L’AVENTURE DE L’ESPRIT SAINT

Mgr Cottanceau            La liturgie de ce Dimanche nous donne la joie de célébrer l’Esprit Saint en la fête de Pentecôte. S’il est relativement simple d’évoquer le Père et Jésus, le Fils, l’approche de l’Esprit Saint s’avère plus délicate. Pour nous y aider, suivons l’action de l’Esprit Saint dans l’histoire de l’humanité. Jésus ne dit-il pas en effet : « Le vent souffle où il veut et toi tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va ! » (Jn 2, 8). Arrêtons-nous donc sur quelques moments clé de l’œuvre de cet Esprit Saint dans l’histoire de l’humanité depuis ses origines jusqu’à la Pentecôte.

            Notre histoire commence lors de la création du monde. L’Esprit plane sur le chaos primitif. Rendant la vie impossible, le chaos s’oppose à Dieu. Mais l’Esprit se réjouit de cette différence car il va conduire cette différence jusqu’à l’union avec Dieu. L’Esprit va travailler pour que la vie soit possible, il « organise » la création de sorte que ce monde aille du chaos à la vie, de la vie à l’Homme et de l’Homme jusqu’au Fils de Dieu en qui se réalisera l’union, la communion définitive de ce monde si différent de Dieu avec Dieu lui-même. L’Esprit unit ainsi les contraires pour qu’ils s’harmonisent en communion.

            Vient ensuite l’apparition de l’Etre Humain. L’Esprit Saint travaille au cœur de l’Humanité qui s’éveille à la conscience d’elle-même. A travers ténèbres et lenteurs de cette Humanité naissante, l’Esprit utilise les comportements et les aspirations des hommes, les traditions et les coutumes par lesquelles les groupes humains éduquent leurs individus pour aller vers plus de vérité et de lumière. Il travaille dans le secret des consciences et des cœurs pour que l’Humanité s’oriente en profondeur vers Dieu qui lui reste ouvert et se rapproche d’elle.

            Voici à présent le temps de la prophétie : l’Esprit, après un long temps de silence commence à dire ce qu’il a dans le cœur. Il a travaillé dans le silence depuis plusieurs milliards d’années à former un être conscient, capable de s’ouvrir peu à peu au mystère de Dieu. Avec l’Ancien Testament, l’Esprit confie son secret. Il crée les mots qui, dans le peuple élu, permettront au Fils de délivrer son message, le moment venu. L’Esprit prépare le langage grâce auquel le Fils pourra un jour s’adresser aux Hommes. L’Esprit ne dit pas tout à la fois. C’est peu à peu qu’il libère son secret et fait la jonction entre deux appels :

  • L’appel radical qui vient du Père. Celui-ci veut introduire le monde dans son mystère d’amour. Pour cela, il prépare le Fils à entrer dans l’univers de la création pour appeler cette création.
  • L’appel des Hommes : c’est celui qui vient du cœur des Hommes, qui est un appel vers Dieu ; les Hommes sans le savoir désirent celui qui leur est destiné ; ils aspirent à connaître Dieu.

Vient ensuite le temps où Dieu se fait Homme. La réussite suprême de l’Esprit, c’est l’Incarnation, la venue de Jésus Christ parmi les siens. Entre le Père qui donne et le Fils qui reçoit, l’Esprit est celui qui unit. Dans la chair de l’Humanité se fait l’union des contraires : non seulement entre le Père et le Fils, mais également entre Dieu et les Hommes. Cette union en Jésus Christ se fait sans que jamais l’un ne nuise à l’identité de l’autre, ni le plus grand nuise au plus petit, de sorte que le plus petit participe réellement au mystère du plus grand. En Jésus Christ se réalise l’union de Dieu et de l’Homme, de sorte que l’Homme soit aussi totalement donné et ouvert à Dieu et que Dieu soit totalement ouvert et livré à l’Homme. Le Fils se fait Homme afin que l’Homme rejoigne Dieu. Dans la vie du Christ, c’est l’Esprit qui le pousse, l’inspire dans son action et le rend capable d’unir les Hommes au Père, tout en portant sur lui le refus du Père par les Hommes.

Et nous voici enfin à la Pentecôte. L’Esprit façonne l’Eglise sur mesure pour le Christ et pour l’Humanité. Il réveille les apôtres et sous son impulsion, sous sa force, il les envoie proclamer la Bonne Nouvelle à Jérusalem et au monde entier.  Dans l’Eglise, l’Esprit unifie et donne à chacun d’être lui-même pour que dans cette diversité, il y ait unité du témoignage. C’est l’Esprit qui nous tourne vers le Christ comme une fleur se tourne toujours vers le soleil. C’est l’Esprit qui donne d’entendre le message. C’est l’Esprit qui donne la conversion du cœur. C’est l’Esprit qui fait l’unité dans la foi. C’est l’Esprit qui donne la force du témoignage.

            Alors, frères et sœurs, ouvrons nos cœurs à cet Esprit. Lui qui renouvelle la face de la terre saura bien renouveler nos cœurs pour nous laisser entrainer par sa puissance à la suite du Christ au service du monde.

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU