AVEC LES FEMMES AU TOMBEAU

Mgr Cottanceau  Avez-vous remarqué dans les textes que l’Eglise proposait à notre méditation durant ces derniers jours et qui retraçaient pour nous la passion, la mort et la résurrection du Christ la place que tenaient les femmes ? C’est l’une d’entre elles qui va oindre la tête de Jésus d’un parfum de grande valeur alors qu’il est à table chez Simon le lépreux. Elle anticipait par ce geste la marque de respect dû au corps et à la personne de celui qui, dans quelques heures, allait être mis au tombeau. Ce sont, parmi ceux qui suivent Jésus portant sa croix, des femmes qui se frappent la poitrine et se lamentent sur celui-ci, manifestant ainsi leur compassion envers Jésus, l’innocent que l’on conduit à la mort. Ce sont Marie Madeleine, Salomé, Marie mère de Jacques et de José et la mère des fils de Zébédée qui observent de loin la mort de Jésus sur la croix. Elles avaient suivi Jésus et le servaient depuis le début de son ministère en Galilée.
Elles restent fidèles jusqu’au bout. C’est Marie, la mère de Jésus, se tenant au pied de la croix pour se voir confier par son Fils mourant le disciple bien aimé, et devenir elle-même la mère des croyants. Ce sont encore Marie Madeleine et Marie mère de José qui regardent avec une attention remplie de douleur et de tendresse l’endroit du tombeau où est déposé le corps de Jésus. Ce sont encore ces mêmes femmes qui, le premier jour de la semaine, se rendent de bon matin au tombeau pour embaumer le corps de Jésus et lui rendre ainsi un dernier hommage de fidélité et d’affection. Nous y retrouvons Marie Madeleine, toute en pleurs, et qui ne se console pas de voir que le corps de Jésus n’est plus au tombeau. Ce sont elles, Marie Madeleine en tête, qui vont être les premières à annoncer aux disciples la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ, et nous savons par l’évangéliste Luc comment leur témoignage sera reçu par les
disciples : « Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres… Mais ces propos leur semblèrent délirants et ils ne les croyaient pas ! » (Lc 24, 9)
 
Cette place éminente des femmes dans l’évènement de la Passion résurrection ne doit pas nous surprendre, si l’on regarde l’ensemble de l’évangile. Dans la société de son temps, dominée par les hommes, Jésus fait preuve d’une audace que seul le Fils de Dieu pouvait se permettre en donnant à la femme toute sa dignité et toute sa place dans la proclamation de la Bonne Nouvelle. Jésus nait d’une femme, Marie, donnant ainsi à la maternité une dignité incomparable dans le plan de vie et de salut de Dieu pour toute l’humanité. Alors qu’il était impensable pour l’époque, qu’une femme devienne disciple d’un rabbi, l’Evangile fait de l’autre Marie, la soeur de Marthe et de Lazare, la première femme disciple, assise au pied du maître pour accueillir sa parole. A l’encontre des pratiques qui considéraient comme inconvenant pour une femme de s’adresser à un homme et pour un Juif d’adresser la parole à un Samaritain, Jésus réserve à une femme samaritaine l’une des plus belles pages de la révélation : « si tu savais le don de Dieu ! »
 
Comme cela a été évoqué plus haut, ce sont des femmes qui se tiennent debout, au pied de la croix, avec Marie et le disciple bien aimé, et ce sont aussi des femmes qui se rendent au tombeau du Christ au matin de Pâques. Elles seront les premières à recevoir l’annonce de sa résurrection et seront également les premières envoyées auprès des disciples pour leur annoncer cette Bonne Nouvelle de la résurrection du Seigneur, devenant ainsi les premières évangélisatrices ! Evangélisatrices, porteuses de vie ! Ne le sont-elles pas lorsqu’elles accompagnent l’éducation des enfants et participent ainsi à la croissance intégrale de l’être humain, jusque dans sa foi ?
 
+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU