pour servir le Peuple de Dieu qui est en Polynésie.

Dominique Soupé