JOURNEE MONDIALE DES PAUVRES

Mgr Cottanceau            Ce Dimanche 17 Novembre a été choisi par le Saint Père pour être la « journée mondiale des pauvres ». Cela signifie-t ’il que les pauvres ne seraient l’objet de notre attention qu’un jour par an ? Nous serions alors bien loin de ce à quoi l’Evangile nous appelle. Le diacre Saint Laurent à qui l’empereur romain demandait de livrer les richesses de l’Eglise lui répondit en désignant des orphelins qu’il avait rassemblés près de lui : « Les trésors de l’Eglise, ce sont les pauvres ». Ce Dimanche, nous sommes invités à nous interroger sur le regard que nous portons sur eux et sur nos attitudes vis-à-vis d’eux. Dans la lettre qu’il a écrite pour cette occasion, le Pape François affirme que « la promotion sociale des pauvres n’est pas un engagement extérieur à la proclamation de l’Évangile, au contraire, elle montre le réalisme de la foi chrétienne et sa valeur historique. L'amour qui donne vie à la foi en Jésus ne permet pas à ses disciples de se replier dans un individualisme asphyxiant, caché dans des segments d'intimité spirituelle, sans aucune influence sur la vie sociale ».

            Dans notre diocèse, nombre de fidèles sont déjà engagés à un titre ou à un autre au service des plus démunis : Te Vai ete, Truck de la miséricorde, Emauta, Secours Catholique, Ordre de Malte etc…Mais tous, nous pouvons nous laisser éclairer par les propos du Pape François qui nous trace quelques pistes : « Chers frères et sœurs, je vous exhorte à chercher, avec chaque personne pauvre que vous rencontrez, ce dont elle a vraiment besoin ; à ne pas vous arrêter à la première nécessité matérielle, mais à découvrir la bonté qui se cache dans leur cœur, en vous faisant attentifs à leur culture et à leurs façons de s’exprimer, pour pouvoir entamer un véritable dialogue fraternel. Mettons de côté les divisions qui proviennent de visions idéologiques ou politiques, fixons le regard sur l’essentiel qui n’a pas besoin de beaucoup de mots, mais d’un regard d’amour et d’une main tendue. N’oubliez jamais que «la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle ».

Bien sûr, les pauvres nous approchent aussi parce que nous leur distribuons de la nourriture, mais ce dont ils ont vraiment besoin va au-delà du plat chaud ou du sandwich que nous proposons. Les pauvres ont besoin de nos mains pour se relever, de nos cœurs pour ressentir à nouveau la chaleur de l'affection, de notre présence pour vaincre la solitude. Ils ont simplement besoin d'amour. Il faut parfois peu de choses pour redonner espérance : il suffit de s’arrêter, sourire, écouter. Pendant un jour, laissons de côté les statistiques ; les pauvres ne sont pas des chiffres attrayants pour se vanter de nos œuvres et de nos projets. Les pauvres sont des personnes à rencontrer ; jeunes ou âgés, à inviter à la maison pour partager un repas ; hommes, femmes et enfants qui attendent une parole amicale. Les pauvres nous sauvent parce qu'ils nous permettent de rencontrer le visage de Jésus-Christ. »

Dans un discours daté de Juillet 2016 et adressé à un groupe de pèlerins en grande précarité reçus en audience à Rome, le Saint Père leur donnait une mission singulière, mais tellement conforme à ce que nous enseigne le Christ : « Je vous donne la mission de prier… pour les responsables de votre pauvreté, pour qu’ils se convertissent ! Prier pour tant de riches qui s’habillent de pourpre et qui font la fête dans de grands festins, sans se rendre compte qu’à leur porte il y a beaucoup de Lazare, avides de se nourrir des restes de leur table (cf. Lc 16,19 ss). Priez aussi pour les prêtres, pour les lévites qui, en voyant cet homme battu à moitié mort, passent outre, en regardant de l’autre côté, parce qu’ils n’ont pas de compassion (cf. Lc 10,30-32). A toutes ces personnes, et aussi, certainement, à d’autres qui sont liées négativement à votre pauvreté et à tant de douleur, souriez-leur avec le cœur, désirez pour eux le bien et demandez à Jésus qu’ils se convertissent. Et je vous assure que, si vous faites cela, il y aura une grande joie dans l’Eglise, …(et) dans votre cœur ». Et si, ce Dimanche au moins, nous reprenions cette mission à notre compte ?

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU