NE PLEURE PAS…

Mgr CottanceauAlors que de plus en plus de nos familles voient partir encore ces jours-ci de façon soudaine ceux et celles qui nous étaient attachées, parents, amis, proches, alors que nous avons été invités le 5 Septembre dernier, à nous unir à leur peine et à leur souffrance et à prier pour nos défunts emportés par la Covid, nous célébrons cette semaine la Croix Glorieuse et Notre Dame des Douleurs. Ne serait-ce pas pour nous l’occasion de réapprendre à regarder à la suite de Marie et du Christ lui-même la mort en face, avec foi et espérance ? Oui, la mort de Jésus en croix, la mort de nos proches, la mort que chacun devra affronter un jour reste objet de scandale même pour les croyants surtout quand elle frappe de manière brutale, imprévisible, aveugle ! Dans le livre « Qu’est-ce que l’Homme pour que tu penses à lui ? » (Bayard – Mame 2019) publié par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, ceux-ci nous rappellent « qu’il est naturel d’avoir peur de la mort, et la foi ne nous invite pas à une inhumaine indifférence… Il est légitime de porter ce cri devant Dieu, comme Job. Jésus lui-même a eu peur face à sa propre mort, nous rejoignant par-là dans toute notre faiblesse ». Pourtant, depuis le matin de Pâques, nous savons que « par la résurrection du Christ, la mort est devenue un passage vers la vie en Dieu si l’Homme se laisse rejoindre par lui. Elle n’est pas la fin de tout. Il est urgent de rappeler l’espérance » (page 40). « La mort a été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô Mort, ta victoire ? Où est-il, ô Mort, ton aiguillon ? » (1 Co 15, 54) Puisse cette prière de Saint Augustin tirée des « Confessions » (ci-dessous) nous aider à entrer plus avant dans cette espérance folle.

« La mort n’est rien.

Je suis seulement passé de l’autre côté

Je suis moi, tu es toi.
Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné,

Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas un ton différent,

Ne prends pas un air solennel ou triste.
Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Prie, souris, pense à moi, prie avec moi.

Si tu savais le don de Dieu et ce que c’est que le ciel.
Si tu pouvais d’ici entendre le chant des anges et me voir au milieu d’eux !

Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les horizons et les champs éternels,

Les nouveaux sentiers où je marche !

Si un instant tu pouvais contempler comme moi la Beauté

Devant laquelle toutes les beautés pâlissent !

Quoi ! Tu m’as vu, tu m’as aimé dans le pays des ombres

Et tu ne pourrais ni me revoir, ni m’aimer encore

Dans le pays des immuables réalités ?

Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens

Comme elle a brisé ceux qui m’enchainaient,

Et quand un jour que Dieu connaît et qu’il a fixé,

Ton âme viendra dans le ciel où l’a précédée la mienne,

Ce jour-là, tu reverras celui qui t’aimait et qui t’aime encore…

Essuie tes larmes et ne pleure pas si tu m’aimes ! »

                                                                                             † Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU