FRATELLI TUTTI (1)

Mgr CottanceauLe 3 Octobre dernier, le Pape François signait à Assise (Italie) sa troisième encyclique intitulée « Fratelli Tutti – Tous frères ». Ce titre est une expression qu’utilisait St François d’Assise pour inviter à un mode de vie aux couleurs de l’Evangile. Il entendait proposer à tous les Hommes et Femmes de vivre un amour qui dépassait toute barrière de quelque nature qu’elle soit, un amour capable de construire la fraternité et l’amitié sociale. 

En publiant cette encyclique, le Saint Père entend ainsi s’adresser à toutes les personnes de bonne volonté désireux d’entrer dans une réflexion ouvrant au dialogue : « « Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. Bien que je l’aie écrite à partir de mes convictions chrétiennes qui me soutiennent et me nourrissent, j’ai essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté (6). ».
Cette encyclique se compose d’une introduction et de 8 chapitres :

I – Les ombres d’un monde fermé         V – La meilleure politique
II – Un étranger sur le chemin         VI – Dialogue et amitié sociale
III – Penser et gérer un monde ouvert    VII – Des parcours pour se retrouver
IV – Un cœur ouvert au monde        VIII – Des religions au service de la fraternité dans le monde

Le premier chapitre intitulé « Les ombres d’un monde fermé » part du constat que si la société mondialisée nous rapproche, elle ne nous rend pas frères pour autant. Quels sont les signes de ce constat ?
*Désespoir et méfiance dans les rapports sociaux
*Radicalisation qui ne favorise ni dialogue ni coexistence
*Marginalisation de personnes considérées comme méritant d’être sacrifiées
*Inégalité des droits et nouvelles formes d’esclavage
*Détérioration du sens du bien et du mal et affaiblissement des valeurs spirituelles.

    Face à cela, le St Père rappelle que Dieu continue de répandre des semences de bien dans l’humanité comme la justice, la solidarité, l’amour, semences qui demandent à être cultivées par chacun, chaque jour. Pour cela, il importe de regarder avec espérance au-delà du confort personnel qui enferme pour s’ouvrir à de plus grands idéaux.

    Le second chapitre intitulé « Un étranger sur le chemin » s’appuie sur la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29). Partant de la question : « A quel personnage de la parabole je m’identifie, et qui est mon prochain », nous est rappelé que Jésus ne nous invite pas à nous demander « qui est proche de nous », mais « de qui nous nous faisons proches ». De fait, nous dit le Pape François, cette parabole décrit une situation qui demeure, hélas, d’actualité et qui doit nous interpeler. A preuve :
*Le fatalisme ou le repli sur soi qui cherche à justifier l’indifférence : « ce n’est pas mon problème ! »
*La société qui tend à se désintéresser des autres
*Les situations d’exclusion qui émeuvent de moins en moins, on s’habitue.
*Une paresse sociale et politique à laquelle nous sommes souvent confrontés

    La question est alors posée à chacun : « Vais-je passer outre ou faire halte auprès des blessés du chemin ? » Face à ces situations de douleur, face à ces blessures, nous dit l’encyclique, la seule issue est de suivre le comportement du bon Samaritain... (à suivre…)

                                                                                         +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU