QU’ILS SOIENT UN 

Mgr Cottanceau

Du 18 au 25 Janvier nous est proposée comme chaque année depuis 1908, date de sa création, la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens. Oui, c’est un fait : le peuple Chrétien se présente divisé en face des nations ! Dès les commencements du christianisme et au cours des siècles, des divisions n’ont cessé de déchirer l’Eglise. Ces divisions qui demeurent jusqu’à aujourd’hui constituent, en même temps qu’un considérable appauvrissement, une pierre d’achoppement devant ceux qui ne croient pas. Faut-il baisser les bras et en prendre son parti ? Ce serait consacrer la victoire de la division sur l’unité, cette unité voulue par le Christ lui-même : « Qu’ils soient un pour que le monde croie » (Jn 17, 21). 

C’est pourquoi, depuis les débuts du XX° siècle, des Chrétiens Orthodoxes, Catholiques, Protestants et Anglicans ayant pris conscience de cette situation, ont décidé de promouvoir des actions communes entre les divers courants du christianisme, en dépit de leurs différences doctrinales, avec pour objectif l ‘ « unité visible des chrétiens ». Ce mouvement appelé « œcuménique » (mot d’origine grecque signifiant « qui concerne toute la terre entière habitée ») se concrétise aujourd'hui par l'existence de divers accords, de nombreuses instances de dialogue, mais aussi par un certain nombre de réalisations concrètes, comme des entreprises de traduction commune des textes saints (comme la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible) ou la semaine de prière commune pour l'unité des chrétiens.

Lors du Concile Vatican II, et dans la mouvance de ce mouvement œcuménique, des observateurs non catholiques furent invités. De plus, parmi les textes conciliaires figure un décret sur l’œcuménisme, « Unitatis Redintegratio ». Autre décision prise au cours du Concile, la création du « Secrétariat pour l’unité des chrétiens », qui deviendra le « Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens » sous Jean-Paul II. En 1964, eut lieu la rencontre à Jérusalem entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras, Patriarche Orthodoxe de Constantinople, rencontre suivie le 7 décembre 1965 d’un « geste de justice et de pardon réciproque », la levée des excommunications réciproques frappant Catholiques et Orthodoxes depuis le XI° siècle. En 1966, le Pape Paul VI rencontrait l’archevêque de Cantorbéry, Michael Ramsey, Primat (chef religieux) de l’Eglise d’Angleterre.

Plus récemment, dans son exhortation apostolique « Ecclesia in Oceania » du 22 Novembre 2001, suite au Synode sur l’Océanie, le Pape Jean Paul II, évoquant cette situation de division des Chrétiens en cette partie du monde qui est la nôtre nous dit à ce sujet : « Les pères du synode ont considéré la désunion des Chrétiens comme un grand obstacle à la crédibilité du témoignage de l’Eglise. Ils ont exprimé le désir, empreint de tristesse, que le scandale de la désunion ne continue pas et que de nouveaux efforts de réconciliation et de dialogue soient réalisés pour que la splendeur de l’Evangile puisse briller plus clairement.

            Dans bien des territoires de mission de l’Océanie, les différences entre Eglises et communautés ecclésiales ont conduit dans le passé à la compétition et à l’opposition. Récemment, en revanche, les relations sont devenues plus positives et plus fraternelles. L’Eglise en Océanie a fait de l’œcuménisme sa grande priorité et elle a apporté aux activités œcuméniques nouveauté et ouverture d’esprit. L’œcuménisme a trouvé en Océanie un terrain fertile pour prendre racine, car dans beaucoup d’endroits, les communautés locales sont étroitement liées. Un désir encore plus fort de l’unité doit nous aider à garder ces communautés proches les unes des autres. Ce désir d’une communion plus intense dans le Christ a été manifesté au Synode par la présence de délégués fraternels des autres églises et communautés ecclésiales. Leurs contributions ont été encourageantes et utiles pour progresser vers l’unité voulue par le Christ. 

            Dans l’activité œcuménique, il est essentiel que les Catholiques acquièrent une meilleure connaissance de la doctrine de l’Eglise, de sa tradition et de son histoire, pour que, comprenant plus profondément leur foi, ils soient davantage capables de s’engager dans le dialogue. Il faut aussi un œcuménisme de la prière et de la conversion du cœur ».

            Il nous revient, non seulement pendant cette semaine de prière pour l’unité, mais tout au long de l’année, d’accueillir ces invitations pour que cet appel à l’Unité que nous adresse le Christ ne reste pas lettre morte !

† Jean-Pierre Cottanceau