Nous réconcilier. L’amour du Christ nous y presse

Mgr Cottanceau(cf. 2 Co 5, 14-20)

   L’actualité ecclésiale est marquée par la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. L’année 2017 est d’une particulière importance, puisque sera célébré le 500e anniversaire de la Réforme luthérienne. En 1517, Luther exprimait des critiques en publiant « 95 thèses » contre ce qu’il considérait être des abus dans l’Église de son époque.

   Cet événement enclencha la naissance des mouvements réformateurs et marqua la vie de l’Église d’Occident pendant plusieurs siècles. Il s’en suivit une longue période de controverses ponctuées de conflits sanglants. Les blessures furent telles que l’unité entre les chrétiens semblait impossible.

   Un chemin de réconciliation a pourtant été initié. Le concile Vatican II a reconnu que les Églises et les communautés chrétiennes non catholiques peuvent produire la vie de grâce et donner accès à la communion du salut. En 1999, la Déclaration commune sur la doctrine de justification signée par la Fédération mondiale luthérienne et l’Église catholique a affirmé l’existence d’un consensus sur les vérités fondamentales de la doctrine de justification.

   Plus récemment, en 2013, la Commission luthéro-catholique romaine sur l’unité a rendu un rapport dont le titre illustre bien le chemin parcouru : « Du conflit à la communion ». Le document relève notamment la reconnaissance œcuménique de Luther - qui « n’avait pas l’intention de diviser, mais de réformer l’Église » - comme « témoin de l’Évangile ».

   Le thème de cette année « Nous réconcilier - L’amour du Christ nous y presse » est tiré d’un passage de la seconde lettre aux Corinthiens où saint Paul souligne que la réconciliation est un don de Dieu pour toute l’humanité (2 Co 5,14-20). Réunis par la foi en Jésus Christ, l’amour du Christ nous donne la force pour reconnaître la douleur causée par les divisions, pour lui demander la grâce nécessaire à la guérison de blessures réciproques et progresser ainsi vers la réconciliation.

   En Polynésie, nos Églises et communautés ont connu également un temps de divisions surtout dans la période qui a suivi l’arrivée des missionnaires. Ce temps appartient au passé. Les initiatives prises par Monseigneur Michel Coppenrath et le pasteur Samuel Raapoto, premier président de l’Église évangélique de Polynésie française, à partir des années 60 ont conduit à une estime mutuelle et durable.

   À l’approche de l’ordination épiscopale, je souhaite adresser un message de fraternité et de bienveillance aux communautés chrétiennes de notre pays, en particulier à l’Église Protestante Maohi avec qui notre diocèse entretient des liens profonds. Je souhaite poursuivre l’action de mes prédécesseurs, inscrire le temps de mon épiscopat sous le signe du dialogue sincère et de l’amitié dans le respect mutuel.

   Que cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens renforce donc notre désir ardent de communier ensemble à l’amour du Christ. Que nos pasteurs respectifs et nos fidèles soient des ministres de réconciliation « pour faire tomber les barrières, construire des ponts, instaurer la paix et ouvrir la voie à de nouvelles manières de vivre au nom de celui qui nous a réconciliés avec Dieu, Jésus Christ ».

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU