ELECTIONS

Mgr CottanceauEn cette période électorale que nous vivons, les débats, les prises de position, les programmes politiques, économiques et sociaux des différents partis en lice nous invitent à réfléchir sur l’avenir que nous voulons pour notre fenua. Nous devons nous réjouir que tant d’hommes et de femmes se sentent concernés par cet avenir au point de s’engager dans la vie politique, au point de partager leurs compétences et de prendre de leur temps et de leur énergie pour trouver des pistes, des orientations permettant à notre société de progresser. Par contre, il semble inquiétant qu’une proportion de plus en plus importante de citoyens déclinent leur droit de vote et fassent grandir ainsi le nombre d’abstentions depuis une dizaine d’années. Qu’il nous suffise, pour mesurer l’importance du droit de vote, de penser à ces pays où ce droit est bafoué, voire inexistant, où des hommes et des femmes se battent pour que ce droit leur soit reconnu et qui, pour cette raison, risquent la prison ou même la mort !

Ce désintérêt pourrait trouver une explication dans le discrédit et le manque de confiance de nombre de citoyens envers ceux qui sont chargés de veiller au bien commun et à l’intérêt général. Pourraient être invoqués comme raisons de ce désintérêt manœuvres et calculs purement électoraux, ambitions personnelles, paroles et promesses non tenues, responsables coupés des réalités de la vie des gens, absence de vision à long terme, individualisme, démagogie… Dieu merci, ces raisons ne doivent pas occulter le sérieux et la bonne volonté de tous ceux qui vivent leur engagement au service de la politique comme une recherche du bien commun, de l’intérêt général, un vrai service de leur pays. Ils méritent notre respect, même si nous ne partageons pas leurs idées !

Dernière réflexion empruntée au texte « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » émanant du Conseil permanent de la conférence des évêques de France publié en 2016 : une vision de l’avenir qui ne se baserait que sur l’économique, la rentabilité, sur les chiffres de production en ignorant les valeurs pouvant donner à chacun sens et raisons de vivre, la solidarité qui permet aux « laissés pour compte », aux marginaux, de retrouver leur dignité ne pourrait qu’aggraver le malaise qui sournoisement gangrène la société : « Un idéal de consommation, de gain, de productivité… ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l’être humain qui sont de se réaliser comme personne au sein d’une communauté solidaire ». C’est bien pour cela qu’en tant que croyants, disciples de Jésus Christ, nous ne pouvons rester « hors course » de la vie politique. Nous avons à prendre notre place, nous avons notre mot à dire pour que dans tout projet de société, l’Homme ne perde jamais de vue qu’il est appelé à grandir à l’image et ressemblance de Dieu dans un monde plus juste et plus fraternel, selon l’invitation qui nous a été faite par le Christ dans son Evangile.

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU