IL EST RESSUSCITE

Mgr Cottanceau            La résurrection du Christ célébrée en ce Dimanche de Pâques nous conduit au cœur, au fondement de notre Foi chrétienne. Survenue au matin du premier jour de la semaine, au lever du soleil, elle se présente aux femmes venues au tombeau et à nous comme l’avènement d’une nouvelle création, une aube nouvelle, un monde nouveau. « Qui nous roulera la pierre ? » se demandaient ces femmes… Qui nous libèrera de cette mort qui nous obsède et vient briser ces liens d’amour et d’affection qui comptaient tant dans notre bonheur ? Qui nous ouvrira à l’espérance de vivre à jamais, délivrés de la peur de mourir ? Qui ôtera de nos yeux les larmes et la souffrance qu’engendre le départ de ceux et celles que nous aimons ? Oui, depuis le matin de Pâques, la mort n’est plus devant nous comme un obstacle insurmontable. La mort a été engloutie par la vie, et l’amour qui unissait Jésus à son Père et à ses frères et sœurs est désormais vainqueur. « O Mort, où est ta victoire ? » écrit Saint Paul. Ainsi est manifestée la force de Dieu, une force intérieure. Elle permet à Jésus de prendre sur lui la violence, le péché, leurs souffrances et leurs peurs, leurs angoisses. Elle permet à Jésus de descendre dans l’enfer des Hommes jusque dans leur mort, et c’est de là qu’il les rend à la vie. Nous savons par expérience que c’est aussi un amour qui peut être refusé, même s’il reste toujours offert. Jésus se remet entre les mains de l’Homme, comme un amour livré. Si cet amour peut être rejeté, rien pourtant, ni personne ne peut l’éteindre ou l’empêcher d’exister. Dieu se manifeste en Jésus comme puissance d’amour qui demeure intact, même si elle est refusée par les hommes. On ne peut l’enchaîner ni la détruire. Pourtant, c’est une puissance d’amour qui est sans puissance à la manière dont les hommes sont puissants, car c’est un amour « désarmé ». Et si la force des puissants de ce monde peut s’y opposer un moment, elle ne parvient en fait qu’à la mettre davantage en évidence et ne peut en rien l’altérer ou la dégrader. C’est aussi un amour désarmant car il va jusqu’à l’amour des ennemis et au pardon.

            Il importe de bien comprendre ce que signifie cette résurrection du Christ. Il est d’usage de parler de la résurrection de Lazare (Jn 11, 1 …), de la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Lc 7, 11…) ou de la fille de Jaïre (Lc 8, 40 …). Mais le terme de « résurrection » est inapproprié dans ces cas-là, car Lazare, le fils de la veuve de Naïn ou la fille de Jaïre devront mourir un jour. Il ne leur est accordé qu’un prolongement de vie sur terre, et ce prolongement accordé à ces personnes qui avaient affronté la mort signifie que déjà le pouvoir de la mort est ébranlé, que la mort n’a pas toujours le dernier mot, qu’il est possible de la mettre en échec ! Le Christ, lui, une fois ressuscité ne meurt plus, il est entré dans sa gloire et échappe désormais aux conditions de vie qui sont les nôtres sur terre. Il est bien le « Premier né d’entre les morts », et de ce fait, nous ouvre les portes de l’espérance par la puissance de son amour. Désormais, plus rien ne peut nous séparer de l’amour qui vient de Dieu… Pas même la mort ne peut séparer ceux qui s’aiment.

            Notre foi ne s’appuie pas sur les miracles, ni sur des signes extraordinaires, elle s’appuie sur la mort résurrection du Christ qui nous dit l’amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous : « Voici le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ». Jésus nous aime, il a donné sa vie pour nous ; son Père l’a ressuscité et nous voici désormais invités à accueillir sa vie… Que ces célébrations de Pâques nous donnent de lui chanter notre merci, notre Alleluia !

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU