REGARD SUR L’EGLISE

Mgr Cottanceau            « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique », disons-nous dans le « credo ». Mais que représente pour chacun cette Eglise appelée à proclamer et à célébrer bientôt la naissance du Sauveur ? Comment la comprenons-nous ? Voici quelques approches pour nous aider à trouver notre réponse.

            L’Eglise servante : comment l’Eglise peut être servante, qu’est-ce que l’Eglise peut et doit apporter au monde ? L’Eglise peut-elle être elle-même si elle n’est pas dans une posture de dialogue, voire de service ? Cette idée a été largement développée par le Pape Paul VI : « Le rapport de l’Eglise avec le monde… peut mieux s’exprimer sous la forme d’un dialogue… adapté au caractère de l’interlocuteur et aux circonstances de fait… » (Paul VI – Ecclesiam suam 80) La mission de l’Eglise est alors d’aider les hommes à vivre, où qu’ils soient sur leur chemin. Pour cela, l’Eglise doit être capable de lire les « signes des temps », c’est-à-dire ce qu’il y a de positif dans les recherches du monde actuel, de participer à tous les débats et, bien entendu, de servir les pauvres. Les besoins de l’homme et de la femme aujourd’hui ne s’expriment pas toujours de manière spirituelle… Il s’agit de savoir comment être humain dans un monde à plusieurs cultures, rapide, injuste pour certains, qui exalte le corps, la sexualité, vide d’espérance, marqué par la migration, assoiffé d’être valorisé, cherchant la place de la femme. L’Eglise est un peuple qui se laisse interpeller par le cri des pauvres ; elle est appelée à être avocate de la justice et défenseur des pauvres.

            Une autre manière de voir l’Eglise est de la considérer comme une famille, c’est-à-dire une communauté assez restreinte de personnes qui se connaissent, qui partagent assez longtemps dans la durée, qui ont des relations simples dans tous les domaines de la vie. Evidemment, cette description correspond à la communauté locale. L’Eglise universelle est alors une communion de communautés. Le ciment de cette communauté est l’Esprit Saint. Cette manière de voir n’ouvre pas facilement à la compréhension ni à la nécessité d’une profession de foi, d’une discipline de la vie communautaire. En utilisant une expression courante, on est tenté de dire : « … du moment qu’ils s’aiment ! » L’important est de s’aimer. Pour l’Eglise « famille », la mission se fonde sur la contemplation de la communion en Dieu, communion qui s’est ouverte aux hommes et qui est donc missionnaire. Mais si l’on pense la mission comme la construction d’un réseau d’amitié, il n’est pas sûr que la chaleur de l’amitié puisse, à elle seule, convertir au Christ !

Une autre manière de considérer l’Eglise est de mettre en première place son lien à la Parole de Dieu. Cette manière de voir l’Eglise s’inscrit dans la ligne prophétique que les Protestants ont toujours su faire vivre. Pour ceux qui considèrent l’Eglise ainsi, l’Etre et la mission de l’Eglise se confondent. Elle est née du Christ parole. Elle est rassemblée par la Parole, elle n’a pas d’autre mission que d’annoncer cette Parole du salut. Dieu nous a parlé par son Fils (He 1, 1-2). Connaître le Christ, c’est le connaître par toute sa présence, par tout ce qu’il montre de lui-même, par ses paroles et par ses œuvres. Ce qui importe à ceux qui mettent l’accent sur la Parole, c’est de faire entendre le message. Peu importe si la manière de faire entendre entraîne la conversion. La conversion vient de la force de la Parole, et non de la conviction des messagers : accepter l’Evangile, c’est être sauvé ! Mais suffit-il d’accepter l’Evangile, tel que chacun le comprend, seul, à sa manière ? « Dans la relation entre Ecriture et Eglise, selon la foi catholique, le magistère authentique occupe une place particulière pour l’explication et la proclamation de la Parole de Dieu écrite » (Vatican II - Unitatis redintegratio 21)

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU