MORT D’UN ENFANT « SECOUE » !

Mgr CottanceauIl y a quelques jours de cela, l’actualité du Fenua faisait état de ce dramatique évènement d’un nourrisson décédé d’avoir été violemment secoué. L’évocation médicale de ce qu’avait subi ce bébé, et surtout le fait de l’implication de ses parents ne pouvaient laisser personne indifférent. Il était même légitime que d’aucuns se posent la question de savoir comment une telle chose était possible.

Sans chercher à « récupérer » cet évènement, et sans vouloir se substituer à la justice des Hommes pour déterminer responsabilités et circonstances atténuantes, nous pouvons cependant refuser la fatalité, refuser de baisser les bras et chercher une lumière ouvrant à l’espérance pour que de pareilles tragédies ne se reproduisent plus. N’est-ce pas notre combat à la suite du Christ, croire en la personne humaine ? Dans son exhortation apostolique « Amoris Laetitia », le Pape François nous ouvre à ce qui peut aider nos familles à devenir aussi de « saintes familles », c’est-à-dire des familles où jour après jour, et malgré obstacles et difficultés psychologiques, économiques ou autres, le désir d’aimer grandit et porte du fruit. 

Il nous invite d’abord à sortir de ce mirage du « tout, tout de suite » qui conduit à des engagements fondamentaux pris à la hâte et pour lesquels nous ne sommes pas prêts par manque de maturité : « L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation. Parfois le problème, c’est le rythme frénétique de la société, ou les horaires ».

Il insiste sur la qualité des relations, de l’écoute de l’autre lorsqu’il ou elle partage des peines cachées, des souffrances intérieures, des incompréhensions. Problème de la communication qui fait que souvent, on entend, mais on n’écoute pas ! « Nous partageons uniquement un espace physique mais sans nous prêter attention mutuellement » nous dit le Pape François. Entre mari et femme, entre parents et enfants, quel cœur à cœur nous relie, pour que chaque membre de la famille grandisse et s’épanouisse ? Pour que difficultés personnelles, souffrances intérieures soient portées à deux dans un dialogue mari – femme ?

Il rappelle également à sa façon ce que déclare le Psaume 127 : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs ; si le Seigneur ne garde la ville, en vain la garde veille ». Ainsi, écrit-il, « il faut encourager chacun des conjoints à avoir des moments de prière dans la solitude face à Dieu, car chacun a ses croix secrètes. Pourquoi ne pas dire à Dieu ce qui perturbe le cœur, ou lui demander la force de guérir les blessures personnelles, et implorer la lumière nécessaire pour pouvoir répondre à son propre engagement ? » En d’autres termes, la prière ne résout pas les problèmes comme par miracle, mais elle peut donner le courage de les affronter en face avec courage, lucidité, et aider à prendre les bonnes décisions. Et c’est déjà beaucoup !!!

Marie et Joseph réunis dans un même mystère d’amour accueilli, donné et partagé ont accueilli Jésus qui a pu compter sur une maman et sur un père adoptif pour grandir harmonieusement et prendre sa dimension d’adulte. Sainte Famille où la relation entre époux et épouse se développe dans le respect de chacun, l’attention et le dialogue, la bienveillance et la patience. Sainte Famille où Dieu a sa place… 

            Ne nous décourageons pas, et reprenons notre route, pour que nos familles soient un peu plus chaque jour de « saintes familles » où les enfants soient accueillis et aimés...

   +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU