Quand on proclame l’Evangile, c’est le Christ qui parle

Papefrancois1Catéchèse sur la liturgie de la Parole

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous continuons les catéchèses sur la messe. Nous en étions arrivés aux Lectures.

Le dialogue entre Dieu et son peuple, développé dans la liturgie de la Parole de la messe, atteint son sommet dans la proclamation de l’Évangile. Il est précédé par le chant de l’Alléluia – ou pendant le carême, une autre acclamation – par lequel « l’assemblée des fidèles accueille et salue le Seigneur qui va parler dans l’Évangile » (1). De même que les mystères du Christ éclairent toute la révélation biblique, ainsi, dans la liturgie de la Parole, l’Évangile constitue la lumière pour comprendre le sens des textes bibliques qui le précèdent, soit de l’Ancien soit du Nouveau Testament. En effet, « le Christ est le centre et la plénitude  de toute l’Écriture, comme de toute la célébration liturgique » (2). Jésus-Christ est toujours au centre, toujours.

C’est pourquoi la liturgie elle-même distingue l’Évangile des autres lectures et l’entoure d’un honneur et d’une vénération particuliers (3). En effet, sa lecture est réservée au ministre ordonné, qui termine en embrassant le livre ; on se met à l’écoute, debout, et on trace un signe de croix sur son front, sur sa bouche et sur sa poitrine ; les cierges et l’encens honorent le Christ qui, à travers la lecture de l’Évangile, fait résonner sa parole efficace. Grâce à ces signes, l’assemblée reconnaît la présence du Christ qui lui adresse la « bonne nouvelle » qui convertit et transforme. C’est un discours direct qui advient, comme l’attestent les acclamations par lesquelles on répond à la proclamation : « Gloire à Toi, Seigneur » et « Louange à toi, Seigneur Jésus ». Nous nous levons pour écouter l’Évangile mais c’est le Christ qui nous parle, là. Et c’est pourquoi nous sommes attentifs, parce que c’est un colloque direct. C’est le Seigneur qui nous parle.

Pendant la messe, nous lisons donc l’Évangile pour savoir comment se sont passés les événements, mais nous écoutons l’Évangile pour prendre conscience de ce que Jésus a fait et dit une fois ; et cette Parole est vivante, la Parole de Jésus qui est dans l’Évangile est vivante et arrive à mon cœur. C’est pourquoi écouter l’Évangile est si important, le cœur ouvert, parce que c’est une Parole vivante. Saint Augustin écrit que « la bouche du Christ c’est l’Évangile. Il règne dans les cieux, mais il ne cesse de parler sur la terre » (4). S’il est vrai que, dans la liturgie, « le Christ annonce encore l’Évangile » (5), il en découle qu’en participant à la messe, nous devons lui donner une réponse. Nous écoutons l’Évangile et nous devons donner une réponse dans notre vie.

Pour faire parvenir son message, Jésus se sert aussi de la parole du prêtre qui, après l’Évangile, donne l’homélie. (6) Vivement recommandée par le Concile Vatican II, comme une partie de la liturgie, (7) l’homélie n’est pas un discours de circonstance – ni même une catéchèse comme ce que je le fais maintenant – ni une conférence, ni même une leçon : l’homélie c’est autre chose. Qu’est-ce que l’homélie ? C’est « la reprise de ce dialogue qui est déjà entamé entre le Seigneur et son peuple » (8) afin qu’il trouve son accomplissement dans la vie. L’exégèse authentique de l’Évangile c’est notre vie sainte ! La parole du Seigneur termine sa course en se faisant chair en nous, en se traduisant dans les œuvres, comme cela s’est produit en Marie et dans les saints. Souvenez-vous de ce que j’ai dit la dernière fois, la Parole du Seigneur entre par les oreilles, arrive au cœur et va dans les mains, dans les œuvres bonnes. Et l’homélie aussi suit la Parole du Seigneur et fait aussi ce parcours pour nous aider afin que la Parole du Seigneur arrive aux mains, en passant par le cœur.

J’ai déjà traité le thème de l’homélie dans l’exhortation Evangelii gaudium, où je rappelais que le contexte liturgique « exige que la prédication oriente l’assemblée, et aussi le prédicateur, vers une communion avec le Christ dans l’Eucharistie qui transforme la vie » (9).

Celui qui donne l’homélie doit bien accomplir son ministère – celui qui prêche : le prêtre ou le diacre ou l’évêque – offrant un réel service à tous ceux qui participent à la messe, mais ceux qui l’écoutent doivent aussi faire leur part. Avant tout, en étant bien attentifs, c’est-à-dire en assumant les justes dispositions intérieures, sans prétentions subjectives, sachant que tout prédicateur a ses qualités et ses limites. Si parfois il y a des raisons de s’ennuyer parce que l’homélie est longue ou qu’elle n’est pas centrée ou qu’elle est incompréhensible, d’autre fois en revanche c’est le préjugé qui fait obstacle. Et celui qui fait l’homélie doit être conscient qu’il ne fait pas quelque chose qui lui appartient, il prêche, donnant sa voix à Jésus, il prêche la Parole de Jésus. Et l’homélie doit être bien préparée, doit être brève, brève ! Un prêtre me disait qu’une fois, il était allé dans une autre ville où habitaient ses parents et son père lui avait dit : « Tu sais, je suis content parce qu’avec mes amis nous avons trouvé une église où la messe se fait sans homélie ! » Et combien de fois voyons-nous que, pendant l’homélie, certains s’endorment, d’autres bavardent ou sortent fumer une cigarette… C’est pourquoi, s’il vous plaît, que l’homélie soit brève, mais qu’elle soit bien préparée. Et comment se prépare une homélie, chers prêtres, diacres, évêques ? Comment se prépare-t-elle ? Par la prière, par l’étude de la Parole de Dieu et en faisant une synthèse claire et brève : elle ne doit pas dépasser dix minutes, s’il vous plaît.

En conclusion, nous pouvons dire que, dans la liturgie de la Parole, à travers l’Évangile et l’homélie, Dieu dialogue avec son peuple, qui l’écoute avec attention et vénération et, en même temps, le reconnaît présent et agissant. Si donc nous nous mettons à l’écoute de la « bonne nouvelle », nous serons transformés et convertis par elle, par conséquent capables de nous changer nous-mêmes et le monde. Pourquoi ? Parce que la Bonne Nouvelle, la Parole de Dieu entre par les oreilles, va au cœur et arrive aux mains pour faire des œuvres bonnes.

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[1] Présentation générale du Missel romain, 62.

[2] Introduction au Lectionnaire, 5.

[3] Cf. Présentation générale du Missel romain, 60 e 134.

[4] Sermon 85, 1: PL 38, 520; cf. aussi Traité sur l’Évangile de Jean, XXX, I : PL 35, 1632 ; CCL 36, 289.

[5] Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, 33.

[6] Cf. Présentation générale du Missel romain, 65-66; Introduction au Lectionnaire, 24-27.

[7] Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, 52.

[8] Exhort. ap. Evangelii gaudium, 137.

[9] Ibid., 138.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat