RÉSURRECTION

Mgr CottanceauQue s’est-il donc passé à Jérusalem durant cette fête de la Pâque juive de l’an 33 ? Les apôtres avaient abandonné le Christ mis à mort le vendredi saint. Pour eux, tout était fini, et ils rentraient chez eux le cœur triste (cf. les disciples d’Emmaüs). Or trois jours plus tard, nous retrouvons ces mêmes apôtres à Jérusalem proclamant que Jésus est vivant ! Pourtant, aucun d’eux n’a assisté à la résurrection du Christ, personne ne l’a vu sortir du tombeau !

 Parler de la résurrection du Christ n’est pas chose facile. La résurrection du Christ n’est pas une « revivification » comme pour Lazare, la fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm. Revenues à la vie, ces personnes devront pourtant mourir un jour ! La résurrection du Christ n’est pas un « rallongement de sa vie terrestre ». C’est l’entrée de Jésus dans un monde nouveau où il n’y a plus de mort ! Ressuscité, Jésus ne meurt plus ! Cette résurrection est donc quelque chose de tout à fait nouveau, inédit, inouï dans l’histoire humaine. Le problème va être de trouver les mots pour dire cela, pour raconter cette expérience vécue par les disciples qui rencontrent Jésus vivant, mais d’une vie qui n’est plus terrestre.

Comment parler de cette résurrection du Christ ? Avec quels mots ? Aucun mot ni aucun verbe dans l’Ancien Testament n’existe pour désigner cette réalité nouvelle. Alors, pour désigner la résurrection, on va donc utiliser deux verbes :

  •  Le Christ a été « relevé » d’entre les morts. Le mort est celui qui est couché dans la tombe. L’idée de résurrection sera donc exprimée à travers l’image de se relever d’entre les morts.
  • Le Christ s’est « réveillé » du sommeil de la mort. La mort étant comparée à un sommeil, la résurrection du Christ est présentée comme un réveil du sommeil de la mort.
  • Mais la résurrection sera exprimée aussi grâce à l’idée de glorification du Christ, d’exaltation du Christ à la droite du Père : cette idée reprend certains textes de l’AT annonçant l’exaltation du serviteur souffrant (Is 53), ou encore le Ps 110 : « Oracle du Seigneur à mon Seigneur, siège à ma droite ».
  • On parle aussi de vie éternelle en disant que Jésus ne meurt plus : « Le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus » (Rm 6, 9), et qu’il est le premier d’une vie nouvelle : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis … De même que tous meurent en Adam, tous revivront dans le Christ » (1 Co 15, 20).
  • La résurrection du Christ ne peut pas être prouvée scientifiquement, elle relève de la foi. Et c’est heureux. Elle ne s’impose pas comme un fait vérifiable avec des preuves, elle n’est accessible que par la foi. Devant l’affirmation de la résurrection, chacun est libre de croire ou de ne pas croire.  Personne n’a assisté à la résurrection du Christ, il n’y a aucun témoin direct ! Et le tombeau vide ne prouve rien d’autre qu’il est vide ! La foi en la résurrection ne s’appuie pas sur le fait que le tombeau était vide. Ce n’est pas parce que le tombeau est vide que l’on dit que Jésus est ressuscité, c’est parce qu’il est ressuscité que le tombeau est vide !

 

Alors, demandons-nous ce qui, en définitive, peut fonder notre foi en la résurrection. Ce n’est pas le tombeau vide ; ce n’est pas ceux qui ont vu Jésus sortir du tombeau, puisqu’il n’y a pas eu de témoin ; ce n’est aucune preuve scientifique, il n’y en a pas ! La réponse nous est donnée par l’ange au tombeau : « Rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était avec vous en Galilée : il faut, disait-il, que le Fils de l’Homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour » (Lc 24, 6). C’est donc sur la Parole du Christ que doit s’appuyer notre foi en sa résurrection, et sur le témoignage de ceux qui ont cru. Si nous croyons qu’il est ressuscité, c’est parce qu’il l’a annoncé lui-même. Souvenons-nous aussi des paroles du Ressuscité à Thomas : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ». Que cette fête de Pâques rende plus forte notre foi en la résurrection, notre confiance en la Parole et que jaillisse de nos cœurs cet Alléluia pour les merveilles que fit et continue de faire pour nous le Seigneur ! Joyeuse et sainte fête de Pâques à tous.                     

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU