VOUS AVEZ DIT « VACCINATION » ?

Mgr CottanceauCe Lundi 12 Juillet, le Président de la République lors de son allocution, appelait les non-vaccinés à se faire vacciner sans tarder, cherchant à les convaincre de l’importance de cette démarche si on veut limiter puis enrayer la progression de ce virus. Devant les désastres sanitaires, humanitaires, économiques que ce virus provoque depuis près d’un an et demi dans toutes les parties du monde – plus de 4 millions de décès au 13 Juillet 2021 dont 144 pour la Polynésie Française - sans parler des souffrances engendrées dans les familles, des conséquences économiques et financières ayant conduit à une situation de précarité les revenus de ces familles et la santé des entreprises, surtout les plus petites, devant cette succession de variants qui ne cesse de repousser vers un avenir incertain le terme de ce combat, il serait vain d’attendre sans rien entreprendre à chaque niveau de la société que le problème se résolve par lui-même. Si l’on veut éviter l’usage du confinement généralisé qui a si lourdement pénalisé et handicapé la vie quotidienne de ceux qui y étaient soumis, si l’on veut éviter la fermeture des frontières risquant d’étouffer et de paralyser l’activité économique, le choix des moyens pour lutter contre ce virus est pour le moins limité. Et à ce jour, même si son efficacité n’est pas absolue à 100 %, le meilleur moyen reste la vaccination.

            C’est ainsi que furent rapidement mis au point des vaccins. Mais alors que les pays d’Afrique, d’Amérique Latine et de l’Asie clament avec insistance leur appel à l’aide pour recevoir et distribuer plus largement ces vaccins capables de sauver leurs populations, on observe dans les pays développés et jusqu’en Polynésie de très fortes résistances vis-à-vis de la vaccination. On peut y voir un refus de faire confiance au travail de ces chercheurs, refus amplifié par les réseaux sociaux. On doute facilement de la validité des affirmations scientifiques. On peut y voir également cette tendance à n’aborder ce problème que du point de vue « santé personnelle », sans aucune considération pour la « santé publique ». Cela signifie beaucoup : en effet, il y a dans le fait de se faire vacciner non seulement le souci de préserver sa santé personnelle mais aussi un enjeu de solidarité visant à respecter la santé d’autrui. Le fait de tomber malade détermine une augmentation des hospitalisations avec surcharge pour le système sanitaire. Plus encore, la pandémie a montré que l’humanité toute entière est connectée et que ce qui se passe dans un endroit du monde affecte l’humanité toute entière.

            Dans ce contexte, le vaccin n’est pas une option mais l’un des seuls outils pour sortir de cette pandémie. Le Pape François, conscient de cette dimension de solidarité dans le combat contre le virus a donné l’exemple en se faisant vacciner, et en faisant organiser au Vatican des séances de vaccination pour les plus défavorisés. Dans notre Fenua, nous avons cette chance de pouvoir nous faire vacciner, chance que beaucoup de peuples n’ont pas. Que n’entendrions-nous pas si le vaccin n’était pas arrivé chez nous ! Pourtant, l’augmentation du taux de personnes vaccinées semble ralentir. Face à la montée en puissance du variant Delta, face à la réouverture des frontières qui doit apporter une bouffée d’oxygène à notre économie et au tourisme, la vaccination demeure pourtant le seul moyen de nous protéger, de protéger nos matahiapo, de protéger les membres de nos familles. Si nous voulons voir le plus rapidement possible disparaitre ces mesures sanitaires qui altèrent nos célébrations et l’expression de nos relations fraternelles, si nous voulons retrouver un jour la spontanéité d’une accolade, d’un geste de paix, le plaisir d’un repas partagé sans limite de participants, si nous voulons aimer et protéger nos frères et sœurs, et si nous ne l’avons pas encore fait, un seul moyen, vaccinons-nous !

Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU