EPIPHANIE

Mgr CottanceauCe Dimanche, la liturgie nous invite à célébrer la manifestation (sens du mot « épiphanie ») du Christ aux païens représentés par les mages venus d’Orient pour l’adorer. Les mages étaient des savants pratiquant la médecine, l’astrologie et la divination. L’Orient (Perse, Babylone, Arabie) était réputé pour la science de ses mages. N’est-ce pas d’Orient que viennent ceux qui vont se prosterner devant Jésus ?

Si la visite des mages à la crèche enflamme notre imagination et fait rêver petits et grands, elle nous est rapportée par l’évangéliste Matthieu pour nous mettre en route, nous aussi, à la rencontre du nouveau-né de Bethleem. Le point de départ est la découverte d’une étoile… C’était l’une des fonctions des mages de scruter les étoiles pour y discerner les volontés des dieux. En général, c’est la nuit qu’on peut voir les étoiles. Elles peuvent indiquer un chemin, une direction… les navigateurs Polynésiens le savaient bien qui scrutaient les étoiles pour naviguer… Et nous, quelle étoile cherchons-nous ? Dans ce qui fait parfois l’obscurité de notre vie, avons-nous assez de foi et d’espérance pour chercher dans le ciel de notre vie cette étoile par laquelle Dieu nous fait signe comme il a fait signe aux mages de l’évangile ? Un évènement, une rencontre, une parole, une épreuve qui nous fait grandir…

Mais il ne suffit pas de découvrir cette étoile, il faut aussi se mettre en route avec confiance, comme le firent les mages. Partir, quitter sa maison, ses sécurités pour risquer l’aventure… Comme Abraham qui accueillit l’invitation du Seigneur : « Va vers le pays que je t’indiquerai ! », comme Marie qui accepta le projet de Dieu sans savoir où cela la mènerait… A la suite des mages, oser le risque de l’aventure à laquelle Dieu nous invite pour le rencontrer…

Découvrir l’étoile, ce signe que Dieu nous fait dans notre vie, nous mettre en route… mais comment être certain que ce n’est pas une fausse piste ? Comment bien comprendre ce signe que Dieu nous fait ? C’est là qu’intervient le passage par Jérusalem et par les Ecritures. Les mages vont à Jérusalem, lieu de la Parole de Dieu. Ils demandent au roi Hérode les précisions pour poursuivre leur route, mais ce sont les Ecritures, le prophète Michée, qui vont les éclairer. Comment à notre tour, pourrons nous comprendre les signes que Dieu nous fait si nous ne les éclairons pas de sa Parole, de son Evangile ? Lui seul peut nous aider à comprendre. Alors, comme Marie, nous pouvons retenir ces évènements et les méditer dans notre cœur. Alors, comme les mages, nous pouvons poursuivre notre marche à la rencontre du Christ.

Et lorsqu’arrivés à la crèche, les mages se trouvent en présence de ce Roi qu’ils avaient cherché, ce n’est ni Hérode, ni César, mais un nouveau-né dans les bras de sa mère… Ils le reconnaissent comme Roi en lui offrant de l’or, cadeau royal par excellence, ils le reconnaissent comme Dieu en lui offrant l’encens réservé pour la prière, et ils le reconnaissent comme homme mortel en lui offrant la myrrhe utilisée pour embaumer les corps des défunts. Et nous, quelle image du Fils de Dieu nous faisons-nous ? Qui est pour nous celui devant qui nous nous prosternons à la crèche ?

Pour finir, voici que les mages s’en retournent par un autre chemin… Pour éviter de rencontrer Hérode, certes, mais ne serait-ce pas aussi une façon pour l’évangéliste Matthieu de nous dire que la rencontre du Christ nous change, nous transforme, et qu’on ne peut pas repartir comme on était venu ?

Avec les bergers, les mages nous ont ouvert le chemin à la suite de l’étoile. Saurons-nous leur emboiter le pas pour partir nous aussi à la rencontre de celui qui nous attend ?

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU