JMJ PANAMA

Mgr Cottanceau                  Lors du chemin de croix vécu avec les jeunes rassemblés aux JMJ de Panama la semaine dernière, le Pape François a évoqué les multiples souffrances qui prolongent de nos jours dans le monde la Passion du Christ. Certaines de ces souffrances naissent de situations qui ne nous sont pas étrangères, ici en Polynésie. Voici ce que dit le Saint Père :

« Père, aujourd’hui le chemin de croix de ton Fils se prolonge :

  • dans le cri étouffé des enfants que l’on empêche de naître, de tant d’autres qui se voient refuser le droit d’avoir une enfance, une famille, une éducation ; de ceux qui ne peuvent pas jouer, chanter, rêver…
  • dans les femmes maltraitées, exploitées et abandonnées, dépossédées et niées dans leur dignité ;
  • dans les yeux tristes des jeunes qui voient leurs espérances d’avenir confisquées par le manque d’éducation et de travail digne ;
  • dans la détresse des visages de jeunes, nos amis qui tombent dans les réseaux de personnes sans scrupules – et parmi elles se trouvent également des personnes qui disent te servir, Seigneur – réseaux d’exploitation, de criminalité et d’abus, qui se nourrissent de leurs vies.

 

Le chemin de croix de ton Fils se prolonge dans de nombreux jeunes et de nombreuses familles qui, engloutis par une spirale de mort à cause de la drogue, de l’alcool, de la prostitution et du trafic, sont privés non seulement d’avenir mais aussi de présent. Et, comme ont été partagés tes vêtements, Seigneur, leur dignité s’est retrouvée éparpillée et maltraitée.

 

Le chemin de croix de ton Fils se prolonge dans les jeunes aux visages renfrognés qui ont perdu la capacité de rêver, de créer et d’inventer les lendemains et qui « prennent leur retraite » avec l’ennui de la résignation et le conformisme, une des drogues les plus consommées de notre temps. Il se prolonge dans la souffrance cachée et révoltante de ceux qui, au lieu de la solidarité de la part d’une société d’abondance, trouvent le rejet, la douleur et la misère, et en plus sont identifiés et traités comme les porteurs et les responsables de tout le mal social.

Il se prolonge dans la solitude résignée des personnes âgées, abandonnées et rejetées.

Il se prolonge dans les peuples autochtones, que l’on prive de leurs terres, de leurs racines et de leur culture, en réduisant au silence et en éteignant toute la sagesse qu’ils pourraient apporter.

Le chemin de croix de ton Fils se prolonge dans le cri de notre mère la terre, qui est blessée dans ses entrailles par la pollution de son ciel, par la stérilité de ses champs, par la saleté de ses eaux, et qui se voit bafouée par l’indifférence et la consommation effrénée qui dépasse toute raison.

Il se prolonge dans une société qui a perdu la capacité de pleurer et de s’émouvoir face à la souffrance.

Oui, Père, Jésus continue à marcher, portant tous ces visages et souffrant en eux, tandis que le monde, indifférent, consomme le drame de sa propre frivolité.

Et nous, Seigneur, que faisons-nous ? »

                  Puissent les paroles du Saint Père ouvrir nos yeux, réveiller notre conscience et nous aider à nous lever pour répondre à la question du Pape : « Et nous, Seigneur, que faisons-nous ? »

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU