VISITE « AD LIMINA »

Mgr Cottanceau           Du 26 Septembre au 02 Octobre passé, les évêques de la Conférence du Pacifique étaient à Rome pour la visite « ad limina » auprès du Saint Père. Ce mot issu de l’expression « ad limina apostolorum » que l’on pourrait traduire « au seuil (des basiliques) des apôtres », désigne la visite que chaque évêque fait périodiquement au Saint-Siège. Cette visite est d’abord un pèlerinage sur les tombeaux des apôtres saint Pierre et saint Paul. C’est ainsi que tous les évêques de la CEPAC avons eu la joie de célébrer la messe près du tombeau de l’apôtre Pierre, dans la crypte de la basilique St Pierre de Rome, puis de l’apôtre Paul près de son tombeau en la basilique « Saint Paul hors les murs ». La visite « ad limina » permet également de renforcer les liens avec le Saint-Siège, ainsi qu’entre diocèses voisins et entre provinces proches. Au cours de la visite ad limina, les évêques rencontrent le Pape et les responsables des dicastères et congrégations, comparables aux « ministères » d’un gouvernement, mais responsables devant le Pape : ils concernent le culte divin, le clergé, l’éducation catholique, la vie consacrée, les Laïcs et la famille, la culture, la nouvelle évangélisation, la doctrine de la foi, le développement humain intégral, l’unité des Chrétiens…

            Ce temps fort a permis à tous les évêques de la Conférence des évêques du Pacifique (CEPAC) de vivre une expérience d’Eglise tout à fait unique. La rencontre avec le Pape François en fut certainement le sommet. Pendant près de deux heures, nous avons pu échanger avec le Saint Père sur diverses questions qui se posent dans tel ou tel diocèse. Mais avant cela, le président de la CEPAC, Mgr Paul DONOGHUE, évêque de Rarotonga prononça un discours à l’adresse du Saint Père, et dont voici un extrait :

            « Si nous devions signaler un problème majeur qui touche notre conférence, je parlerais du réchauffement climatique et de l’élévation du niveau de la mer qui en est la conséquence… Les ouragans qui font partie des réalités climatiques de nos îles deviennent plus puissants qu’autrefois… Votre document « Laudato si » évoquant notre « maison commune » a joué un rôle important pour signifier la position de l’Eglise sur cette question… Vous avez accueilli nos leaders du Pacifique au Vatican en Novembre 2017. Vous avez partagé les défis des îles, des communautés établies sur les côtes et vivant de la pêche, vous avez appelé à une coopération globale, à la solidarité et aux stratégies permettant de trouver des solutions aux problèmes tels que la détérioration de l’environnement et la « bonne santé » des océans…

            Nous vous remercions pour le synode sur la jeunesse et pour les journées mondiales de la jeunesse. Notre isolement ne nous protège pas des défis auxquels les jeunes doivent faire face. Avec Internet et la télévision, notre jeunesse, même dans les îles les plus isolées reflète la culture moderne de la jeunesse avec ses forces et ses faiblesses… »

            Au nom de l’archevêché de Papeete j’ai abordé devant le Saint Père la question de la place des Katekita dans les communautés sans prêtre à demeure. Sa réponse fut d’insister sur la place des laïcs qui sont, selon les mots du Pape, « les piliers, les colonnes de la communauté chrétienne ». Il insista sur l’importance de les soutenir, de les encourager et de les former.

            Lord de l’entretien avec le dicastère du développement humain intégral, j’ai abordé la question de la gestion du fait nucléaire en Polynésie. Dans sa réponse, le préfet de ce dicastère insista sur l’importance du devoir de mémoire de l’Eglise vis-à-vis des victimes.

            Bien d’autres questions furent abordées pendant ces rencontres : formation des prêtres, qualité de nos liturgies, développement humain intégral pour tous, en collaboration avec les institutions civiles etc…  Nous avons encore « du pain sur la planche » ! Que ce mois missionnaire extraordinaire nous aide à rejoindre nos frères et sœurs dans ces combats pour la vie humaine et spirituelle, le respect et la dignité de chacun, combat qui, n’oublions pas, fut et demeure aujourd’hui encore celui de Jésus Christ !

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU