HOMME ET FEMME IL LES CREA

Mgr CottanceauLe 29 Février avait lieu à PAEA le rassemblement annuel de l’Union des Femmes Catholiques sur le thème « Le couple dans le plan de Dieu ». Et le 08 Mars avait lieu la « Journée Internationale de la Femme ». Le poète Aragon nous dit que « La Femme est l’avenir de l’Homme » ! En voyant fonctionner la société de notre Fenua, nous pourrions nous demander en effet ce que deviendrait cette société dans les domaines politique, économique, culturel et social, si les femmes en étaient absentes, réduites à rester à la maison ! Pour être parfaitement honnêtes, nous pourrions dire la même chose de notre Eglise : que deviendrait-elle si les femmes venaient à disparaître ? Que deviendraient la vie de nos paroisses, la transmission de la catéchèse, la qualité de nos liturgies, la décoration de nos églises sans les femmes !

            Si aujourd’hui, chez nous en Polynésie, il n’est plus surprenant de voir une femme à un poste de haute responsabilité ou occuper un emploi autrefois réservé à des hommes, il serait particulièrement injuste et injurieux de considérer les femmes comme une simple force d’appoint dans le fonctionnement de notre société, ou de supporter leur présence parce qu’on ne peut pas faire autrement. Trop souvent encore, hélas, le « machisme » n’est pas loin, et la violence du fort se fait encore trop souvent sentir dans les rapports homme femme, surtout dans la relation de couple et dans la cellule familiale, sans parler de la place des femmes sur les listes électorales !

            Le texte de la genèse nous rappelle que l’Humanité fut créé mâle et femelle. La femme, prise du plus intime d’Adam se voit ainsi revêtue de la même dignité que l’homme. Sur le plan de la création, la femme accomplit l’homme en le faisant devenir son époux. Cette relation aurait dû demeurer parfaitement égale dans la différence si le péché n’avait pas dénaturé la relation entre Homme et Femme… ! Plus encore, la femme est la mère des vivants, Eve, la vivante, celle qui transmet la vie. Et dans les Ecritures, certains hommes, écrivains anonymes, nous disent encore : « trouver une femme, c’est trouver le bonheur » ; c’est avoir une aide semblable à soi. Quelle belle reconnaissance !

            Dans la société de son temps, société dominée par les hommes, Jésus fait preuve d’une audace que seul le Fils de Dieu pouvait se permettre en donnant à la femme toute sa dignité et toute sa place dans la proclamation de la Bonne Nouvelle. Jésus nait d’une femme, Marie, donnant ainsi à la maternité une dignité incomparable dans le plan de vie et de salut de Dieu pour toute l’humanité. Alors qu’il était impensable pour l’époque, qu’une femme devienne disciple d’un rabbi, l’Evangile fait de l’autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare, la première femme disciple, assise au pied du maître pour accueillir sa parole. A l’encontre des pratiques qui considéraient comme inconvenant pour une femme de s’adresser à un homme et pour un Juif d’adresser la parole à un Samaritain, Jésus réserve à une femme samaritaine l’une des plus belles pages de la révélation : « si tu savais le don de Dieu ? » Plus encore, alors que scribes et Pharisiens viennent questionner Jésus sur la répudiation de la femme par son mari (aucun mot sur la répudiation du mari par sa femme), celui-ci les renvoie à cette parole de la Genèse : « l’Homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ! », signifiant par-là que l’épouse ne saurait être considérée comme un bien appartenant à son mari, un bien dont il pourrait se débarrasser quand l’envie lui en prendrait ! Rappelons enfin que ce sont des femmes qui se tiennent debout, au pied de la croix, avec Marie et le disciple bien aimé, et que ce sont aussi des femmes qui se rendent au tombeau du Christ. Elles seront les premières à recevoir l’annonce de sa résurrection et seront également les premières envoyées auprès des disciples pour leur annoncer cette Bonne Nouvelle de la résurrection du Seigneur, devenant ainsi les premières évangélisatrices. Puissions-nous tous en prendre acte !

   + Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU