11 NOVEMBRE

Mgr Cottanceau            Ce devait être la « Der des der ! », la dernière des dernières guerres… Et pourtant, il y eut depuis la seconde guerre mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, la guerre du Viet Nam, la guerre des 6 jours, la guerre du Kippour, la guerre du golfe, et bien d’autres encore… sans parler des guerres civiles poussant les gens d’un même pays les uns contre les autres, les génocides… Et ça continue !!! En commémorant l’armistice du 11 Novembre, fin de 4 ans de guerre qui coutèrent à la France 1,4 Millions de soldats morts au combat, dont 300 poilus Tahitiens et à l’Allemagne 2 Millions de soldats tués, nous honorons le courage et la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie au cours de ce conflit. Nous saluons une victoire, mais une victoire amère qui n’était en fait que la victoire des armes, et non une victoire de la paix ! La suite n’allait pas tarder à le montrer. Alors, faut-il renoncer définitivement au rêve d’un monde sans guerre ? Faut-il prendre acte de la fatalité de ces conflits qui génèrent destruction, haine, mort ? Serait-il vrai que, selon cet adage latin, « l’Homme est un loup pour l’Homme » ? Faut-il admettre qu’un monde sans guerre est impossible ?

            Ce n’était en tout cas nullement la pensée du Pape Saint Jean XXIII. Au plus fort de la guerre froide, deux ans après l’édification du « rideau de fer » qui matérialisait à sa façon l’opposition farouche entre l’Est et l’Ouest du monde et 6 mois après la crise de Cuba qui faillit entrainer le monde dans un conflit nucléaire, le Bon Pape Jean publiait l’encyclique « Pacem in Terris » (« La paix sur la Terre ») dans laquelle il refusait cette fatalité de la guerre. A chacun, l’encyclique rappelait l’appartenance commune à la famille humaine et faisait briller les aspirations de toutes les populations de la terre à vivre en sécurité dans la justice et l’espérance en l’avenir. Pour parvenir à cette paix, le Pape St Jean XXIII identifiait les conditions essentielles permettant de construire la paix : la vérité, la justice, l’amour et la liberté.

            La vérité, fondement de la paix si tout homme prend conscience avec honnêteté que, en plus de ses droits, il a aussi des devoirs envers autrui. La justice qui construit la paix si chacun respecte concrètement les droits d’autrui et s’efforce d’accomplir ses devoirs envers les autres. L’amour, ferment de paix si chacun partage avec les autres ce qu’il possède, à commencer par les valeurs de l’esprit. Enfin, la liberté qui nourrit la paix et lui fait porter du fruit si, dans le choix des moyens pris pour y parvenir, les personnes suivent la raison et non la passion, et assument avec courage la responsabilité de leurs actes.

            Le Pape Jean était convaincu que bien que la situation soit dramatique dans certaines parties du monde, comme elle l’est toujours actuellement, il fallait travailler à répandre ces valeurs de vérité, de justice, d’amour et de liberté dans la vie sociale, nationale et internationale, de sorte que de plus en plus de personnes soient toujours plus conscientes de l’importance de la relation à Dieu et au Christ, source de tout bien et source de vraie paix. … Certes, nous ne sommes pas parmi les hommes politiques qui décident de la guerre ou de la paix. Mais le Christ nous enseigne que le vrai champ de bataille sur lequel s’affrontent la violence et la paix, c’est le cœur de chacun de nous : « c’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses… ». Le Christ offre un chemin, le seul qui puisse aider au progrès de l’humanité sur le chemin de la paix et il déclare heureux les artisans de paix ! Nous trouvons en effet dans l’Evangile de quoi faire grandir notre confiance en l’humanité car « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique ». Nous trouvons de quoi renforcer notre espérance quand le Christ nous dit que l’Amour aura le dernier mot car il est plus fort que la mort. Nous trouvons de quoi persévérer dans le combat pour la paix, car Jésus a promis : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ».

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU