SACRE COEUR

Mgr Cottanceau                  Ce vendredi est célébrée dans l’Eglise la fête du Sacré Cœur de Jésus. Cette célébration devrait revêtir dans notre diocèse de Papeete et dans celui de Taiohae une importance particulière si l’on se souvient que ce sont des religieux des Sacrés Cœurs qui ont apporté la foi catholique dans nos îles, dans une de ses plus belles expressions, la dévotion au cœur Sacré de Jésus et au cœur immaculé de Marie. Les paroisses Sacré Cœur de Hitiaa, de Arue, de Napuka, l’ancienne église du Sacré Cœur d’Otepipi (Anaa), l’école maternelle et primaire, le collège et le lycée du Sacré Cœur de Taravao, et aux Marquises, la paroisse des Sacrés Cœurs de Hatiheu, les paroisses du Sacré Cœur de Haakuti, de Puamau et la paroisse Notre Dame du Sacré Cœur de Taaoa témoignent de la place que prenait la dévotion au cœur de Jésus dans le cœur de ces premiers missionnaires.

                  Que nous révèle donc le cœur du Christ ? Que si Jésus est Dieu, il est aussi homme, un homme qui a aimé et continue d’aimer comme Dieu nous aime, car l’amour du Christ est amour de Dieu. Les Ecritures nous révèlent ce que Jésus éprouvait dans son cœur : amour, pitié, compassion. Jésus pleura devant la tombe de son ami Lazare, et les Juifs dirent : « voyez comme il l’aimait » ; il fut saisi de compassion devant les foules harassées, comme des brebis sans berger ; il tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint en écoutant les apôtres à leur retour de mission ; il fut en colère, navré de l’endurcissement du cœur des Pharisiens lorsqu’il guérit l’homme à la main desséchée, et à Gethsémani, il dit à ses disciples que son âme était triste à en mourir. Même une fois mort, Jésus, de son côté transpercé laissa s’ouvrir son cœur d’où jaillirent le sang et l’eau, source de vie et d’Esprit, réalisant ainsi ce qu’il avait proclamé à haute voix quelques jours plus tôt : « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… celui qui croit en moi ! » selon le mot de l'Écriture : « De son sein couleront des fleuves d'eau vive ».

                  Parler du cœur du Christ, c’est donc nous tourner vers ce qu’il y a de plus profond, de plus intime en lui, et c’est reconnaître que ce cœur est rempli du mystère d’amour de Dieu, que ce cœur de Jésus est le cœur de Dieu lui-même. Ce cœur transpercé continue de déborder d’amour pour nous, malgré l’obscurité de notre manque d’espérance, de nos infidélités et de nos aveuglements. Lorsque nous cherchons à savoir qui est Dieu, qu’il nous suffise de contempler le cœur transpercé du Christ pour y découvrir l’amour don, car Dieu se fait connaître grâce à son amour manifesté en son Fils Jésus Christ. Toute l’histoire du salut, tout l’évangile nous parle de cet amour. St Paul ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit aux Galates : « Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi ».

                  Contempler le cœur du Christ, c’est entrer plus profondément dans le mystère du Christ, dans tout son être, sa personne en ce qu’elle a de plus intime et de plus essentiel : fils de Dieu, sagesse éternelle, principe de salut et de sanctification pour tous. Le cœur de Jésus est le siège de la miséricorde du Père qui a ouvert les trésors infinis de son amour et de son indulgence vis-à-vis des hommes, alors qu’ils étaient encore pécheurs !

            Célébrer le cœur de Jésus nous invite donc à accepter l’invitation à le suivre et à aimer comme lui, à faire nôtres, les attitudes, les choix, et les œuvres qui l’ont conduit jusqu’à l’extrême, avoir son cœur transpercé sur la croix. Quelle attitude aurai-je face aux difficultés et aux blessures qui me font souffrir en contemplant le cœur de Jésus transpercé par la lance du soldat ? De quel amour puis-je aimer les autres, quand je réalise que l’amour de Dieu s’incarne et prend au sérieux la réalité souffrante des personnes ? Jusqu’où ira le don de ma vie et ma générosité, lorsque je vois mes semblables rejetés, méprisés ? Quel réconfort et quelle consolation apporterai-je aux affligés en voyant la blessure du côté du Christ ? A quelles tâches de réconciliation et de justice m’entrainera cette croix plantée dans le cœur de Jésus ?  

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU