Comprendre les enjeux de la bioéthique / pourquoi interpeller les Sénateurs ?


Révision des lois de bioéthique
"C'est à moi que vous l'avez fait"
Dans la parabole du jugement dernier, Jésus nous demande de nous soucier des petits, et même audelà,
de les considérer comme s’ils étaient Jésus lui-même. Ceci au point que notre attitude vis-à-vis
de ces petits deviendra un critère - peut-être même « Le critère » - de notre jugement au dernier jour.
Et le roi leur répondra : “En vérité je vous le dis, tout ce que vous avez fait à l’un de ces
petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25,40)
On pourrait alors se poser la question : "Mais qui est donc le plus petit ?" Eh bien, nous savons
depuis peu qui est le plus petit des êtres humains. Dans les années 1960 en effet, la science a percé
le secret de la vie. Nous savons maintenant avec certitude que le plus petit être humain est celui qui
se forme au moment de la fécondation d'un ovule féminin par un spermatozoïde masculin1. Nos
biologistes savent que ce qui se forme à cet instant n'est plus une chose. Ce n'est pas un animal, c'est
un individu de l'espèce humaine, un véritable être humain à part entière. En fait, ce qui apparaît à
cet instant, c'est tout simplement un enfant.
Et c'est bien ainsi que l'Eglise a toujours lu l'évangile de l'Annonciation. Au moment même où
Marie dit "oui" au Seigneur, celui-ci prend chair dans le corps de sa nouvelle maman. C'est le
mystère de l'Incarnation. Jésus est déjà là dans le corps de Marie, caché au monde, mais bien
présent à sa maman, et aussi à ceux à qui l'Esprit saint veut bien le révéler comme Jean-Baptiste et
Elizabeth, sa mère. A cet instant, la Trinité sainte est déjà présente en Marie. Et nous savons
maintenant que ce qui est vrai pour la Trinité à cet instant est vrai aussi pour tout homme et toute
femme. Tout homme et toute femme naît au monde à cet instant magique qui est celui de la
rencontre de la semence d'un homme avec celle d'une femme.
De nos jours, cette rencontre peut être facilitée par des techniques médicales dans ce que l'on
appelle l'Assistance Médicale à la Procréation (AMP).
Nous savons aujourd'hui par exemple :
- stimuler le corps d'une femme pour qu'elle produise plus d'ovules et augmenter ainsi les
chances de fécondation ;
- ou inséminer une femme avec des spermatozoïdes masculins tirés de son mari (ou d'un autre
homme) ;
- ou encore extraire quelques uns de ses ovules pour les féconder par des spermatozoïdes et
implanter les embryons ainsi produits dans son utérus ou alors les congeler pour une autre
occasion (principe de la "fécondation in vitro").
Ces trois techniques sont les plus connues mais il en existe beaucoup d'autres.
Pour chacune de ces techniques, l'Eglise nous demande d'exercer notre esprit critique et de
nous poser des questions sur ce que nous proposent les médecins :
1 En fait, c’est plus précisément au moment de la fusion des noyaux intervenant à la première division cellulaire
- Est-ce que cette technique respecte le droit de mon enfant éventuellement malade ?
- Est-ce que cette technique respecte la dignité du corps de la maman ?
- Est-ce que cette technique respecte la dignité de notre couple ?
- Est-ce qu'elle nous aidera à grandir dans l'amour ?
Rappelons-nous en effet que ce qui est autorisé par la loi n'est pas forcément juste ni moral.
L'exemple type est bien sûr celui de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) qui consiste
toujours à évacuer avec violence un enfant du ventre de sa mère et donc à tuer un innocent. Même si
"tout le monde" le fait, cela reste objectivement une grave injustice envers l'enfant et sa maman.
On trouvera dans l'encart ci-contre une liste de techniques sur lesquels nos députés et sénateurs
doivent se prononcer en ce moment dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, lois qui
s'appliqueront d'office en Polynésie française.
Les amendements pris et retirés ces derniers jours ont été si nombreux et si essentiels que nous ne
pouvons dire avec certitude ce qui sortira de tout ce processus. Le dernier texte re-modifié le 26 mai
dernier est moins catastrophique que celui qui a été renvoyé par le Sénat2. Mais il sera bientôt
retransmis au Sénat et tout peut rebasculer.
A la lecture des débats de ces derniers mois au Parlement, on peut se demander si le principe de
dignité de l'être humain est toujours une notion bien claire pour certains de nos députés et sénateurs.
Ainsi, par exemple, il y a eu de grandes interrogations à l'Assemblée nationale sur le bien fondé de
l'interdiction des embryons hybrides mi-vache, mi-homme. "Pourquoi pas ? disaient certains
députés, après tout, ce ne sont plus des humains…"
Ou alors au Sénat où l'on a décidé d'autoriser la recherche (destructrice) sur les embryons.
"Pourquoi pas ? ont dit les sénateurs. Après tout, leurs parents les ont abandonnés. Ils ne peuvent
plus vivre. Alors autant s'en servir pour quelque chose d'utile". C'était exactement le raisonnement
de certains médecins pendant la seconde guerre mondiale qui ont ainsi sacrifié à la science certains
adultes et enfants en les faisant mourir de froid, de faim, de soif, ou en les amputant de ceci ou de
cela pour voir ce que cela donnait.3
Certains parlementaires ont aussi affirmé haut et fort ne pas comprendre les 4% de mamans qui
acceptaient de "garder" un enfant trisomique, ce qui en dit long sur le respect qu'ils éprouvent
réellement pour les personnes porteuses d’une maladie incurable ou d’un handicap congénital…4
Ne restons donc pas les bras croisés en attendant que cela se passe. Ces lois s'appliqueront chez
nous d'office. Notre devoir de chrétien et de citoyen est de réagir et de manifester notre souhait que
ces nouvelles lois de bioéthique respectent les femmes et les enfants, qu'elles respectent aussi la
dignité de l'homme d'une manière générale.
Signons donc et faisons signer la pétition ci-dessous qui sera envoyée à chacun de nos
parlementaires.
2 Ce texte catastrophique a été voté par le sénateur Richard TUHEIAVA
3 D’ailleurs, la recherche destructrice sur l’embryon humain est aujourd’hui interdite en Allemagne.
4 Pour plus d'informations, voir le site de l'Assemblée nationale :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/bioethique.asp
Pétition adressée à :
Monsieur le sénateur Gaston FLOSSE
Monsieur le sénateur Richard TUHEIAVA
Monsieur le député maire Bruno SANDRAS
Monsieur le député maire Michel BUILLARD
Nous, soussignés, avons été gravement interpellés par les débats qui se sont déroulés dernièrement
au Sénat et à l'Assemblée nationale autour de la révision des lois de bioéthique car nous sommes
fermement attachés au principe de dignité de l'être humain, de sa conception à sa mort naturelle.
En effet, la science a démontré que l'embryon humain est un être humain dès sa conception et il ne
nous est pas permis de sélectionner parmi les êtres humains ceux qui sont dignes de vivre et ceux
qui ne le sont pas.
En conséquence, nous vous demandons de réaffirmer le principe de dignité de l'être humain
en votant :
- contre un éventuel régime d'autorisation de la recherche destructrice sur les embryons
humains ;
- contre un éventuel dépistage systématique de la trisomie 21 ou de tout autre maladie
incurable pour ne pas stigmatiser les personnes atteintes de ces maladies et faire obstacle au
développement d’un certain eugénisme dénoncé par le conseil d’Etat ;
- contre un éventuel accès aux techniques de procréation assistée à des femmes
homosexuelles ou veuves car ce serait une grave atteinte aux droits de l'enfant à naître.
Par ailleurs, certaines dispositions du nouveau texte qui sera bientôt présenté au Sénat restent
insuffisantes au regard de la dignité humaine, et nous vous saurons gré de toute intervention en
faveur d'un plus grand respect de nos enfants et de nos mamans.
Les soussignés :
(nom, prénom, commune, signature)