CHRIST ROI

Mgr CottanceauL’Eglise nous invite à célébrer ce Dimanche le Christ, roi de l’univers. Pour comprendre ce titre, nous devons chercher d’abord ce que nous dit l’Ancien Testament sur le roi et sa mission. En Israël, le roi est le « lieutenant de Dieu sur terre », chargé de prendre soin du peuple qui lui est confié. Il reçoit son titre non par élection populaire, mais par l’onction que lui donne le prophète et qui fait de lui un Messie, du mot hébreu « Massiah », celui qui a reçu l’onction. Il est donc roi par élection divine. La mission qu’il reçoit peut se résumer en quatre points :

  • Il est intermédiaire entre Dieu et son peuple. A ce titre, il a un rôle capital dans la liturgie du temple lorsque celui-ci sera bâti. C’est le roi David qui introduit l’arche à Jérusalem. Le roi offre les sacrifices, bâtit le temple (Salomon), intercède pour le peuple et fait monter vers Dieu les prières de son peuple.
  • Il est garant de la justice qu’il exerce au nom même de Dieu, pour que chaque Israélite puisse vivre en paix et en harmonie avec ses frères. Il reçoit de Dieu sagesse et discernement. (1R 3, 9…)
  • Il a mission particulière de s’occuper du petit, du pauvre, des humbles de son peuple, de ceux qui n’ont ni pouvoir, ni richesse pour pouvoir se défendre tout seuls. Il porte une attention particulière au pauvre, à la veuve, à l’orphelin. Ps 72, 2-4.12 - 13
  • Il prend la tête de l’armée pour défendre le pays contre les dangers venant des pays voisins, il mène le combat, il est chef militaire pour combattre l’ennemi lorsque la sécurité de son peuple est en jeu (Ps 2,7-8 ; Ps 18,38-43)

Jésus Christ accomplira parfaitement ces fonctions, mais Il réalisera la royauté de façon inattendue, non à travers la puissance et la gloire, mais par l’humiliation et la mort. Pourtant Jésus réalise parfaitement les fonctions royales que Dieu avait confiées à David :

  • Il fait le lien entre Dieu et les Hommes (« Je suis le chemin…Nul ne va au Père sans passer par moi… »)
  • Il révèle et met en œuvre la justice de Dieu (« On vous a dit… moi je vous dis… »)
  • Il est proche des pauvres, des petits, des humbles, des pécheurs, des malades, des exclus
  • Il prend la tête du grand combat, non plus contre tel ou tel pays, mais contre Satan et le mal.

 

Mais il faut aller plus loin, car c’est sous le titre de roi « de l’univers » que nous célébrons le Christ, en ce Dimanche qui clôture l’année liturgique. L’Eglise, s’écartant du sens politique lié à la monarchie, nous enseigne à travers cette fête que le monde est transformé par la mort, la résurrection et l'Ascension de Jésus-Christ, et qu’il est le commencement et la fin de toute chose. Par la puissance de sa résurrection, Jésus transformera tout l’univers : saint Paul, saint Jean le disent chacun à leur façon. La fête du Christ-Roi est donc liée au retour du Christ, elle est porteuse d'une immense espérance : le Christ est victorieux du mal, il est triomphant, il restaurera à la fin des temps, lors de sa manifestation glorieuse, toute l'œuvre de Dieu.

Cette victoire, il l’obtient par l’abaissement, l’humiliation de la passion qu’il accepte par amour de nous. Il est roi, mais un roi d’amour. Sa couronne ? Une couronne d’épines. Son sceptre ? Un roseau. L’hommage qu’il reçoit ? Les insultes et les crachats des soldats. Son trône ? Une croix et ses ministres deux larrons crucifiés à ses côtés. « Lui, qui était de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté… » (Phil 2, 6 – 9)

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU