BIOETHIQUE

Mgr CottanceauFin Février 2020, le projet de loi de bioéthique va retourner à l’Assemblée Nationale en seconde lecture. Pour cette occasion, le groupe de travail de bioéthique issu de la conférence des évêques de France a produit une déclaration : « Penser autrement la bioéthique ». Les évêques en assemblée pléniaire ont demandé à ce que ce texte soit diffusé. Que nous dit ce texte ?

            Il commence par une question : « Quel monde sommes-nous en train d’édifier ? Quelle solidarité et quelle médecine voulons-nous pour nous et les générations à venir ? » Cette question prend appui sur un constat : « Nous changeons d’époque. Il nous faut penser un nouveau progrès. Cela ne se fera pas sans une vision commune de notre humanité ni sans une solidarité qui renforce nos liens et réajuste les droits et devoirs de chacun... Nos inquiétudes pour demain se cristallisent dans la crise écologique. La planète, notre maison commune, est agressée et presqu’épuisée. Elle semble crier, tout comme celles et ceux qui y vivent trop difficilement à cause des crises environnementales qui sont aussi sociales, économiques et politiques. » Serions-nous alors contraints à baisser les bras et à nous laisser envahir par une fatalité paralysante ? Le document nous invite au contraire à ouvrir nos yeux et à repérer les signes porteurs d’espérance : « Pourtant, au lieu de la désespérance, le dérèglement climatique et la perte de la biodiversité provoquent une salutaire prise de conscience : ensemble, nous devons préserver notre planète et cesser de l’abîmer ! Il est donc impossible de rester dans le monde ancien où les techniques imposent leur pouvoir dévastateur ! Les premiers consensus écologiques dessinent un autre progrès pour un monde nouveau, édifié grâce à la sobriété heureuse et au partage solidaire. Les jeunes nous y poussent avec véhémence. »

            Evoquant ensuite le domaine de la bioéthique et de la transmission et du respect de la vie dans le domaine de la manipulation génétique, les évêques mettent en garde : « La bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition vers le nouveau monde auquel nous aspirons. Aujourd’hui, elle est tentée et aveuglée par ses succès technologiques et par le court-terme de la concurrence des marchés. Elle semble s’enfermer dans le monde ancien, celui des pouvoirs techniques qui abîment l’Homme ». Tout en reconnaissant que les progrès de la science et de la médecine permettent de mieux combattre la maladie, et souvent de la guérir - l’épidémie du coronavirus, au-delà de la souffrance humaine qu’elle engendre, en est l’exemple - les dangers et risques ne manquent pas : « … Les alertes sont nombreuses : • Face aux défis du vieillissement et de la dépendance de concitoyens de plus en plus nombreux, quelle nouvelle solidarité allons-nous inventer pour qu’ils vivent le mieux possible avec nous ? • Face à une conception gestionnaire des soins selon laquelle un « patient » est devenu un « client », et face à une technicisation de la médecine, entendrons-nous l’appel des citoyens et des professionnels de santé qui réclament une médecine plus humaine ? • Face aux menaces que les techniques biomédicales font peser sur notre humanité, saurons-nous ouvrir un débat éthique raisonnable et approfondi, capable de discerner sans tabous les enjeux véritables ? Car ces menaces sont réelles : marché des tests génétiques, robotisation et intelligence artificielle sans contrôle suffisant, augmentation des capacités du cerveau, expérimentation sur des embryons chimères, modification génétique de l’embryon humain, sélection accrue des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation et de la gestation, etc… »

            Saurons-nous nous ouvrir à ces questions qui touchent à la dignité de la personne, à l’avenir que nous voulons pour notre société ?           

 + Mgr Jean Pierre COTTANCEAU