FIN DE VIE : OUI A L’URGENCE DE LA FRATERNITE

Mgr CottanceauL’actualité de ces derniers jours a mis en lumière la situation dramatique de cet homme, Vincent LAMBERT, victime en 2008 d’un accident de la route qui provoqua un traumatisme crânien le plongeant dans un état de conscience minimal. Depuis 2011, Vincent Lambert est donc immobilisé en état de conscience minimale, il n’est relié à aucune machine, mais ne pouvant pas déglutir correctement, il est nourri artificiellement. La situation de cette personne pose au grand jour la question de savoir s’il faut poursuivre les soins d’alimentation et d’hydratation lui permettant de rester en vie ou de cesser alimentation et hydratation, et par conséquent, l’acheminer vers la mort. A cette question, l’Eglise par la voix de Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie, et par le cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie a pris position en rappelant que l’interruption de l’alimentation et de l’hydratation d’un patient à l’état végétatif représente « une grave violation de la dignité de la personne ». Les droits fondamentaux des malades à la vie et au soin, en tant que « continuité de l’assistance humaine de base », doivent toujours être respectés : « L’alimentation et l’hydratation constituent une forme de soin essentiel toujours proportionné au maintien en vie : alimenter un malade ne constitue jamais une forme d’obstination thérapeutique déraisonnable, tant que l’organisme de la personne est en capacité d’absorber nutrition et hydratation, à moins que cela ne provoque des souffrances intolérables ou ne se révèle nuisible pour le patient » (Vatican News du 21 Mai 2019)

Derrière cette question se profile une autre question plus fondamentale qui est l’accompagnement des personnes en fin de vie. Les évêques de France ont publié le 22 Mars 2018 une déclaration intitulée : « Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ! ». Ils nous rappellent d’abord que « quelles que soient nos convictions, la fin de vie est un temps que nous vivrons tous et une inquiétude que nous partageons. Chacun doit donc pouvoir y réfléchir le plus sereinement possible, en évitant les écueils des passions et des pressions. » Ils soulignent ensuite le manque de développement des soins palliatifs et notent que les possibilités de soulagement de la souffrance sous toutes ses formes ne sont pas assez connues. Dès lors, poursuivent-ils, « en raison de ces carences et de la médiatisation de certains cas, plusieurs réclament un changement de la loi par la légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie ». S’opposant fermement à cette légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie, les évêques justifient leur position : « Si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou  d’euthanasie, des personnels soignants seraient entraînés, malgré eux, à penser qu’une vie ne  serait plus digne d’être vécue, ce qui serait contraire au Code de déontologie médicale : « Le  médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de  la vie humaine, de la personne et de sa dignité. »... Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine ». Ils poursuivent plus loin : « Les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin ». Ils prétendent que « l’exercice de ce droit n’enlève rien à personne. C’est le type même de la liberté personnelle qui ne déborde pas sur la liberté d’autrui ». Mais qu’est-ce qu’une liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision ?... Si certains font le choix désespéré du suicide, la société a avant tout le devoir de prévenir ce geste traumatisant. Ce choix ne doit pas entrer dans la vie sociale par le biais d’une coopération légale au geste suicidaire ». Enfin, les évêques concluent : « Face aux troubles et aux doutes de notre société…  nous offrons le récit du « bon Samaritain » qui prend en charge « l’homme à demi-mort », le  conduit dans une « auberge » hospitalière et exerce la solidarité face à la « dépense »  qu’occasionnent ses « soins ». À la lumière de ce récit, nous appelons…à un sursaut de conscience pour que s’édifie toujours plus en France une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres. Cette fraternité inspira l’ambition de notre système solidaire de santé... Que ferons-nous de cette ambition ? La fraternité relève d’une décision et d’une urgence politiques que nous appelons de nos vœux ! »

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU