QUAND DES JEUNES SE REVELENT !

Mgr CottanceauEn cette période de l’année liturgique où beaucoup de communautés paroissiales célèbrent la Confirmation, jeunes ayant atteint l’âge requis et adultes ayant manifesté leur désir d’accueillir l’Esprit Saint sont invités à écrire une lettre à l’évêque pour se présenter et exprimer leur demande de recevoir ce sacrement. La lecture de ces lettres écrites par les jeunes révèle ainsi une partie de leur vie, de leurs désirs, de leurs difficultés, de ce qui est important à leurs yeux. Revient en tête de leurs préoccupations et de ce qui compte pour eux : la famille. Elle est le lieu où ils disent se sentir aimés, soutenus, même si parfois, sont évoquées les difficultés de relation avec les parents... Ils savent par expérience ce qu’ils leur doivent, et parfois expriment clairement ce qu’ils attendent d’eux : « Je désire tellement que mes parents se marient ». Certains vivant dans des familles « recomposées » mentionnent avec pudeur les séparations et l’éloignement de leur père ou de leur mère tout en faisant preuve de résilience et de résignation. Nombreux sont ceux qui expriment ce désir de ne pas décevoir leurs parents et de faire en sorte que leurs parents soient fiers d’eux. Pour cela, ils disent vouloir réussir leur vie, leurs études pour qu’un jour, eux, les enfants, puissent à leur tour, aider leurs parents. Souvent revient également chez eux cette aspiration à aimer et à faire le bien autour d’eux, à rendre les autres heureux, faire du bien à ceux qui souffrent ; c’est ainsi que certains se voient devenir infirmiers, docteurs pour soigner les malades, avocats pour défendre les pauvres, soldats pour faire reculer les guerres, Plus profondément encore, certains font état de leur désir de voir plus clair dans leur vie, de faire mûrir leur foi et ils attendent que l’Esprit Saint les aide à « rester sur le bon chemin », à être plus proches de Jésus et de Dieu ; l’un d’eux écrit : « J’aimerais être ce que le Seigneur veut que je sois ! ».

            Ces jeunes font souvent preuve d’une grande lucidité et d’une grande honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils ne sont pas naïfs ! Ecoutons-les : « Pas facile de mener une vie Chrétienne » ; « J’ai peur de prier en public » ; « Parfois, j’ai la haine ! » ; « Parfois, je doute, je perds la foi » ; « Je ne pense pas à Jésus » ; « Les non-croyants essaient de me faire arrêter de croire » ; « J’aimerais avoir le don de la sagesse pour me calmer face à la violence » ; la question de la mort vient parfois les tourmenter lorsqu’ils sont confrontés au départ de ceux qu’ils aiment : « Je me demande si un jour, je reverrai (tel membre de ma famille) qui est décédé ! »

Certains concluent leur lettre par une prière qui nous laisse entrevoir le trésor qui se cache au meilleur d’eux-mêmes : « Esprit Saint, aide-moi à pardonner et à aimer, à obéir et à offrir » ; « Jésus, sache que je t’aime du plus profond de mon cœur » ; « Mon Dieu, guidez-moi et faites que je puisse ouvrir mon cœur » ; « J’aime l’Eglise ».

Cet « instantané » dévoilant une petite partie de ce que vivent ceux qui ont écrit ces lettres doit nous interpeler sur le regard que nous portons sur « les jeunes ». Regardons d’abord ceux qui nous sont proches, ceux de nos familles, ceux qui nous entourent, et demandons-nous comment nous pouvons les écouter, les accueillir tels qu’ils sont, les accompagner. Apprenons à les connaître mieux. Peut-être serons-nous surpris de découvrir patiemment et dans le respect de leur intimité, les trésors que le Seigneur a déposés dans leur cœur. Il serait en effet dommage que l’évêque soit seul à en bénéficier !

  † Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU