Le temps du dialogue

Mgr Cottanceau            La prochaine fête de Noël que nous allons célébrer dans quelques semaines pourrait être pour nous l’occasion de redécouvrir Dieu comme celui qui cherche à converser, à dialoguer avec nous par son Fils Jésus, Parole vivante du Père. Le début de la lettre aux Hébreux est explicite à ce sujet : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils » (He 1, 1) Oui, notre Dieu vient à nous pour porter à son plus haut degré d’intimité ce dialogue, cette conversation qu’il désire vivre avec nous… Une conversation qui ne soit pas faite de mondanités, ni de préjugés, ni de contraintes liées à la peur… Une conversation qui ne soit pas « langue de bois » où l’on ne fait que répéter machinalement des formules ou des propos appris artificiellement. Dieu cherche une rencontre, une conversation « authentique » qui reflète ce que nous portons dans notre cœur et que nous sommes prêts à partager en toute liberté, sans peur, comme le fait Dieu lui-même par son Fils.

            Mais est-il possible de converser de cette façon avec Dieu qu’on ne voit pas si nous ne sommes pas capables de converser avec notre prochain, nos amis, nos voisins, les membres de nos familles que l’on voit ? Qu’en est-il de notre capacité à converser, à dialoguer avec l’autre qui est face à nous, de partager avec lui ou elle opinions, idées, rêves, peurs, sans tout de suite chercher à avoir raison en criant plus fort, sans chercher à imposer notre point de vue ? Une conversation, un dialogue peuvent nous aider à la rencontre, à la connaissance et à la reconnaissance de l’autre… Ils nous apprennent sur l’autre, ils nous transforment de l’intérieur, nous interrogent, nous bousculent parfois. Apprendre de celui qui nous fait face, confronter nos points de vue non pour détruire mais pour avancer ensemble, et laisser de côté SMS, Facebook, les textos rageurs et les mails ravageurs, ces instruments d’un monde où règnent en maîtres souverains le virtuel et la vitesse et les condamnations sans appel ! Pour converser, il faut savoir écouter d’abord… Pas seulement entendre, mais écouter, pour éviter de répondre à côté de la question comme cela arrive dans les discussions des politiciens… Laisser de côté les rapports de force pour faire place à de réels échanges pleins de bienveillance entre personnes qui se respectent, où sont exclus mensonges et mauvaise foi. C’est là que nous pouvons alors nous montrer tels que nous sommes dans le respect de l’autre.

            Si nous profitions de ce temps de l’Avent pour mettre davantage à l’honneur dans nos vies de famille, de voisinage, de travail, cette conversation, ce dialogue, ces moments privilégiés où la présence et la voix de nos vis-à-vis pourraient être signe de la présence du Christ à nos côtés ? Gageons que nos oreilles et nos cœurs seraient alors mieux disposés à vivre ce dialogue avec Dieu lui-même !

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU