PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE

Mgr Cottanceau            Fin Septembre doit avoir lieu à l’Assemblée Nationale l’examen du projet de loi de bioéthique qui doit intégrer l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. La PMA pour les femmes célibataires et pour les couples de femmes aura des conséquences graves pour les enfants issus de cette procréation et pour la société. Dans son introduction au livret « Bioéthique – Comprendre les enjeux de la révision des lois de bioéthique - paris.catholique.fr/bioethique » publié par le diocèse de Paris, Mgr Aupetit, médecin avant de devenir archevêque de Paris alerte : « Il semble qu’une partie de nos concitoyens, y compris des catholiques, ne prennent pas la mesure des changements de société qui peuvent nous impacter … ».

            Pour les enfants, la PMA va à l’encontre de leur intérêt supérieur. « La privation de père serait institutionnalisée, condamnant les enfants à une double peine : les priver d’une partie de leur origine biologique et les priver de toute relation paternelle constitutive de leur identité. La Convention internationale des droits de l’enfant pose pourtant le droit, pour chaque enfant, « de connaître ses parents et d’être élevé par eux » (art.7) » (Livret « Bioéthique », p.37). En supprimant juridiquement la généalogie paternelle, on porte atteinte au bien de l’enfant qui sera privé de sa référence à une double filiation. Le bien de l’enfant devrait prévaloir sur celui des adultes en désir d’enfant. L’enfant ne saurait devenir le fruit d’un désir produit par la technique. Saurions nous accepter collectivement que l’être humain soit considéré comme un simple fournisseur de matériaux génétiques et que la procréation humaine s’apparente ainsi à une fabrication matérielle ?  « L’enfant n’aurait, dans son histoire, aucune image de père, connu ou inconnu, mais seulement celle d’un donneur. D’un point de vue psychique, le respect dû à l’enfant et à la construction de sa personnalité est gravement blessé. Du point de vue de la société où le rôle des parents est déjà bouleversé de multiples manières et où l’autorité est remise en question, cette absence planifiée de père est problématique. Un avis minoritaire du Conseil Consultatif National d’Ethique (avis n°126 du 15 Juin 2017 p. 42) précise que « le rôle d’un père, en interaction et coopération avec celui de la mère, est essentiel dans la construction de la personnalité de l’enfant et de son rapport à la diversité de la société, dont l’altérité masculin-féminin ». (Livret « Bioéthique » p. 38)

            « La PMA élargie aux femmes seules et aux couples de femmes achève de disjoindre la fécondation biologique et la parenté sociale. Or, si l’être humain est un animal social, c’est aussi un corps vivant. Le scinder en deux, en séparant la relation de filiation de son ancrage biologique, est un acte de violence contre l’unité de la personne humaine. Celle-ci est une « totalité unifiée », tout à la fois biologique, psychique, spirituelle et sociale. Son développement intégral harmonieux suppose que ces divers aspects soient pris en compte ensemble et non pas séparés voire opposés. La filiation doit demeurer un processus à la fois biologique, résultant de l’union des corps, psychique, résultant d’une différence de génération et d’une différence sexuelle, et social, reconnu par les institutions de la cité » (Livret « Bioéthique » p. 40) Pour la société, ce serait l’explosion du droit de la filiation et la désagrégation du lien familial. Jusqu’à présent, la filiation est directement liée à la vraisemblance biologique : être fils ou fille de, descendre de tel père et de telle mère. En déconnectant la filiation de toute réalité biologique, les mentions « père » et « mère » seraient supprimés dans les actes d’état civil et les documents administratifs, et remplacés par « parent n°1 » et « parent n°2 », au nom de la non-discrimination.

Dans certains villages reculés de la campagne, lorsque les anciens voulaient demander à tel enfant venu en vacances chez ses grands-parents et jouant dans la rue qui il était, ils ne lui demandaient pas son nom, ils lui disaient : « de qui es-tu ? » L’enfant donnait le nom de son père et de sa mère, les anciens savaient alors qui il était !...

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU