CHARLES DE FOUCAULD


Mgr CottanceauLe Pape François vient de reconnaître l’attribution à Charles de Foucauld, mort en 1916 à Tamanrasset (Algérie), d’un deuxième miracle, ouvrant la voie à sa canonisation prochaine. Qui donc est cette belle figure que le Saint Père nous propose en exemple de vie chrétienne ?

Né en 1858 à Strasbourg, Charles de Foucauld se trouve orphelin dès l’âge de 5 ans. Pendant ses études secondaires, il perd la foi. Peu enthousiaste pour les études, il préfère la vie facile et joyeuse. Il entre à l’école militaire de St Cyr, d’où il réussira à sortir parmi les derniers de sa promotion ! Mais sa vie de militaire ne satisfait pas sa quête de sens de son existence. Il quitte donc l’armée à 24 ans. Attiré par l’Afrique du Nord, et ayant appris l’Arabe, il part pour une expédition au Maroc en 1884 au cours de laquelle, se faisant passer pour un rabbin, il découvre l'islam. Cette découverte réveille en lui sa propre foi catholique : « L’Islam a produit en moi un profond bouleversement... La vue de cette foi, de ces hommes vivant dans la continuelle présence de Dieu m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines ». (Lettre à Henri de Castries, 8 juillet 1901). Rentré à Paris, il rencontre un prêtre auprès duquel il chemine, se confesse et reçoit la communion. C’est pour Charles de Foucauld un nouveau départ. Sa recherche spirituelle le conduira en Terre Sainte, à la Trappe en France puis en Syrie. En 1897, il revient à Nazareth chez les Soeurs Clarisses. Deux ans plus tard, il est de retour en France et sera ordonné prêtre en 1901. Il demande alors à partir au Sahara où il s’installe à Beni Abbès, avec l’objectif de vivre simplement au milieu des habitants comme un « frère universel », selon ses mots.

Mais son désir d’aller toujours plus loin, à la rencontre des plus « lointains » le conduit en 1905 à partir au coeur du Sahara, à Tamanrasset. Là, il partage sa vie entre la prière, l’étude de la langue et de la culture de ce peuple Touareg qu’il a rejoint, et les rencontres avec les gens. « Je choisis Tamanrasset, village de vingt feux en pleine montagne, au coeur du Hoggar et des Dag Rali, sa principale tribu, à l'écart de tous les centres importants. Il ne me semble pas que jamais il doive y avoir garnison, ni télégraphe, ni Européen, et que, de longtemps, il n'y aura pas de mission. Je choisis ce lieu délaissé et je m'y fixe, en suppliant Jésus de bénir cet établissement où je veux, dans ma vie, prendre pour seul exemple sa vie de Nazareth ». (1er août 1905, Carnet de Tamanrasset, Nouvelle Cité 1986, p.48). Fait prisonnier par des rebelles pendant la 1° guerre mondiale, le P. Charles de Foucauld sera assassiné par son gardien en 1916, victime isolée d’une violence locale.

Laissons à Mgr Claude Rault, Evêque de Laghouat (Algérie), le soin de nous partager ce qui, à ses yeux, constitue l’héritage que nous laisse le P. Charles de Foucauld :

« C’est tout d’abord sa conversion. En quête de sens, il a vu de nombreux musulmans prier le Dieu Unique. Cela provoque en lui une longue interrogation qui l’amènera à renouer avec la foi de son enfance, une foi qui se centrera de plus en plus sur son « Bien Aimé et Frère et Seigneur Jésus ». Sa motivation profonde est d’aller vers les plus lointains. C’est cela qui le pousse vers le Sahara. Il n’y va pas dans un souci de vie érémitique, mais pour rencontrer les plus démunis et prendre la dernière place… toujours occupée ! En homme de foi et en savant, il entre avec respect dans l’étude de la langue et de la culture de l’autre. Et il préfèrera « crier l’Evangile par toute sa vie » plutôt que de le déclamer sur les toits. Il passe de longues journées à travailler sur les poésies touarègues (6000 vers transcrits et déchiffrés), et laisse un dictionnaire touareg de 4 volumes qui fait encore autorité. L’Eucharistie reste le centre de sa vie, dans l’adoration et la célébration. Elle le pousse à rencontrer Jésus dans le pauvre et l’autre différent. Il célèbre la messe régulièrement, dès qu’il le peut et se sentira profondément frustré lorsqu’il se trouvera seul sans pouvoir le faire ».

(Source eglise.catholique.fr)
+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU