TU NOUS AS CHOISIS POUR SERVIR EN TA PRESENCE…

Mgr Cottanceau            Ce Jeudi 18 Mars a lieu en l’église Maria No Te Hau la messe Chrismale. Pendant cette célébration eucharistique particulière, l’évêque consacre les saintes huiles pour le baptême, la confirmation et le sacrement de l’ordre (saint-chrême), les huiles pour l’onction des malades et pour les catéchumènes qui se préparent au baptême. Les prêtres se rassemblent pour cette messe et y concélèbrent, car ils sont les coopérateurs de leur évêque, eux qui partagent sa mission sacrée d’édifier le peuple de Dieu, de le sanctifier et de le diriger. Et pour manifester ainsi l’unité du sacerdoce, ils renouvellent pendant cette messe les promesses qu’ils avaient faites à l’évêque au jour de leur ordination sacerdotale. Voilà pour nous une bonne occasion d’approfondir notre compréhension du « prêtre de Jésus Christ », et ce à partir du livre « Des profondeurs de nos cœurs », écrit par le Pape émérite Benoit XVI et par le Cardinal Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin.

Le canon II de notre prière Eucharistique décrit le cœur du ministère sacerdotal à partir de deux fonctions : la première, « se tenir devant le Seigneur « et la seconde, « le servir » : « … et nous te rendons grâces car tu nous as choisis pour servir en ta présence ». Le prêtre de Jésus Christ a pour mission de se tenir devant Dieu, avec l’Eucharistie comme centre de sa vie sacerdotale. Plus encore, il est celui qui veille et doit rester vigilant face aux pouvoirs du mal. Il doit garder le monde en éveil pour Dieu, il doit être quelqu’un qui reste debout, droit face aux courants du temps. Droit dans la vérité, droit dans l’engagement au service du bien. Appelé à se tenir droit devant le Seigneur, le prêtre est également appelé à le servir. Dans la célébration de l’Eucharistie, ce qu’accomplit le prêtre revient à servir Dieu et les hommes. Le culte que le Christ a rendu au Père a été en effet un don de soi jusqu’au bout, pour les Hommes. C’est dans ce culte, dans ce service que le prêtre doit s’inscrire. « Servir » prend alors plusieurs dimensions :

+ Ce service l’amène à célébrer avec la dignité que requiert la liturgie et les sacrements, et avec participation intérieure de lui-même ; développer une familiarité vivante avec la liturgie afin qu’elle devienne l’âme de sa vie quotidienne, rejeter tout ce qu’il pourrait y avoir d’artificiel.

+ Ensuite, si la liturgie est un devoir central du prêtre, cela signifie également que la prière doit être une réalité prioritaire qu’il faut toujours apprendre et approfondir à l’école du Christ et des saints de tous les temps.

+ Et puisque la liturgie chrétienne, par nature, est toujours aussi annonce, le prêtre doit être une personne qui entretient une familiarité avec la Parole de Dieu, qui l’aime, et qui la vit.

En ordonnant des prêtres, l’Eglise n’institue pas des fonctionnaires chargés de faire tourner une entreprise, elle reconnait d’abord l’appel que Dieu a adressé à tel homme en réponse à sa prière : « La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maitre de la moisson qu’il envoie des ouvriers à sa moisson » (Mt 9, 37). Dans cette ligne, le Pape François ose affirmer avec lucidité et courage : « En de nombreux endroits, les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée deviennent rares. Souvent, dans les communautés, cela est dû à l’absence d’une ferveur apostolique contagieuse, et pour cette raison, elles n’enthousiasment pas et ne suscitent pas d’attirance » (Evangelii Gaudium n° 107) N’aurait-on pas renoncé à annoncer le Christ ? Rappelons le cœur du mandat que Jésus nous a donné : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Nous prenons grand soin des peuples, de leur développement économique, mais peut-être pas assez d’annoncer le cœur de notre foi. Et le Cardinal Sarah de préciser : « nous sommes devenus des spécialistes en matière d’action sociale, politique ou économique. Pourtant, comme le rappelait Benoit XVI, « les fidèles n’attendent qu’une chose des prêtres : qu’ils soient des spécialistes de la rencontre de l’Homme avec Dieu ». (Discours au clergé polonais, 25 Mars 2006). Est-ce bien ce que nous attendons d’eux ? Qu’alors notre prière les soutienne dans cette belle mission…

     Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU