CONVERTISSEZ-VOUS !

Mgr Cottanceau            Mercredi commence le temps du Carême avec la célébration des cendres. Pourquoi des cendres ? Dans l’Ancien Testament, elles sont associées à la poussière et à la fragilité de l’être humain. Lorsqu’il prend conscience de sa faute, le pécheur confesse qu’il n’est que « poussière et cendre » (Gn 18, 27 ; Si 17, 32) et, pour signifier aux autres et à lui-même qu’il en est convaincu, il s’assoit sur la cendre (Jb 42, 6) et s’en couvre la tête (Ez 27, 30). Plus encore, lorsqu’il est frappé par le malheur, menacé de mort ou quand il vit une situation de deuil, faisant ainsi l’expérience de sa fragilité, du néant de son existence, il se couvre de poussière et de cendre : « Fille de Sion, revêts le sac, roule-toi dans la cendre, fais un deuil » (Jr 6, 26). En recevant les cendres, nous sommes invités à nous reconnaître fragiles, pécheurs. Mais par cette reconnaissance de ce que nous sommes, nous voulons nous tourner vers Dieu pour faire appel à sa miséricorde. Nous devenons ouverts pour accueillir la promesse du Messie qui triomphe du péché et de la mort, et qui vient « consoler les affligés et leur donner au lieu de cendre, un diadème » (Is 61, 2 …)

            Mais recevoir les cendres implique dans le même mouvement un désir de conversion, un retournement du cœur, une volonté de changement dans notre vie quotidienne. Chercher le Royaume de Dieu et sa justice (Mt 6, 33), régler sa vie selon la loi d’amour que nous a laissé le Christ. « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle », nous dira celui qui nous imposera les cendres.  Cela implique de notre part un acte de confiance en ce Dieu qui part à la recherche de la brebis perdue, qui patiente et prend pitié : « Mon Dieu, ayez pitié du pécheur que je suis » (Lc 18, 13). En recevant les cendres avec un cœur sincère, souvenons-nous que Jésus manifeste aux pécheurs une attitude d’accueil qui scandalise les Pharisiens, mais provoque des conversions. Qu’il nous suffise de relire l’histoire de Zachée en Lc 19, 5-9 ou encore celle de la pécheresse pardonnée en Lc 7, 36-50 pour nous en convaincre.

            En ouvrant le temps du carême par l’imposition des cendres, l’Eglise nous appelle à nous laisser regarder par le Christ en toute confiance. Deux pièges sont à éviter pour cela : ne pas nous contenter d’un rite formel purement extérieur qui ne nous engagerait en rien et qui s’apparenterait alors à de la magie. D’autre part, ce serait faire fausse route que de se livrer à l’occasion des cendres à une démarche de dévalorisation morbide de soi en ruminant nos faiblesses, notre péché pour arriver à la conclusion qu’on est « complètement nul ! ». Comment pourrions-nous oublier que le Christ a donné sa vie pour chacun de nous ? Oui ; nous laisser regarder par le Christ, sans crainte, avec foi, et avec le désir de changer dans nos vies et avec son aide ce qui doit l’être, pour nous ouvrir à son royaume, à sa miséricorde… avec le désir d’aimer non seulement en intention mais aussi en actes. C’est ainsi que va une véritable conversion !

            Bon Carême à tous !

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU