26 août Ste Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages

Sainte jeanne elisabethSainte Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages

Fondatrice des Filles de la Croix (1773 - 1838) - Canonisée en 1947

Enfance de Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages

Elisabeth, née au Château des Âges, est baptisée le jour même de sa naissance à l’église de St. Génitour du Blanc.

Sur l’acte du baptême, deux témoins : la servante et le cocher vont attester leur présence par une petite croix.
Elisabeth est une petite fille  facile à élever ;  elle grandit, choyée par ses parents et ses trois frères.

L’éducation à la foi chrétienne est faite par Madame Bichier. A travers tout, elle trouve l’occasion d’enseigner à ses enfants la présence de Dieu : prière, partage, hospitalité….

Elisabeth est attirée par tout ce qui touche la vie avec Dieu.

A la fin de ses études à Poitiers, Elisabeth rejoint sa famille au Château des Ages. La vie d’une châtelaine n’est pas une vie oisive. A l’école de sa mère, elle apprend tout ce qui est nécessaire à la bonne marche  de la maisonnée.

Chaque après-midi, elle va prier dans l’église de son baptême et reste de longs moments en adoration devant Jésus Eucharistie.

En 1789,  c’est la Révolution en France.

La famille Bichier se disloque. Laurent, le frère aîné émigre. Monsieur Bichier tombe malade. Il s’éteint le 17 janvier 1792.

La Constitution civile du Clergé, votée par l’Assemblée est cause de dissensions religieuses dans le pays.

Très vite, l’incidence de l’émigration de Laurent retombe sur les habitantes du Château des Ages. Madame Bichier et sa fille décident de quitter le château et s’établissent au Blanc.

Un jour, le Comité révolutionnaire invite Elisabeth à tenir la place de la Déesse Raison. Face au refus d’Elisabeth, les visites domiciliaires, les tracasseries presque quotidiennes se multiplient. Lors d’une visite, le Comité découvre, dans un coin de grenier, des équipements militaires ayant servi aux gardes que commandait Monsieur Bichier : Madame Bichier et sa fille sont emprisonnées à Châteauroux

Un des frères d’Elisabeth obtient, assez vite,  la libération de sa mère et de sa sœur.

En 1796, Elisabeth et sa mère s’installent à Béthines dans leur propriété de La Guimetière.

C’est, pour Elisabeth, le calme d’une vie « normale », mais son être profondément religieux souffre de sa situation. Depuis des mois, des années, Elisabeth n’a pas communié. Elle porte plus que jamais dans son cœur le désir de se consacrer à Dieu.

Un jour de 1797, le vieux serviteur de La Guimetière a quelque chose à dire à ces dames, quelque chose qui se dit tout bas :
Un curé, un vrai curé catholique, l’abbé Fournet, célèbre la messe en cachette, de temps en temps pour les chrétiens des environs.
Ce prêtre risque sa vie. On dit qu’il vit caché … que les gendarmes le cherchent …

La prochaine messe sera célébrée dans la ferme des Marsyllis, à quinze kilomètres d’ici, une nuit de la semaine prochaine. Il faut arriver de nuit, éviter d’être vu.
Elisabeth a écouté. Se confesser, communier, pouvoir parler à un prêtre que l’on dit être un saint ! C’est une réponse du Seigneur à sa prière de chaque jour.
Elisabeth, sur son petit âne, accompagnée du serviteur qui la conduit , traverse le plateau, de Béthines aux Marsyllis. Elle s’est enveloppée de la mante sombre des femmes du pays. Ils se sont mis en route dès la tombée de la nuit. Après plus de trois heures de marche, ils pensent être près du but.
Tout est noir … tout est désert … On s’avance … au fond, on aperçoit le vantail d’une porte de grange. L’homme se glisse par la petite porte. La grange est pleine de monde. Des paysannes, des paysans, quelques adolescents ….. Le prêtre, revêtu des ornements sacerdotaux s’apprête à célébrer l’Eucharistie sur une table de cuisine recouverte de linge blanc.

Après la messe, le prêtre va s’installer à côté d’un confessionnal de fortune, dans le recoin de l’étable, et les personnes qui désirent se confesser s’approchent. Les gens s’écartent pour laisser passer Elisabeth. Le prêtre intervient :

« Croyez-vous, Mademoiselle, que je vais laisser pour vous entendre, ces mères de famille et ces paysans venus de plusieurs lieues pour réclamer mon ministère ? »
« Mon Père, il suffira que vous consentiez à m’écouter après eux, j’attendrai… »

Et l’attente commence et continue … Elisabeth se confessera la dernière de tous, presque à l’aube.
Elle confie, sûrement, à ce prêtre, son désir de don absolu de toute sa vie à Dieu.

La Guimetière

Lorsque Elisabeth transmet à sa mère l’orientation que le prêtre lui propose, Madame Bichier accepte volontiers d’ouvrir sa maison pour les catéchismes. Peu à peu, Elisabeth regroupe tout un petit monde à La Guimetière.
En 1801, le Concordat est signé. Il amène en France la paix religieuse. Elisabeth emploie tout son savoir-faire pour qu’une mission soit vécue à Béthines.Un des missionnaires est le Père Fournet.

Dans la nuit du 20 juillet 1804, Madame Bichier décède.
Elisabeth peut désormais répondre au désir du Père Fournet qui lui propose de grouper autour d’elle des jeunes filles pour former  une communauté religieuse.
Pendant un an, Elisabeth va à la Providence à Poitiers, avec sa servante Marie-Anne pour « apprendre » la vie religieuse. A leur retour à La Guimetière, deux amies, Véronique et Madeleine les rejoignent.

La communauté à Maillé

Elisabeth et ses compagnes commencent bientôt une vie de communauté à Maillé sous la direction du Père André.
Elle a cherché une demeure assez vaste pour y loger la communauté des 5 sœurs et ouvrir une classe. Elle a trouvé une gentilhommière, appelée Molante.
Avec Elisabeth, le Père André a composé un petit règlement de vie et les sœurs dans leur élan généreux s’y appliquent de tout leur cœur.

En février 1807, les 5 premières sœurs prononcent leurs vœux. Elles font vœu de pauvreté, chasteté, obéissance. Elles ajoutent la promesse de se vouer au soulagement des malades et à l’instruction des pauvres.
Chaque jour, dans le petit oratoire de Molante, les sœurs se relaient pour une adoration perpétuelle.

Un matin, au retour de la messe célébrée à l’église de Maillé, Sœur Elisabeth semble entendre des cris étouffés dans les broussailles. Guidée par les plaintes, Elisabeth se fraie un chemin, dans les épines.
Au pied d’un chêne, se creuse une grotte assez vaste. Une vieille femme dévorée de plaies et de vermine gémit. Elisabeth s’affaire pour chercher de l’aide : il faut héberger cette personne, la soigner, l’aider.

A Molante, la cancéreuse (comme on l’appelle) est soignée jour et nuit. Elle mourra dans les bras d’Elisabeth.
Pour la communauté de Molante, pour toutes les sœurs Filles de la Croix, la grotte de la cancéreuse reste un lieu de pèlerinage.

La Puye

La maison de Molante est pleine à craquer. C’est une ruche débordante de prière et de travail. Les sœurs essaient de vivre l’amour de Dieu et des autres. Elisabeth voit le désir du Père Fournet réalisé.

Des jeunes filles sont venues partager la vie et la mission des sœurs. Elisabeth réfléchit, s’informe auprès d’autres congrégations sur l’avenir de la communauté de Molante. Elle a recueilli des renseignements qui lui seront utiles pour l’organisation de la communauté. Il est indispensable que l’intuition première du Père André soit précisée et écrite. Une règle de vie sera donc écrite.
La maison de Molante est trop petite. Il faut donc penser à déménager. Les sœurs s’installent au bourg de St. Pierre de Maillé puis à La Puye dans les restes des bâtiments du prieuré fontevriste.

Elisabeth a dû subir une intervention chirurgicale à Paris. L’opération est longue. Le chirurgien est étonné du courage de la malade, admire sa simplicité, son amabilité, sa foi. Des dames des cercles mondains de la capitale rendent visite à Elisabeth et demandent une présence religieuse dans la région parisienne.

De nombreux appels sont lancés pour l’éducation des enfants … le soin des malades et des personnes âgées …. C’est l’époque des fondations …. Sœur Elisabeth a ouvert beaucoup de communautés à travers toute la France.

« Glorifier Dieu et le faire Glorifier par les petits et les pauvres » était ce qui animait Sœur Elisabeth et ses sœurs.

Sœur Elisabeth, malgré un tempérament robuste, est affaiblie par la maladie et la souffrance.
Le 26 août 1838, Sœur Elisabeth est entrée dans la gloire du Christ, son Seigneur.

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