FRATELLI TUTTI (2)

Mgr CottanceauLe 3 Octobre dernier, le Pape François signait à Assise (Italie) sa troisième encyclique intitulée « Fratelli Tutti – Tous frères ». Ce titre est une expression qu’utilisait St François d’Assise pour inviter à un mode de vie aux couleurs de l’Evangile. Il entendait proposer à tous les Hommes et Femmes de vivre un amour qui dépassait toute barrière de quelque nature qu’elle soit, un amour capable de construire la fraternité et l’amitié sociale. Après avoir évoqué dans le « Communiqué » du 21 Octobre les deux premiers chapitres, arrêtons-nous aujourd’hui sur le chapitre trois.

Ce chapitre (§87 à §127) est intitulé « Penser et gérer un monde ouvert ». Poursuivant sa réflexion sur ce rêve de fraternité et d’amitié sociale, le Pape François élargit sa vision à l’universel, et ce à partir d’une affirmation que le Christ adresse explicitement à la foule et à ses disciples : « Tous, vous êtes des frères » (Mt 23, 8). Le Saint Père nous exhorte ainsi à sortir de nous-mêmes « pour trouver dans les autres un accroissement d’être » (88). Il s’agit d’une invitation adressée à chacun : s’ouvrir au prochain selon le dynamisme de la charité qui nous entraine vers la « communion universelle ». En effet, précise le St Père, « le fait de constituer un couple ou d’être des amis doit ouvrir nos cœurs à d’autres cercles pour nous rendre capables de sortir de nous-mêmes de sorte que nous accueillons tout le monde. Les groupes fermés… qui constituent un « nous » contre tout le monde sont souvent des formes idéalisées d’égoïsme et de pure auto-préservation » (89)

Une telle attitude d’ouverture implique que nous soyons convaincus :
•    Que l’être humain atteint sa plénitude en se donnant aux autres ;
•    Que l’amour exige une plus grande capacité à accueillir les autres en intégrant ceux qui ont été repoussés aux marges de nos sociétés ;
•    Que l’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement l’amitié sociale.
Ainsi, si nous voulons promouvoir le bien social, nous devons promouvoir les valeurs qui mènent au développement humain intégral permettant à toute personne de se voir reconnue unique et irremplaçable, ayant le droit de vivre dans la dignité. Pour cela, il importe :
•    Que nous pensions et agissions en termes de communauté ;
•    Que nous luttions contre les causes qui engendrent la pauvreté et l’inégalité ;
•    Que nous exigions de l’Etat qu’il soit présent et actif en faveur des personnes fragiles. « Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement ; et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays » (107)
•    Que nous soyons prêts à œuvrer pour que personne ne soit exclu de la vie de nos sociétés ;
•    Que nous cherchions ensemble à établir une paix durable basée sur des fondements de solidarité et de service.
 
Terminons l’évocation rapide de ce chapitre 3 avec ces paroles du § 95 : « L’amour nous met en tension vers la communion universelle. Personne ne mûrit ni n’atteint sa plénitude en s’isolant… L’amour exige une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres dans une aventure sans fin… »  

        +Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU