ECHOS SUR LE COVID 19

Mgr CottanceauAlors que, suite à la pandémie du Covid 19, nous entrions en confinement à la mi-mars, s’ouvrait pour chacun de nous une expérience nouvelle, une nouvelle façon de vivre les sacrements, surtout l’Eucharistie dominicale. Ce fut également au niveau des relations humaines et sociales une situation inédite à laquelle personne n’était préparée. Après bien des étapes parcourues en matière de confinement et de mesures sanitaires, le moment semble opportun de porter un regard sur ce que nous avons vécu pendant ces quatre mois.

Un premier constat : le renforcement de la prière en famille, notamment lors de la retransmission des messes et des célébrations par les médias, que ce soit au niveau paroissial, diocésain ou depuis Rome avec le Saint Père (comme le 27 Mars à St Pierre de Rome). Les assemblées dominicales étant devenu impossibles, de nombreux foyers devenaient ainsi de petites communautés d’Eglise familiales. Beaucoup de personnes ont redécouvert l’oraison, la lecture savoureuse de la Parole, la prière en famille. Comme en prolongation de ce constat, il faut souligner les initiatives prises par les curés, les médias diocésains, les chaines de TV pour retransmettre ces temps de célébration avec parfois peu de moyens, mais avec le désir de maintenir le lien entre les pasteurs et leurs fidèles. Cependant, bien qu’une légitime appréhension se fasse jour à conduire enfants et personnes âgées aux célébrations communautaires dans les églises depuis la fin du confinement, rien ne peut remplacer pour les jeunes et les adultes, la présence aux offices ou aux eucharisties ainsi que la communion sacramentelle, quand celle-ci est possible. Se priver de l’assemblée dominicale sans raison valable pourrait à long terme conduire à un repli sur soi et à la perte du sens communautaire si important pour un disciple de Jésus Christ.

Un deuxième constat : le fait d’être privé d’Eucharistie a provoqué bien des souffrances chez nombre de croyants, et ce à juste titre. Mais n’oublions pas que le si le Seigneur vient à nous dans le Pain Eucharistique, il vient à nous également dans sa Parole accueillie, méditée, partagée en communauté et vécue chaque jour de notre existence, dans les événements de notre vie ! Il vient enfin à nous par l’accueil du frère ou de la sœur qui croise notre route… Si l’Eucharistie constitue la source et le sommet de la vie Chrétienne, elle ne saurait en constituer la seule et unique expression, au risque d’en voir pervertis le sens et la portée. La vie Chrétienne demande l’amour qui se nourrit de l’Eucharistie et nous rapproche du Seigneur et de nos frères. Elle demande la connaissance qui permet de mieux comprendre le message de l’Evangile tel que l’Eglise nous le transmet. Elle demande enfin la participation qui nous engage concrètement dans la vie de nos communautés, dans la vie de l’Eglise et du monde.

Un troisième constat : le confinement a mis en lumière les fractures sociales de notre société. Le confinement a mis à dure épreuve et amplifié la souffrance des plus faibles, des plus pauvres, des personnes sans logis, des plus âgés isolés, des prisonniers et des hospitalisés. Mais il a également révélé la bonne volonté, la générosité de tous ceux, croyants ou non, qui ont retroussé les manches et ont été disponibles pour agir et apporter réconfort et aide matérielle à ceux et celles qui en avaient besoin. Ce faisant, ils ont fait le choix du partage, de la solidarité, de l’engagement concret. Ils ont choisi la vie pour combattre tous les virus de mort qui poussent au repli sur soi et au refus de voir ce qui se passe autour de soi. Un dernier constat reprenant une réflexion des évêques de France à propos de cet épisode du Covid 19 : notre Eglise a joué le jeu de la solidarité avec le pays pour faire face aux conséquences de cette épidémie. Nous avons porté notre attention sur les mesures sanitaires, sur la solidarité, mais au-delà, quel message avons-nous porté sur la souffrance, sur la mort, sur l’espérance en la résurrection, et sur la vie ?

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU