DRAME DES MIGRANTS 

Pere vetea docteur en droit 1La photographie date de ce 24 juin, elle a fait le tour du monde : deux corps allongés dans les eaux. Il s’agit du migrant salvadorien Oscar Martinez Ramirez âgé de 23 ans et de sa fille Valeria de deux ans, noyés en tentant de rejoindre les États-Unis par le Rio Grande à la frontière mexicaine. Au moment du drame, la mère de l’enfant n’était pas loin, elle a vu sa famille disparaître dans les eaux. Terrible. 

Le drame rappelle la situation de millions de personnes à travers le monde. Le pape François s’est dit « profondément peiné » et « prie pour eux et pour tous les migrants qui ont perdu la vie en essayant de fuir la guerre et la misère ». Depuis que les crises migratoires se sont déclarées ici et là dans le monde, le pape se fait la voix des « victimes de l’indifférence des hommes ».

Tristesse, colère, indignation… l’émotion est immense dans la presse internationale et sur les réseaux sociaux. Il y a comme cela des moments où une unité surgit, une communion réciproque de pensées et de sentiments devant l’inacceptable. La capacité de s’émouvoir, de « pleurer avec ceux qui pleurent » (cf. Romains 12,15) , rejoint la béatitude évangélique de la compassion, littéralement la capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de ressentir la douleur des autres.

Croyants ou non croyants, nous appartenons au moins à une « religion de l’humain » qui nous relie tous. Faut-il pour autant attendre que l’horreur frappe pour reconnaître ce lien ? Espérons qu’il ne s’agisse point d’une vague sans lendemain. Les médias et les réseaux sociaux pullulent d’images-chocs qui se suivent et passent. Demain, il y aura une autre actualité, une autre image, une autre info… 

Dans l’évangile de ce dimanche (Luc 9, 51-62) , Jésus lance des appels à des individus qu’il rencontre sur son chemin. Mais l’un souhaite d’abord rendre hommage à son père, l’autre dire aurevoir aux gens de sa maison.  Manifestement, l’indifférence frappe à toutes les époques. Une certitude au moins permet que nous relevions la tête : « Tu ne peux m’abandonner à la mort » proclame le psalmiste. Quand l’intolérable s’abat, croyants ou non croyants, ce credo fait notre unité. 

 Père Vetea BESSERT