CHANDELEUR ET VIE RELIGIEUSE

Mgr Cottanceau            Ce 2 Février était célébrée la fête de la présentation de Jésus au Temple (la chandeleur), 40 jours après sa naissance, conformément à ce que prescrivait la loi de Moïse : tout enfant premier né de sexe masculin sera offert au Seigneur. Et par cette offrande de lui-même à son Père, Jésus, lumière pour le monde, venait rejoindre son peuple afin de l’éclairer en lui portant l’espérance et le salut… ce que le vieillard Syméon, présent au Temple et ayant pris l’enfant Jésus dans ses bras avait bien compris : « Mes yeux ont vu le salut… Lumière pour éclairer les nations ! » (Lc 2, 30) D’où le rite des cierges qui introduit la messe de ce jour-là.  L’Eglise a choisi ce jour pour entrainer dans son action de grâce tous les consacrés, religieuse et religieux qui ont eux aussi offert de façon spéciale leur vie au Seigneur. Cependant, le témoignage et la signification de la vie religieuse sont souvent occultés par la figure du prêtre qui demeure la référence principale quand on évoque une personne donnée à Dieu !

            Pourtant, ce qu’on appelle « vie religieuse » concerne beaucoup d’hommes et de femmes qui ne sont pas prêtres… Notre diocèse a la chance de compter parmi ses fidèles des Religieuses : les sœurs de St Joseph de Cluny, les Filles de Jésus Sauveur, et les sœurs Clarisses et des Religieux non prêtres : les Frères de l’Instruction Chrétienne. Enfin, parmi les Religieux des Sacrés Cœurs, tous engagés par les mêmes vœux, certains sont prêtres, d’autres ne le sont pas.

            Ce qui caractérise la vie religieuse pourrait se résumer en trois points :

  • L’engagement à vivre les « conseils évangéliques » par les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance
  • La vie communautaire
  • La présence d’une spiritualité et d’un charisme (don de l’Esprit Saint) propre à chaque famille religieuse, et destiné à enrichir l’Eglise toute entière.

Lorsqu’elle prononce ses vœux, la Religieuse, comme le Religieux sont mis à part, consacrés. Ils remettent leurs années à venir entre les mains de Dieu. Leur engagement s’étend à toute leur vie. Le Concile Vatican II nous le rappelle : c’est l’Eglise, par l’autorité qu’elle a reçu de Dieu, qui reçoit les vœux. Elle demande, par sa prière publique, le secours de la grâce divine pour celles et ceux qui s’engagent. Ainsi, par le ministère de l’Eglise, Dieu lui-même les consacre. A l’offrande qu’ils font de leur vie, Dieu répond en posant sa main sur eux. Par les vœux, la Religieuse et le Religieux se donnent à Dieu, et Dieu s’engage à veiller de façon particulière sur celles et ceux qui se sont donnés à lui.

Quelle signification peut avoir la vie religieuse dans l’Eglise et dans le monde ? Elle doit manifester concrètement aux Hommes la présence du Royaume déjà à l’œuvre puisqu’il a transformé la vie de ces consacrés. De plus, elle révèle une façon nouvelle et souvent peu comprise de grandir en humanité à l’image et ressemblance de Dieu, selon le plan de Dieu. La vie religieuse interpelle : Quand est-on plus libre et plus humain ? Quand on aime par intérêt ou quand on aime par gratitude ? par espoir de recevoir une récompense ou par don de soi ? Est-on plus libre et plus humain lorsque notre liberté consiste à se laisser mener par nos envies ou par les modes de notre temps ? Le culte du corps, de l’apparence physique, du « moi-je », l’obsession de sa propre personne est-il davantage un chemin de liberté que l’attitude du dépassement et d’oubli de soi qui conduit au service de l’autre ? En un mot, la Religieuse, le Religieux font apparaître par leur vie la réalité déjà présente du Royaume.

Puissions-nous ainsi affiner notre regard sur ces femmes et ces hommes qui ont fait choix de la vie religieuse et que nous croisons dans nos paroisses, nos écoles, nos foyers d’accueil. Au-delà de ce qu’elles et ils font, regardons ce qu’elles et ils sont ! Leur témoignage est essentiel pour la vie de l’Eglise, et sans eux notre diocèse n’aurait pas encore atteint sa maturité !

   +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU