QUAND LES CONFIRMANDS SE LIVRENT !

Mgr CottanceauVoici venu (en décalé à cause de la pandémie de la Covid 19) pour nombre de communautés Chrétiennes le temps des Confirmations pour les jeunes (de 14 à 15 ans en général), mais également pour certains adultes ayant rejoint plus tardivement l’Eglise Catholique. A ceux et celles qui préparent cette démarche de foi, il est demandé de rédiger une lettre dans laquelle ils se présentent et expriment leurs projets de vie et leur désir d’être confirmés, en expliquant les raisons qui les motivent. Ces lettres sont adressées à l’évêque qui, après lecture, répond à chacun et chacune.

            Ce qui est frappant dans les lettres des jeunes est de constater la place qu’ils accordent à la famille. Elle est perçue comme un lieu de première importance qui leur permet de se sentir aimés et protégés et donc de grandir humainement et affectivement. Elle inclut les parents, mais également les frères et sœurs, et parfois l’un ou l’autre Grands-parents ou oncle ou tante, parrain ou marraine. Cet attachement se retrouve dans le désir maintes fois exprimé de la part des jeunes de fonder plus tard leur propre famille. Mais dans le même temps, ces jeunes sont réalistes et mesurent les difficultés qu’ils rencontrent parfois dans leurs relations avec leurs parents : difficultés de communication, relations parfois orageuses, incompréhension… C’est pourtant là, dans leurs familles, qu’ils forgent leurs rêves d’avenir professionnel, et qu’ils enracinent leur désir de bien travailler à l’école pour ne pas décevoir leurs parents et faire en sorte qu’ils soient fiers d’eux !... façon délicate pour ces jeunes d’exprimer leur reconnaissance.

            Pour prolonger ce constat, écoutons le Pape François qui, dans son exhortation apostolique « Amoris Laetitia » (« La joie de l’Amour »), écrit : « Nous devons nous féliciter du fait que la plupart des gens valorisent les relations familiales qui aspirent à durer dans le temps et qui assurent le respect de l’autre ». Pour aider à la valorisation de cet esprit de famille si important pour les jeunes, le Pape François ajoute : « C’est pourquoi on apprécie que l’Église offre des espaces d’accompagnement et d’assistance pour les questions liées à la croissance de l’amour, la résolution des conflits ou l’éducation des enfants. Beaucoup apprécient la force de la grâce qu’ils expérimentent dans la Réconciliation sacramentelle et dans l’Eucharistie… »

            Plus profondément encore, certains dans leur lettre font état de leur désir de voir plus clair dans leur propre vie, de faire mûrir leur foi et ils attendent que l’Esprit Saint les aide à être plus proches de Jésus et de Dieu ; l’un d’eux écrit : « J’aimerais être ce que le Seigneur veut que je sois ! ». Ces jeunes font souvent preuve d’une grande honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils ne sont pas naïfs ! Ecoutons-les : « Pas facile de mener une vie Chrétienne » ; « J’ai peur de prier en public » ; « Parfois, j’ai la haine ! » ; « Parfois, je doute, je perds la foi » ; « Je ne pense pas à Jésus » ; « Les non-croyants essaient de me faire arrêter de croire » ; la question de la mort vient parfois les tourmenter lorsqu’ils sont confrontés au départ de ceux qu’ils aiment et qui ont compté dans leur vie affective : « Je me demande si un jour, je reverrai (tel membre de ma famille) qui est décédé ! »

            Un certain nombre d’entre ces jeunes font aussi part dans leurs lettres de leur désir de servir l’Eglise, en devenant aides-catéchistes, ou en intégrant le groupe de jeunes de leur paroisse. Il n’est pas rare de trouver comme motivation à recevoir l’Esprit Saint le désir de devenir meilleurs et d’apporter plus de joie et de bonheur autour d’eux. Certains concluent leur lettre par une prière qui nous livre le trésor qui se cache au meilleur d’eux-mêmes : « Esprit Saint, aide-moi à pardonner et à aimer, à obéir et à offrir » ; « Jésus, sache que je t’aime du plus profond de mon cœur » ; « Mon Dieu, guidez-moi et faites que je puisse ouvrir mon cœur » ; « J’aime l’Eglise ».

Parents, adultes, croyants, saurons-nous être suffisamment à leur écoute pour les aider à ouvrir leur cœur à la confiance et à la puissance de l’Esprit et faire surgir ainsi comme d’une source ce qu’il y a de meilleur en eux-mêmes ?

            +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU