TOUT NE FAIT QUE COMMENCER

Mgr CottanceauLa dramaturgie de la Semaine Sainte nous a fait suivre un itinéraire éprouvant, mais à l’issue extraordinaire. Aux heures si sombres et violentes du jugement et de la persécution de Jésus, au désespoir et à la tristesse inondant les cœurs tandis que le corps du Sauveur gît dans le tombeau, la lumière de la résurrection a imposé sa puissance de joie, d’espérance, d’amour.

Devant l’impressionnante et définitive victoire de la Vie sur la mort, d’aucuns penseraient que tout fut accompli, qu’il n’y aurait plus à attendre très longtemps pour que le Règne de Dieu s’établisse définitivement. Les premiers chrétiens, les apôtres eux-mêmes, vivaient effectivement avec cet espoir d’un retour tout imminent du Christ.

À un peu plus de 2000 ans de distance, nous connaissons l’étendue d’une attente qui semble maintenant interminable. En fait, la résurrection a été autant un point culminant qu’un point de départ : l’apogée de la révélation de l’amour du Père et du Fils pour l’humanité, mais aussi le début du déploiement progressif de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans le monde.

L’Eglise, comme légataire d’une mission confiée par le Christ d’aller dans le monde entier pour proclamer cette Bonne Nouvelle, ne peut faire autrement que comme le Christ a fait : proposer et non imposer, attirer et non tirer de force, accueillir et non tourner le dos, aimer et non ôter la liberté.

Il faut du temps pour mener à bien cette grande œuvre. Le cœur des hommes est un mystère, il ne change pas du jour au lendemain. En saint Jean, lorsque le Christ ressuscité apparaît à ses apôtres, à plusieurs reprises Il leur dit cette parole : « La paix soit avec vous ! », signe que l’extraordinaire espérance portée par l’événement de la résurrection a besoin d’être accueillie progressivement par les apôtres.

Malgré la distance qui nous sépare de cet événement, nous en sommes toujours les contemporains : le Christ ressuscité, transcendant les obstacles du temps et de l’espace, peut rejoindre toute personne « ici et maintenant ». C’est pourquoi la résurrection conserve un dynamisme intact à travers les siècles, à condition toutefois que l’espérance qu’elle représente soit accueillie par les générations.

Voilà donc le défi qui nous attend comme chrétiens : témoigner de l’actualité de la résurrection du Christ et, ce faisant, participer au progrès de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans le monde et dans le cœur des hommes. En cette grande œuvre, que la paix de notre Seigneur soit avec nous tous !

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU