Les hommes sont fait d’argiles 

Pere vetea docteur en droit 1Ce dimanche, saint Paul dans la deuxième lecture tirée de sa lettre aux Corinthiens livre une belle réflexion sur la condition humaine. En comparant Adam « le premier homme » avec le Christ « l’être spirituel », Paul relève à la fois la distance qui les sépare autant que leur proximité : « Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre, le deuxième homme, lui, vient du ciel ».

L’image de l’argile évoque bien la fragilité de la condition humaine qui ne cesse d’apparaître depuis que l’humanité existe. Dans la première lecture, David, qui n’est pas encore roi, affronte Saül qui est roi. La jalousie de ce dernier est telle qu’il cherche à tout prix à faire disparaître son rival. Dans l’évangile, Jésus dénonce les fausses fraternités qui consistent à ne faire du bien qu’à ceux qui nous en font.

Ce que Jésus demande paraît pourtant bien au-dessus de nos forces. Comment donc aimer ses ennemis ? Comment faire du bien à ceux qui nous détestent ? Comment tendre l’autre joue à celui qui nous a déjà frappé ? Comment donner son manteau à celui qui nous a déjà pris la tunique ? En somme, comment être miséricordieux comme le Père est miséricordieux ? Oui, « les hommes sont faits d’argile » dit saint Paul, que pouvons-nous donc espérer de l’homme ?

Un Père de l’Eglise nommé Tertullien, qui a vécu vers la fin du 2e siècle, a eu cette belle réflexion, toujours à propos de la condition humaine. Selon lui, l’homme a été créé à la ressemblance de celui qui devait s’incarner dans la même chair : « Représente-toi Dieu tout entier occupé à donner figure à l’œuvre de sa main : il y a appliqué son intelligence, son action, son conseil, sa sagesse et sa providence, et avant tout son affection. Car tout ce qui était imprimé dans ce limon, c’était la pensée du Christ, l’homme à venir ».

De là provient donc la proximité inattendue entre Adam et le Christ : le projet divin qui présida à la création de l’humanité, quand Dieu créait l’homme, Il pensait au Christ. Oui, même si nous sommes faits d’argiles, il y a bien quelque chose à espérer de nous. Le Fils, le Verbe de Dieu fut lui-même pétri d’argile. Mais lui vient du ciel, et s’il y a une espérance, c’est bien grâce à lui. 

B.V