QU’ILS SOIENT UN

Mgr Cottanceau            En cette semaine où les Chrétiens du monde entier sont invités à prier pour l’unité, l’occasion nous est donnée de prendre d’abord conscience de cette douloureuse réalité que constitue la division qui règne entre les disciples du Christ et ensuite de chercher comment réparer cette division. Si Jésus a prié pour que ses disciples soient un, comme le rapporte Jean dans son évangile (Jn 17, 21), la division n’a pas tardé à briser cette unité dès les premiers siècles de l’Eglise. Différents d’ordre théologique, conflits de pouvoir, luttes politiques ne cessèrent de la mettre à mal au cours des siècles et de diviser les Chrétiens en de multiples Eglises.

            Pourtant, depuis le début du XX° siècle, face à la souffrance de cette division, des Chrétiens se sont levés pour prier et entreprendre une réflexion permettant un rapprochement entre Eglises. Ce mouvement œcuménique donna lieu, lors du Concile Vatican II à un décret, « Unitatis redintegratio » encourageant la poursuite de cette recherche d’unité : « Une seule et unique Eglise a été instituée par le Christ Seigneur. Et pourtant, plusieurs communautés Chrétiennes se présentent aux hommes comme le véritable héritage de Jésus Christ… Une telle division s'oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la proclamation de l’Evangile. Or le Maitre des siècles… a commencé en ces derniers temps de répandre plus abondamment dans les Chrétiens divisés entre eux l’Esprit de repentir et le désir de l’union. Très nombreux sont partout les hommes qui ont été touchés par cette grâce et, sous l’action de l’Esprit Saint, est né un mouvement… en vue de rétablir l’unité de tous les Chrétiens… et qu’on appelle le mouvement œcuménique » (« Unitatis redintegratio » n°1) Si nous voulons œuvrer pour cette unité des Chrétiens, à quoi nous invitent les Pères du Concile ?

            D’abord à une conversion du cœur. Le désir d’unité ne peut partir que d’une conversion intérieure permettant l’humilité, la douceur dans le service, la fraternelle générosité à l’égard des autres. Le texte ajoute au n°7 : « Par une humble prière, nous devons donc demander pardon à Dieu et aux frères séparés, de même que nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… Que les fidèles se souviennent qu’ils favoriseront l’union des Chrétiens, bien plus, qu’ils la réaliseront dans la mesure où ils s’appliqueront à vivre plus purement selon l’Evangile ».

            Ensuite, nous sommes invités à prier, en assemblée et en privé pour l’unité des Chrétiens. Là se trouve l’âme de tout œcuménisme. Que les Catholiques s’associent pour prier avec les frères séparés. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20) « De telles supplications communes sont assurément un moyen efficace de demander la grâce de l’unité et elles constituent une expression authentique des liens par lesquels les Catholiques demeurent unis avec les frères séparés » (« Unitatis redintegration » n°8)

            Nous sommes également invités à mieux connaître l’état d’esprit de nos frères séparés : mieux connaître leur doctrine, leur histoire, leur culture propre pour ne pas juger mais mieux comprendre, avec loyauté et bienveillance.

            Nous devons aussi être à même de bien connaître et de bien comprendre le contenu de notre propre foi afin de pouvoir en rendre compte clairement et dans sa totalité. Rien n’est plus étranger à l’œcuménisme que cette tentation d’altérer la pureté de notre foi ou de supprimer ce qui pourrait faire obstacle. Nous devons pouvoir exposer notre foi avec au cœur l’amour de la vérité, de la charité et de l’humilité.

            Que cette semaine de prière pour l’unité des Chrétiens nous donne d’entrer plus avant dans ces dispositions, afin que chacun puisse se sentir responsable à son niveau de la réalisation de cette prière du Christ : « Que tous soient un » !

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU