« PARDONNE-NOUS COMME NOUS PARDONNONS » (3)

Mgr CottanceauDevant une situation où j’estime avoir le droit de me venger, que c’est ‘légitime’, que je peux frapper en retour celui qui m’a frappé parce que c’est lui qui a commencé, que je peux invoquer la ‘légitime violence’, Jésus qui aurait pu invoquer la loi pour faire condamner la femme adultère, nous montre qu’il y a une autre façon de faire. Les conflits sont inévitables, ils sont caractéristiques de toute existence, ils font partie de la vie. Jésus ne dit pas « N’ayez pas d’ennemis » mais « Pardonnez à vos ennemis » ! Ce qui compte, c’est la façon d’aborder ces conflits, de les résoudre. Est-ce que je vais le faire en supprimant celui avec qui je suis en conflit, comme les scribes voulaient éliminer Jésus ou comme les hommes voulaient éliminer la femme adultère en se servant de la loi ? Jésus dans cet épisode de la femme adultère ne supprime personne, ne condamne personne, ni les Pharisiens, ni la femme. Il refuse également de faire mourir quelqu’un au nom de la Loi. Seul Dieu a la pouvoir de juger et de condamner. Jésus renvoie chacun à sa conscience. Quant aux hommes, il ne leur reste que le commandement de l’amour qui passe avant tout. Est-ce dire que Jésus laisse tout faire ? Non, car aimer quelqu’un c’est l’aider à grandir, et pour cela, lui dire sans passion ce qu’il doit convertir, changer dans sa vie : « Va ! Et ne pêche plus ! » dit-il à la femme adultère... De la même façon que des parents qui veulent aider leurs enfants à grandir savent leur dire ce qui ne va pas et les reprendre quand c’est nécessaire. Mais reprendre quelqu’un n’est pas le condamner.

Ce processus de pardon et de réconciliation n’est pas un rêve qu’on ne pourrait jamais atteindre. L’histoire nous montre, fort heureusement, que cela peut parfois fonctionner : réconciliation entre nations (entre la France et l’Allemagne, après trois guerres dévastatrices), entre confessions religieuses (protestants et catholiques, juifs et chrétiens), parfois entre membres d’une même famille. Certes, se réconcilier avec un ennemi extérieur n’est jamais facile. Mais se réconcilier avec soi-même peut être encore plus difficile. Reconnaître qu’on n’est pas parfait, qu’on n’est pas Dieu, qu’il nous est difficile d’aimer comme le Seigneur nous y invite, pour que nous nous tournions vers lui et que de notre cœur jaillisse cette demande : « Pardonne-nous comme nous pardonnons ! »

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU