« S’il t’écoute, tu gagneras ton frère »

Mgr CottanceauCette semaine, l’actualité invite à reconnaître des liens entre le déplacement du pape François en Colombie (à partir de mercredi) et l’évangile de dimanche. Gagner son frère, tout faire pour le réconcilier et le ramener dans la communauté, voilà la belle mission que soutient Jésus dans l’évangile dominical (Mt 18,15-20).

Nous connaissons bien l’énergie que déploie Jésus tout au long de son ministère pour aller chercher les exclus de son temps. Précédemment dans l’évangile de Matthieu, il a raconté l’histoire de la brebis égarée dont la conclusion révèle que ses intentions sont aussi celles de son Père : « votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu » (v. 14).

Ici toutefois, la situation est un peu différente : il s’agit du cas où l’individu persiste dans son péché, il refuse de reconnaître son tort auquel cas il pourrait réintégrer la communauté. Il ne s’agit donc pas d’un égarement passager, mais d’un comportement qui brise le lien de l’unité, conduit au repli sur soi et le sépare des autres.

Comment gagner à nouveau ce frère qui s’éloigne délibérément ? Les propositions données par Jésus dans l’évangile éclairent à nouveau sa sollicitude pour les pécheurs : d’abord rencontrer son frère seul à seul pour lui signifier le danger qu’il court ; ensuite, si ce n’est pas suffisant, recourir au renfort de deux ou trois personnes ; enfin, l’ultime étape consiste à faire à intervenir la communauté tout entière.

En Colombie, le pape François doit gagner ses frères à l’œuvre de réconciliation dont le pays a tant besoin pour son avenir. Malgré un accord de paix historique entre le gouvernement et les Farc (forces armées révolutionnaires colombiennes) l’année passée, le pays demeure profondément divisé. Et l’Eglise colombienne n’est pas épargnée.

Dans l’évangile dominical, Jésus termine son discours par une révélation qui confère une puissance inouïe à toute œuvre de réconciliation : d’un côté, le pouvoir de lier et de délier est remis à chaque disciple ; de l’autre, l’accord entre deux ou trois disciples dans la prière fait que Dieu donne volontiers sa grâce, et même que Jésus est « là, au milieu d’eux ».

Ainsi, si le pécheur s’exclut lui-même de la communion, devenant « un pharisien, un publicain » ; il n’est pas pour autant exclu du mouvement de réconciliation. Il reste à jamais un frère pour lequel Jésus a déclaré de manière solennelle : « Je ne suis pas venu pour les bien-portants mais pour les malades. »