Heureux les artisans de paix

Mgr CottanceauLe 1° Janvier est traditionnellement l’occasion pour nous de nous souhaiter une bonne année et de formuler à nos proches, à nos amis, aux membres de nos familles, à nos collègues de travail les meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité. C’est également l’occasion pour nous, Chrétiens, l’occasion de prier pour la Paix, qui plus est en ce jour où nous célébrons Sainte Marie, Mère de Dieu, vénérée plus particulièrement dans notre diocèse sous le vocable de « Maria No Te Hau », Notre Dame de Paix. Mais comment peut-on parler de paix dans un monde où le fracas des armes et de la violence retentit de toutes parts ? Guerres entre états, persécutions religieuses dont les Chrétiens sont les premières, mais pas les seules victimes, conflits sociaux qui secouent la métropole et bien d’autres régions de par le monde, instabilité politique qui provoque désordre et violence, souffrance et parfois mort…

            Pour nous soutenir dans notre prière, le Pape François dans son message pour la « 53° Journée Mondiale pour la Paix » nous invite à mieux comprendre ce qui fait obstacle à la paix, que ce soit dans notre propre cœur ou dans l’esprit qui conduit les états et les institutions qui régissent nos sociétés. Le Saint Père nous met en garde en rappelant ce qui, dans notre cœur, peut s’opposer à la paix. Cela commence en chacun de nous : « La guerre, nous le savons bien, commence souvent par l’intolérance à l’égard de la différence de l’autre, qui renforce le désir de possession et la volonté de domination. Elle naît, dans le cœur de l’homme, de l’égoïsme et de l’orgueil, de la haine qui pousse à détruire, à renfermer l’autre dans une vision négative, à l’exclure et à le faire disparaître. La guerre se nourrit de la perversion des relations, d’ambitions hégémoniques, d’abus de pouvoir, de la peur de l’autre et de la différence perçue comme un obstacle. » A notre niveau personnel, poursuit le Saint Père, cultiver la crainte et la méfiance de l’autre, loin d’établir une paix durable, ne peut qu’envenimer les relations et faire obstacle au dialogue. Il est impossible alors de bâtir une paix qui reposerait sur le manque de confiance et sur la peur qui ne peuvent que fragiliser les rapports entre humains et engendrer au bout du compte la violence. « Toute situation de menace alimente le manque de confiance et le repli sur soi. Le manque de confiance et la peur renforcent la fragilité des rapports et le risque de violence, dans un cercle vicieux qui ne conduira jamais à une relation de paix. »

            Evoquant également le niveau des relations internationales, le Saint Père, faisant écho à son voyage récent au Japon, affirme que la dissuasion nucléaire ne peut que créer une sécurité illusoire. Il souligne dans le même sens l’absurdité qu’il y aurait « à vouloir défendre et garantir la stabilité et la paix sur la base d’une fausse sécurité soutenue par une mentalité de crainte et de méfiance qui finit par envenimer les relations entre les peuples et empêcher tout dialogue possible. La paix et la stabilité internationales sont incompatibles avec toute tentative de construction sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total ; elles ne sont possibles qu’à partir d’une éthique globale de solidarité et de coopération au service d’un avenir façonné par l’interdépendance et la coresponsabilité au sein de toute la famille humaine d’aujourd’hui et de demain ».

            Au terme de sa lettre, le Saint Père conclut par une question : « Comment, alors, construire un chemin de paix et de reconnaissance réciproque ? Comment rompre la logique macabre de la menace et de la peur ? Comment briser la dynamique de la défiance qui prévaut actuellement ?... Il s’agit d’abandonner le désir de dominer les autres et d’apprendre à se regarder réciproquement comme des personnes, comme des enfants de Dieu, comme des frères. L’autre ne doit jamais être enfermé dans ce qu’il a pu dire ou faire, mais il doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui. C’est seulement en choisissant la voie du respect qu’on pourra rompre la spirale de la vengeance et entreprendre le chemin de l’espérance. »

            Puissions-nous reprendre à notre compte cette invitation du Saint Père, qu’elle nous guide durant cette nouvelle année et nous aide à devenir davantage des artisans de Paix !

            Bonne, Heureuse et Sainte Année 2020 à tous.

 + Mgr Jean Pierre COTTANCEAU