REGARD SUR L’ARRESTATION DE JESUS

Mgr Cottanceau            La liturgie de ce Dimanche des Rameaux nous donne l’occasion de réécouter le texte de la Passion du Christ pour nous permettre d’entrer plus avant dans le mystère de sa mort et résurrection, un mystère déployé tout au long de cette semaine sainte. Au terme de trois années de ministère public, Jésus va être trahi, livré aux Romains et mis à mort pour ressusciter le 3ème jour. Comprendre ce qui s’est passé peut aider à mieux saisir l’historicité de cet événement central pour notre foi.

            Jésus va être trahi. Par qui ? Qui en veut à Jésus ? Non pas le peuple ni les Pharisiens, mais « les grands prêtres et les scribes » qui cherchent comment mettre la main sur Jésus. Pourtant, ce n’est ni les grands prêtres, ni les scribes, ni le peuple, mais bien Judas, l’un des douze qui va le trahir. Plus encore, il va de lui-même trouver les chefs du Temple pour leur proposer de livrer Jésus. Cette trahison est tellement monstrueuse aux yeux de l’évangéliste qu’elle ne peut venir que de Satan ! Judas a fait son choix, contre Jésus, et se sert de sa familiarité avec Jésus pour le livrer. C’est la trahison avec en plus la perversion de l’amour puisqu’il va se servir du signe de l’amour, le baiser, pour désigner son maître à la haine de ses ennemis ! Pierre comme Judas abandonnera aussi Jésus. Mais alors que le lien est rompu avec Judas, Pierre et Jésus restent en contact. Jésus ne prononce pas le nom de Judas (« L’un de vous va me livrer ») mais il interpelle Pierre par son nom et par deux fois : « Simon, Simon … »  Dans le même temps, Jésus annonce que Satan va cribler les disciples comme le froment. Pas seulement Pierre mais tous ! Tous tomberont, tous l’abandonneront sauf le disciple bien aimé qui sera au pied de la croix avec Marie.

            Jésus va être arrêté. Par qui ? L’arrestation de Jésus est une affaire purement Juive. Les évangiles sont clairs : ils parlent des « grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens ». « Les grands prêtres » désigne le grand prêtre en fonction ainsi que les anciens grands prêtres. Il faut y ajouter les membres de leurs familles qui recevaient les charges importantes et les hautes fonctions dans l’administration du Temple. Ils forment le « Sanhédrin », le conseil de la nation Juive.  Le Grand Prêtre, de sa propre initiative, pouvait ordonner des opérations de police, confiées au commandant du Temple, premier dignitaire après le grand prêtre. C’est par une opération de ce genre que Jésus sera arrêté à Gethsémani. Mais ni le Grand Prêtre, ni le Conseil Juif du Sanhédrin n’avaient le droit de condamner à mort. Seul le représentant de Rome, Ponce Pilate à l’époque, pouvait prononcer cette condamnation, ce qui explique pourquoi Jésus fut ensuite remis au pouvoir romain qui prononça la sentence de mort.

Ces événements se sont produits il y a plus de 2000 ans. Pouvons-nous cependant, en tant que disciples, faire comme Pilate et nous laver les mains ? Quelle place aurait été la nôtre si nous avions été présents à Jérusalem ? La Passion du Christ continue aujourd’hui à travers la souffrance de nos contemporains, et les occasions ne manquent pas pour tout disciple du Christ de prendre parti pour ou contre lui, de lui rester fidèles et de lui faire confiance ou de l’abandonner, de prendre nos responsabilités ou de vivre comme si nous n’avions rien à voir avec tout ce qui, aujourd’hui continue à crucifier Jésus chaque fois que l’Homme est crucifié.

Que cette semaine sainte nous donne la grâce d’aller plus loin que nos faiblesses, la grâce de fortifier notre Foi pour accueillir plus encore l’amour et l’infinie miséricorde qui nous viennent du Père par la mort et la résurrection de son Fils bien-aimé.

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU