SEMAINE SAINTE

Mgr CottanceauVoici que nous nous préparons à vivre une semaine Sainte tout à fait particulière, dans la mesure où nous la vivrons chez nous, confinés, peut-être en famille, devant notre écran TV ou notre tablette. Que soient remerciés nos médias locaux pour leur service qui nous permettra de nous associer par la Parole et l’image aux célébrations retransmises par leurs soins. Ils nous permettent ainsi de prendre conscience que si nous sommes confinés, nous ne sommes pas isolés. Si nous ne sommes pas réunis dans nos églises, nous pouvons cependant être rassemblés par la pensée, et par le cœur : rassemblés déjà à l’intérieur de nos propres familles, époux et épouses, conjoints, parents et enfants, de différentes générations mais vivant sous le même toit, avec nos anciens… rassemblés également par la même foi qui nous unit en Jésus Christ par-delà les frontières, et qui nous rend plus forts, différents, certes, mais complémentaires, comme les différents membres d’un même corps… unis également avec ceux et celles qui souffrent de l’épidémie et vivent difficilement ce temps d’épreuve : ceux et celles qui ont peur, qui savent un proche touché par la maladie, qui sont confrontés à de graves difficultés économiques et se demandent comment ils vont s’en sortir… Unis à ceux et celles qui luttent contre l’épidémie parce qu’ils et elles sont résolument du côté de la vie. Qu’il nous soit donné ici de remercier les frères et sœurs, qu’ils soient ou non d’Eglise, et qui donnent de leur temps, de leur énergie, de leurs compétences pour venir à la rencontre des plus déshérités. Pensons aux organismes caritatifs comme le Secours Catholique, l’Ordre de Malte, Te Vai Eté, le truck de la Miséricorde, sans oublier les services communaux, les services sociaux…

            Cette absence de rassemblements pour les offices sera peut-être pour chacun et chacune l’occasion d’en redécouvrir l’importance. C’est quand on est soudain privé d’un élément, d’une personne qui faisaient partie de nos habitudes et de notre routine qu’on en découvre l’importance. C’est le manque qui fait découvrir l’importance de ce qu’on vient de perdre… Heureuse circonstance qui nous prive de notre rassemblement dominical à l’Eglise, mais qui va nous aider à redécouvrir plus en profondeur combien cette dimension de rassemblement avec nos frères et sœurs autour de la Parole et de l’Eucharistie est essentielle à notre identité Chrétienne. Oui, on n’est pas Chrétien tout seul !

            Comme l’écrivait un de nos séminaristes, les privations que nous vivons durant ce Carême ne sont pas celles auxquelles nous étions habitués ! Au moment où nous nous apprêtons à entrer dans la Semaine Sainte chacun chez soi, unissons-nous au Christ qui a vécu lui aussi la solitude : à Gethsémani, où Pierre, Jacques et Jean dorment pendant qu’il prie, à Gethsémani encore ou les apôtres prennent la fuite quand Jésus est arrêté, chez le Grand Prêtre où personne n’est à ses côtés pour prendre sa défense et où Pierre le renie par trois fois, sur la croix où il s’adresse à son Père en lui disant : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Peut-être nous sera-t-il plus aisé de le rejoindre en ces jours où peut nous guetter le sentiment d’être seuls dans notre épreuve.

            Que la lumière de la Résurrection brille déjà dans notre cœur pour nous aider à fortifier notre Foi en Jésus Christ, lui qui est sorti vivant du tombeau.

                                                                                              + Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU