QUELLE SOCIÉTÉ POUR AUJOURD’HUI ?

Mgr CottanceauDeux événements, apparemment sans aucun rapport entre eux, viennent s’imposer ces jours-ci, l’un dans la vie politique du Fenua et l’autre dans la vie de l’Eglise. Il s’agit des élections sénatoriales d’une part, et de la prochaine publication de la nouvelle encyclique du Pape François, « Fratelli Tutti » (Titre inspiré de St François d’Assise) d’autre part. Pourtant, chacun de ces deux événements nous invite à une réflexion sur la société que nous voulons, sur les relations humaines que nous voulons voir s’y développer, et sur les institutions politiques mises en œuvre pour la faire fonctionner. L’un ne va pas sans l’autre. Rappelons que le projet de Dieu dans sa création est que tous les humains puissent vivre en paix sur une terre qui ne leur appartient pas mais qui appartient à Dieu. Ce projet de Dieu doit se réaliser dans l'Histoire de l'humanité. C’est dans l’Histoire que Dieu agit. Comme les mots lui servent pour se révéler, l’histoire lui sert pour agir et poursuivre son œuvre. Ainsi, les responsables du pays avec les institutions dont ils disposent sont des instruments entre les mains de Dieu pour qu’il réalise son dessein. La politique, l’économie sont dans l’histoire le moyen par lequel Dieu agit par les responsables du pays. Et dans cette histoire, la justice a une place fondamentale. Elle n’est pas simplement une valeur morale, elle est la part de Dieu dans la vie des Hommes, la marque de la présence de Dieu dans leur histoire. L’univers est déjà fait. Il reste à faire l’histoire. Pour la faire, Dieu a besoin des hommes, mais les hommes doivent faire cette histoire selon le plan de Dieu, c’est à dire avec justice. La justice ne concerne donc pas les rapports humains seulement, elle concerne Dieu. Elle n’est pas simplement l’observation de lois et le bon fonctionnement des institutions, c’est, de la part de chaque citoyen, de chaque responsable de la vie politique, économique ou sociale, avoir une conduite et un regard « juste » à l’égard de tous, faire tout ce qui est possible pour que recule l’injustice et pour que grandisse l’amour, la bienveillance. Comme le rappelle le Conseil Permanent des évêques de France dans son document « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » (Bayard 2016), « le politique…définit les conditions de la vie en société tandis que la politique désigne les activités, les stratégies et les procédures concrètes qui touchent l’exercice du pouvoir… Quelle société voulons-nous construire ? A quel projet de société pouvons-nous aspirer ? Nous croyons en une société où l’être humain est plus qu’un élément du processus économique ou technologique »

            C’est justement sur l’esprit et la façon dont se construisent ces relations humaines à l’intérieur de nos sociétés que nous interpelle le Pape François dans sa future encyclique « Fratelli tutti » qu’il signera à Assise le 03 Octobre. Le sous-titre évoque la fraternité et l’amitié sociale. Dans un article publié sur le site « Vatican News » du 16 Septembre 2020, Andrea Tornielli écrit : « François a choisi les paroles du saint d'Assise pour inaugurer une réflexion à laquelle il tient beaucoup, sur la fraternité et l'amitié sociale et qu'il entend donc adresser à toutes les sœurs et tous les frères, à tous les hommes et femmes de bonne volonté qui peuplent la terre. À tous, de manière inclusive et jamais exclusive. Nous vivons à une époque marquée par la guerre, la pauvreté, les migrations, le changement climatique, la crise économique, les pandémies : se reconnaître frères et sœurs, reconnaître dans celui que l’on rencontre, un frère et une sœur ; et pour les chrétiens, reconnaître dans celui qui souffre le visage de Jésus, est une façon de réaffirmer la dignité irréductible de tout être humain créé à l'image de Dieu. Et c'est aussi une façon de nous rappeler que nous ne pourrons jamais sortir seuls des épreuves actuelles, l'un contre l'autre, le Nord contre le Sud, les riches contre les pauvres, ou en étant séparés par quelque autre différence excluante… La fraternité et l'amitié sociale, thèmes indiqués dans le sous-titre de l’encyclique, indiquent ce qui unit les hommes et les femmes, une affection qui s'établit entre des personnes qui ne sont pas parents par le sang et qui s'exprime par des actes de bienveillance, avec des formes d'aide et des actions généreuses en cas de besoin. Une affection désintéressée envers les autres êtres humains, indépendamment de toute différence et de toute appartenance ».

            Puissions-nous profiter de ces occasions pour faire le point sur notre façon de nous intéresser aux institutions qui cadrent la vie de notre pays, et sur l’esprit avec lequel nous tissons nos liens d’humanité !

                                                                                         +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU