FIFO 2019 ET CRISE HUMANITAIRE

Pere vetea docteur en droit 1Le Fifo 2019 vient de s’achever. Le palmarès final récompense cinq documentaires sur les migrants placés en détention sur l’île Christmas, un artiste chanteur aborigène du nom de Gurrumul, l’hommage rendu à son père par le fils de Jean-Marie Tjibaou, l’histoire du tatouage aux Marquises (prix du public), le combat de la population des îles Kiribati et de leurs dirigeants face à la montée des eaux due au réchauffement climatique (grand prix).

Chacun de ces documentaires met en lumière des sujets forts de la vie en Océanie : l’histoire si dramatique du peuple aborigène incarnée par un artiste aveugle-né qui a gagné une célébrité par sa sincérité et sa persévérance, celle non moins dramatique de la population Kanak et de son combat pour la dignité, le ré-enracinement du peuple marquisien dans ses coutumes et ses traditions.

La condition des migrants provenant du Moyen-Orient sur l’île Christmas et le combat de la population kiribatienne attirent notre attention dans la mesure où les deux documentaires en question dévoilent sous nous yeux ni plus ni moins une crise humanitaire en cours. Au moment de la remise du prix, le président du jury a eu ces mots forts : « J’espère que cela permettra une prise de conscience de l’urgence d’agir. Personne ne doit pouvoir dire demain : "je ne savais pas" ».

Tout ceci interpelle inévitablement la foi chrétienne. Pensons simplement à l’évangile de dimanche prochain où Jésus annonce le malheur de ceux et celles qui traversent la vie sans se préoccuper des drames qui les entourent (Luc 6,17.20-26). Ainsi en est-il de nous tous si nous gardons les yeux fermés, préoccupés seulement par nos petites affaires.

Le pape François lance régulièrement des appels pour défendre les migrants et les victimes du réchauffement climatique. Dans son encyclique sur la sauvegarde de la planète, il rappelait notamment ceci : « Malheureusement, il y a une indifférence générale face à ces tragédies qui se produisent en ce moment dans diverses parties du monde. Le manque de réaction face à ces drames de nos frères et sœurs est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à l’égard de nos semblables ».

Ces deux crises humanitaires sont donc intimement liées : migrants de la guerre et migrants du réchauffement climatique sont les victimes d’un égoïsme généralisé à l’échelle planétaire. Comme chrétiens, notre foi nous place immédiatement en faveur des victimes. Le Fifo a récompensé en Gurrumul un artiste porte-parole des valeurs de respect issues de sa tradition aborigène, il était né aveugle, il avait pourtant les yeux bien ouverts sur le monde.

B.V.