L’Eglise et la Chine

La semaine passée, un accord historique a été conclu entre le Saint-Siège et la Chine. L’entente est « provisoire », mais cela ouvre bien une nouvelle ère des relations de l’Eglise avec l’État chinois. Le processus est encore long pour que ces relations se normalisent pleinement mais le fait est suffisamment important pour que nous y accordions notre attention.

Pere vetea docteur en droit 1Pour rappel, en Chine, la communauté catholique s’élève à 12 millions de fidèles environ. Mais deux Églises coexistent. L’une est « officielle » dans la mesure où elle bénéficie d’une reconnaissance par les autorités publiques. La contrepartie est que les évêques y sont nommés par ces mêmes autorités. L’Eglise n’a jamais admis une telle ingérence car cela portait gravement atteinte à sa propre liberté religieuse.

L’autre Eglise, « clandestine », compte des évêques nommés par l’Eglise, ce qu’à leur tour les pouvoirs chinois ont considéré comme une « ingérence étrangère » dans leurs « affaires internes ». Si bien qu’une répression sévère a été menée à l’encontre des communautés jusqu’à l’emprisonnement d’évêques, de prêtres, de religieux.  En 2000, Jean-Paul II a d’ailleurs procédé à la canonisation de 120 martyrs chinois, au grand dam des autorités chinoises.

Le Saint-Siège souhaite mettre fin au schisme en réunifiant les deux Églises. En 2007, Benoît XVI adressait déjà aux catholiques chinois un appel à la réconciliation. Toutefois, rien n’est tout à fait gagné avec un pouvoir chinois connu pour ses tergiversations en fonction des opportunités du moment. Il se dit que l’accord permet à la Chine de sortir de son duel avec l’Amérique de Donald Trump en s’adossant à un pape François connu pour ses positions anti-Trump.

Il est assez piquant de constater que les conflits entre les deux grandes puissances, dont les positions ne sont pas toujours favorables à l’Eglise, servent finalement les intérêts de l’Eglise et des communautés. Comme quoi, les puissances de ce monde, aussi rusées soient-elles, peuvent tomber dans leur propre piège. Comme Jésus l’a si bien dit, tout royaume divisé est voué à la disparition. Dès lors restons unis !

B.V